La détresse des soignants face au Covid et à la défia nce des patients

25/08/2021

https://www.huffingtonpost.fr/

De nombreux soignants témoignent de la situation désastreuse qu’ils vivent dans les hôpitaux en pleine quatrième vague de Covid-19, notamment en PACA et aux Antilles.

STEPHANE MAHE VIA REUTERS
(Photo d’illustration prise à l’hôpital de Vannes en mars 2021 par REUTERS/Stephane Mahe

COVID – L’épuisement, la tristesse, la peur, l’incompréhension et la sidération. Alors qu’Olivier Véran a indiqué lundi 23 août que le pic épidémique de la quatrième vague pourrait être atteint “dans quelques jours”, les soignants en première ligne craquent et crient leur épuisement sur les réseaux sociaux.

Services de réanimations saturés par le nombre de nouveaux cas, patients anti-vaccin récalcitrants et méfiants, désinformation, manque d’aide, décès… La situation est invivable pour le personnel soignant du sud de la métropole aux Antilles, leurs mots se répondent et se rejoignent.

“Bilan de la garde: j’en peux plus du Covid. De cette médecine dégradée par l’afflux de masse. D’intuber et voir crever des mecs de 30, 40 ans. De refuser des personnes de 60, 65 ans direct”, s’emporte l’un d’entre eux nommé Tazocilline sur Twitter. Racontant son quotidien éprouvant émaillé de décès de patients, très vite remplacés par d’autres en état critique, il se désespère de faire face à des malades méfiants, non-vaccinés et de plus en plus jeunes.

“J’ai beau être plutôt ‘solide’ psychologiquement, ce Covid est extrêmement dur à vivre professionnellement. Autant de gens qui crèvent, qu’on arrive pas à soigner, de plus en plus jeunes, c’est douloureux. Ça marque, ça blesse. Avec une forme de résignation impuissante”, confie-t-il.

Mais à la fin de sa journée, c’est ce qu’il voit dans la rue qui l’achève: les manifestation contre la vaccination obligatoire. “Tous leurs discours délirants sur le ‘danger’ du vaccin, leurs pseudo traitements précoces, leurs théories du complot. Une insulte aux soignants, aux malades, aux morts”, dénonce-t-il.

“Qu’ai-je fait, moi soignante, pour perdre votre confiance?”

Idem du côté de Laureen, infirmière dans la région Paca dont le texte a été republié sur Le HuffPost. “Ce que nous vivons sur le terrain est inédit”, assure-t-elle. En plus de l’épuisement, la sidération face à des patients revêches et qui revendiquent ne pas être vaccinés. Pire, “ils sont suspicieux si ce n’est opposants aux moindre soins que nous leur prodiguons” ou “se sont volontairement contaminés pour ‘être libres’”.

“Nous descendons des jeunes en réanimation pour des formes graves qu’ils auraient pu éviter. Nous recevons des patients avec 75% d’atteinte pulmonaire nés en 1990 et la chambre d’à côté nous avons leurs parents, souvent trop âgés pour supporter la réanimation, pas vaccinés non plus car ‘ils n’avaient pas envie”’, témoigne l’infirmière désemparée.

“Qu’ai-je fait, moi soignante, pour perdre votre confiance?”, s’interroge-t-elle pour conclure. 

“Une situation catastrophique, semblable à un contexte de guerre”

En Guadeloupe, qui connaît une sévère quatrième vague, le son de cloche est le même. Deux soignants du CHU de Guadeloupe ont partagé leur douloureux ressenti et leur indignation face à la situation qu’ils affrontent.

Inès Mabchour, médecin au CHU de Point-à-Pitre, s’est exprimée sur un groupe de témoignages sur Facebook “Témoignages Covid19 Guadeloupe, Îles Sœurs, soignants et malades”. Évoquant notamment la charge mentale, la pénibilité et les difficultés rencontrés face aux patients méfiants face au vaccin, elle décrit une “situation catastrophique, semblable à un contexte de guerre”.

“Rien n’est mensonge, je dirais même qu’au vu du capital humain, les médias euphémisent (sic). La raison de cette débâcle n’est pas un manque de moyens (même s’il est présent), ni un manque de lit (la réanimation hors covid n’est pas sujette à saturation) … elle est due un flux de malades incontrôlable au vue de la transmission en ville”, s’alarme-t-elle. En Guadeloupe, le taux de vaccination, même s’il accélère ces derniers jours, reste faible.

“La situation est grave, une majorité de familles en sortira endeuillée ou affaiblie, sachez-le. À ce stade, nous espérons juste en sauver au maximum, pour ne pas avoir ces morts sur la conscience. Nous payons un retard de vaccination, et il serait de mauvaise foi de ne pas l’admettre. Tout en comprenant les raisons qui ont causé cette méfiance, la situation est bien trop grave pour être politisée, aucun peuple ne pourra se battre pour sa liberté et sa justice s’il n’est pas vivant et en bonne santé”, écrit-elle encore.

“Je n’en peux plus de toute cette désinformation, de tous ces amalgames” déplore un autre soignant du CHU sur Instagram.

Photo de profil de salimsteve

Honneur et respect !
Ci joint une infime partie des témoignages de nos infirmières, soignants et malades qui se battent tous les jours, que j ai récupéré sous mes posts FB et Insta d’hier
Ils demandent tous de nous protéger et de rester chez nous !
Ils font le job, mais ne leurs rajoutons pas plus de difficultés !

Il faut vraiment que nos personnalités, artistes, écrivains, hommes et femmes politiques et toutes celles et ceux qui ont un peu de visibilité relais le message des soignants :
Restez chez vous, protéger vous et les autres !

Nous serons les seules perdants à cette 4eme vague cataclismique si nous ne réagissons pas.
Quand je vois tous c’est gens qui ni l’évidence, cela reste très inquiétant

“Cette dernière vague n’a rien de comparable à celle que j’ai pu connaître auparavant”, se désole-t-il, dénonçant ceux qui “remettent en doute la parole des professionnels”.

Plus encore que de remettre en doute cette parole, l’internaute soignant Tazocilline dénonce quelques jours après son témoignage des “rafales de messages de haine”, venant de “militants” anti-vaccin.

“Suite à ce témoignage à vif qui n’appelait rien en retour, je me prends des rafales de messages de haine de tous ces militants de la mort négationnistes du covid, antivax and co. Je serais un troll, un menteur, et comment aurais-je le temps d’écrire. Leur violence est inouïe”, s’indigne-t-il, espérant néanmoins avoir pu donner grâce à son témoignage “une photographie de ce qu’on peut vivre à certains endroits”.

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