Sous les applaudissements

Sous les applaudissements

Dans une lettre adressée à la direction de l’ARS et de l’hôpital, 25 médecins urgentistes, du pôle de médecine d’urgence du CHU de Toulouse, décrivent les raisons qui les poussent à démissionner lundi prochain.

«Ah ils étaient bruyants les applaudissements, tous les soirs à 20h. Elles étaient larmoyantes, les déclarations comme quoi nous faisions un travail formidable. Au SAMU 31, au sein du Pôle de Médecine d’Urgence du CHU de Toulouse, le personnel s’est mobilisé sans compter pour faire face au mieux à la crise sanitaire. Prendre en charge les malades du Covid tout en assurant également les soins les meilleurs possibles à nos autres patients, victimes d’accidents de la route et autres infarctus. Et pourtant…

«En 2019, harassés de ne plus pouvoir garantir la sécurité des patients faute de moyens humains, les médecins urgentistes s’étaient mobilisés. Il fallait plus de médecins régulateurs au Samu, plus d’équipes Smur (le bassin démographique toulousain étant le moins bien doté de France), et plus de médecins aux urgences. La direction du CHU de Toulouse avait alors déclaré entendre l’expression de ces besoins, et accepté de travailler à la mise en œuvre des moyens nécessaires.

«Face au spectre d’une catastrophe sanitaire, des solutions ont été trouvées à la hâte au moment de la crise du Covid. Les équipes médicales ont organisé les procédures, créant ex-nihilo autant de process que de lignes de garde, pour offrir à la population une prise en charge de qualité, de l’appel au centre 15 jusqu’aux urgences, en passant par les soins préhospitaliers. Tous ont œuvré en dépassant outrageusement leur temps de travail de travail réglementaire.

«Avec l’accalmie, ceux des moyens qui ne s’avéraient plus nécessaires ont été suspendus après concertation. Bien sûr, ceux constituant un apport majeur et indispensable à la sécurité des patients ont été maintenus. La présence d’un urgentiste la nuit aux urgences de Purpan, d’un médecin régulateur en nuit profonde au centre 15, l’existence d’une quatrième équipe de Smur sept jours sur sept (au lieu de cinq jours sur sept précédemment) et l’activité d’équipes de médecins généralistes intervenant sous l’égide du SAMU sont des éléments dont le service rendu à la population rend inimaginable qu’ils ne soient pas pérennisés.

«A moins d’avoir un profond mépris pour nos concitoyens. A moins de considérer les urgentistes comme des torchons qui essuient les crises. A moins de faire fi de la sécurité des patients.

«Le maintien de ces quelques moyens, dont la nécessité était déjà criante, implique forcément moins de repos. Plus de lignes de garde, c’est donc plus de gardes pour chacun. Les urgentistes y sont prêts. Si c’est pour faire notre métier dans des conditions un peu plus correctes vis-à-vis de nos patients, nous acceptons de sacrifier encore davantage notre temps. Mais exercer ce métier difficile, dans des conditions épouvantables et indignes pour les patients : c’est non.

«La direction du CHU de Toulouse a décidé de suspendre la totalité de ces moyens, nous contraignant à travailler dans la peur. La peur permanente de ne pouvoir assurer nos missions face aux besoins de la population. La crise du Covid a suscité la peur de nos concitoyens et de nos dirigeants. Nous avons tenu face à celle-ci. Nous refusons désormais d’exercer au quotidien dans la peur, faute de moyens pour travailler correctement.

«C’est pourquoi nous choisissons de quitter nos fonctions dans une institution où la seule de nos revendications, celle de la sécurité de nos patients, est traitée avec le plus grand mépris.»

Summer has arrived. Sous vos applaudissements.

Photo Milla Morisson


De Bas Les Masques au Printemps du CARE

En avril 2020, nous lancions le mouvement « Bas les masques ! », un appel de soignant.es pour construire un mouvement populaire.

Un appel à toutes les personnes révoltées par la gestion calamiteuse de la crise sanitaire par le gouvernement, par ses mensonges, son hypocrisie et son cynisme.

Un appel pour obtenir des moyens de protection pour les professionnel.les du soin, pour une vie digne pour les plus vulnérables, pour un renforcement des services publics.

Un appel à mettre fin à ce système économique, politique et social désastreux qui broie le vivant au nom du profit.

Un appel à construire ensemble une société plus juste, plus équitable, un monde où le soin et la solidarité seront enfin des fondamentaux.

Depuis, de nombreuses personnes travaillant dans différents secteurs, des personnes privées d’emploi, des étudiant.es, des militant.es de différents horizons nous ont rejoint.es. Cette diversité nous enrichit et nous donne de la force.

De fait, le contexte pandémique inédit aura eu le mérite de faire tomber les masques.

Le masque de Macron qui, contrairement à ce qu’il avait annoncé, n’a jamais sorti la santé de la logique marchande. Le masque de son gouvernement incompétent, méprisant et autoritaire.

Le masque de la connivence entre une oligarchie désormais ouvertement servie et protégée par le pouvoir en place et les médias au sens large, des chaînes d’info en continu aux réseaux sociaux commerciaux, en passant même par une partie du service public d’information.

Le masque du capitalisme, révélé par la pénurie d’équipements de protection, la production et la distribution aberrante des vaccins.

Le masque enfin d’un système dans lequel toutes les vies ne se valent pas et où la plupart d’entre elles sont exposées et sacrifiées pour préserver les privilèges d’un petit nombre.

Un an après le lancement de notre initiative, nous ne pouvons nous arrêter là et nous nous devons d’aller au-delà de la dénonciation.

L’heure est maintenant à la construction de la suite, toutes et tous ensemble.
Pour créer un autre modèle de vivre ensemble, basé sur le soin, l’attention portée à l’autre, l’entraide, l’auto-organisation, l’horizontalité.
Telles sont les valeurs qui nous animent et que de nombreuses personnes autour de nous partagent.

C’est pourquoi, un an après le début de la pandémie, nous décidons de renommer notre mouvement, pour ouvrir sur un après solidaire :

Le Printemps du CARE, Collectif Autonome Révoltes & Entraide

Pourquoi ?

Parce que le printemps, c’est le temps du renouveau, de la germination, de l’espoir et de la révolte.

Et le care ?

A la fois la sollicitude et le soin apporté à l’autre, faisant intégralement partie de la vie humaine, il inclut aussi tout ce que nous mettons en oeuvre en soutien à la vie.
Au-delà des pratiques, il s’agit d’un processus large, d’une conception politique du vivre ensemble reposant sur la reconnaissance de la vulnérabilité, des inégalités et injustices que le système capitaliste et patriarcal génère.
Le care permet de penser et dépasser les systèmes de domination pour fonder un autre rapport à l’autre, individuel et social, un autre modèle de société. Ce concept, cette vision du monde, prend pleinement sens à l’heure où une minorité dominante exploite, détruit sans fin nos vies et toute forme de vivant.

Mais avant tout, le Printemps du CARE c’est un collectif de personnes de tous horizons socio-professionnels, réunies autour de ce pilier fondamental qu’est le soin au sens large.

Rejoignez-nous sur les réseaux sociaux, soutenons-nous mutuellement, disons-nous les choses, parlons de nos actions, utilisons cet espace comme une caisse de résonance à l’adresse de celles et ceux qui ne se satisfont pas de l’inertie, et portons ensemble notre rêve d’un monde meilleur et juste.

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