Centre de traitement des déchets d’Aubagne: Les raisons de leur colère

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BILLET DE BLOG 24 DÉC. 2021

Les raisons de leur colère

Le mardi 21 décembre, alors qu’ils étaient encore en grève, des militants de l’association Ballon Rouge d’Aubagne sont allés rencontrer sur le centre de traitement des déchets d’Aubagne, une dizaine de salariés du site. Aujourd’hui, des directives nationales imposent des modifications de leur temps de travail, avec un allongement de la durée journalière. Leur colère explose, ils demandent le respect de leur métier et la reconnaissance de sa pénibilité.

Le mardi 21 décembre, alors qu’ils étaient encore en grève, des militants de l’association Ballon Rouge d’Aubagne sont allés rencontrer sur le centre de traitement des déchets d’Aubagne, une dizaine de salariés du site. Il était 6 heures du matin, personne n’était jamais venu les voir, mis à part une équipe de BFM.

Pendant les périodes de confinement, les salariés du centre de traitement des déchets d’Aubagne n’ont pas eu droit au télétravail. Ils ont continué à collecter nos ordures chaque jour, malgré les effectifs réduits, les longues périodes sans repos, les collègues malades non remplacés ; ils ont fait le boulot.

Aujourd’hui, des directives nationales imposent des modifications de leur temps de travail, avec un allongement de la durée journalière.

Leur colère explose, ils demandent le respect de leur métier et la reconnaissance de sa pénibilité.

Chaque jour, pour que nos rues soient propres et que nos poubelles soient vidées, ils doivent affronter des conditions de travail qui vont souvent bien au-delà de ce que les normes d’hygiène et de sécurité au travail permettraient d’accepter.

Outre les odeurs liées à tout détritus, ils subissent souvent des contenus inacceptables, une fosse septique… pour laquelle le conteneur a été une solution moins onéreuse que la pompe ; des couches pleines d’excréments, et pas forcément de bébé, des résidus toxiques les plus divers…

Des trottoirs sans bateau qui ne permettent pas la manipulation facile des bennes.

Des bennes tellement remplies de gravats, qu’il est quasiment impossible de les bouger.

Des sacs et des cartons posés n’importe où.

Des accès aux poubelles sur des chemins trop étroits ou dangereux.

Des marches arrière obligatoires avec les camions benne pour manœuvrer.

Des échanges agressifs avec les automobilistes que le camion empêche de passer.

Des intempéries qui n’autorisent pas pour autant un travail à l’abri.

Tout cela au quotidien, c’est effectivement de la pénibilité ; et ce qu’ils demandent, c’est simplement que cela soit reconnu. Surtout quand ils voient dans leurs rangs se multiplier les cancers ou autres maladies, et qu’ils n’ont eu droit à aucune visite médicale professionnelle depuis plusieurs années.

Ils veulent avoir le sentiment d’être respectés et entendus quand ils s’adressent à leur hiérarchie, et que leurs missions de services publics ne soient pas niées. Ce qui est loin d’être le cas, lorsqu’ils voient l’état des sanitaires mis à leur disposition, les décrire devient indécent mais ce qui est sûr, c’est que si un cadre ou un élu du territoire devait les utiliser, il deviendrait constipé pour le restant de ses jours…

Quand ils demandent par exemple que leurs bennes soient équipées de détecteurs pour les produits toxiques, ils aimeraient une réponse honnête et pas que le territoire leur dise que cela relève de la métropole quand la métropole leur dit que c’est du ressort du territoire… Quand ils font des propositions pour une meilleure organisation en demandant des bennes de nuit pour faciliter le ramassage dans les zones où la circulation est dense en journée. C’est tout cela qui a alimenté leur colère autant que la réforme du temps de travail.

Ils sont indispensables à notre bien-être, comme chacun a pu le constater ces dernières semaines, alors ne l’oublions pas, et accordons leur le respect qu’ils méritent.

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