LE PEN ECARTEE, DEGAGEONS MACRON SANS TARDER !

Jacques Chastaing a partagé une publication.

3 h 
LE PEN ECARTEE, DEGAGEONS MACRON SANS TARDER !
MELENCHON PREMIER MINISTRE AUX LEGISLATIVES ?
POUR GAGNER VRAIMENT, IL FAUT DES « SORBONNE PARTOUT » !
Le vote du second tour nous a débarrassé de Marine Le Pen. Il faut maintenant nous débarrasser le plus rapidement possible d’Emmanuel Macron avant qu’il puisse faire de nouveaux dégâts.
Contre Macron, Mélenchon nous propose de « l’élire » premier ministre aux prochaines législatives avec une majorité parlementaire basée sur une alliance FI, PCF, EELV et NPA, voire le PS.
Mais n’y a-t-il pas d’autre choix que de se précipiter tout de suite aveuglément dans les législatives ? Une petite voix nous disait pourtant lors du vote de ce dimanche avec pincettes ou abstention dégoûtée, de tout envoyer bouler de ce système électoral. Il ne nous représente plus. Et puis cohabiter 5 ans avec Macron, alors qu’on a juste envie qu’il dégage tout de suite !
En même temps, « élire » Mélenchon premier ministre, ça ressemble à un bras d’honneur en réponse au succès de Macron, à l’ambiance nauséabonde du duo Le Pen/ Macron au second tour et au système électoral des milliardaires. Et si ça pouvait mettre des bâtons dans les roues de Macron, ce serait toujours ça. Ça donnerait aussi une représentation à la poussée des classes populaires vers la gauche radicale dans ces élections présidentielles, si près d’être présente au second tour. Beaucoup peuvent en avoir envie. De ce fait, on se dit que même si c’est très, très loin d’être gagné, c’est un but peut-être atteignable, s’il y a une forte mobilisation.
Mais est-ce si simple ? Et qu’est-ce que Mélenchon peut et veut réellement faire s’il a une majorité parlementaire voire s’il est premier ministre ?
Tout d’abord, espérer que Mélenchon puisse appliquer un programme véritablement de gauche par en haut, c’est une profonde illusion. A supposer qu’il en ait la volonté, il ne faudra pas attendre une semaine pour que le grand capital – et pas que français, mais international – s’oppose à toute mesure progressiste, de toutes ses forces avec ses énormes moyens et cherche à ruiner l’économie française par des blocages économiques et financiers, comme il l’avait fait pour Tsipras en ruinant la Grèce. Avec cette pression destructrice sur l’économie, on aura un Président Macron encouragé à bloquer par tous les moyens à sa disposition tout ce qui pourrait aider les classes populaires, y compris en forçant les institutions. On ne sera plus dans les cohabitations relativement peu tumultueuses des années 1980-1990 mais dans une « cohabitation » de guerre.
Macron peut bloquer toutes les lois à caractère social que voudrait prendre le gouvernement par sa main mise sur le Conseil constitutionnel. Il peut bloquer les décrets et ordonnances du gouvernement en refusant de les signer. Il choisit le premier ministre, certes de la majorité parlementaire mais pas nécessairement Mélenchon même si ce dernier y voit une obligation morale, et il peut refuser d’avaliser les ministres, trop à gauche par exemple, qui ne lui conviendraient pas. Il peut susciter des référendums sur des sujets qui divisent les classes populaires tels ceux qu’aurait voulu instituer M. Le Pen sur la préférence nationale pour l’emploi, les aides sociales, etc… ou la peine de mort. Bref, il peut mobiliser avec le soutien des médias des milliardaires la partie de la population la plus réactionnaire, l’extrême droite, contre le gouvernement. Appuyé par la banque, la finance, les capitaines d’industrie, la police, les médias, la base réactionnaire et les sommets institutionnels de France et du monde, il peut « forcer » les institutions dans son sens et paralyser l’action du gouvernement. Et après avoir bloqué la situation, il peut décider de la « débloquer » par un coup de force institutionnel au moment où il le jugera opportun, en dirigeant seul le pays par dessus le gouvernement et le Parlement, avec l’article 16 de la Constitution.
Dans une telle situation, montrer ne serait-ce qu’un peu de faiblesse, chercher à composer, « cohabiter » avec Macron, ne serait-ce qu’en modérant un peu les objectifs revendicatifs et sociaux pour par exemple ne pas fâcher le PS et le garder dans la majorité parlementaire, ne ferait que décourager les travailleurs et encourager un peu plus la résistance des capitalistes et de l’extrême droite.
Mélenchon n’aura pas d’autre choix que de se coucher comme Tsipras, ou subir comme Allende, et là on aura un véritable boulevard pour d’extrême droite, ou alors de faire appel au peuple, à la mobilisation par la grève et la rue, à la menace de renverser le président, de tout prendre aux capitalistes et aux riches, de prendre leurs banques et leurs usines, de les nationaliser sans indemnités ni rachat, et puis même de saisir leurs avoirs, leurs propriétés, leurs châteaux, leurs villas, leurs yachts, leurs vignes, leurs tableaux, leurs bijoux…
Par peur de tout perdre, par peur de la révolution, ils pourraient céder un peu. Mais pour un peu seulement, il faut de notre côté être prêt à mener le combat jusqu’au bout.
Le seul véritable programme de gauche qui ait été appliqué par un gouvernement de gauche élu, c’est celui du Front Populaire en 1936… parce qu’il y a eu une grève générale.
Alors « élire » Mélenchon premier ministre, ça signifie préparer la grève générale. Le premier sans le second ne peut mener qu’au désastre.
Il y a eu une poussée populaire électorale en faveur de Mélenchon, c’est vrai, mais une poussée déformée, car le sens de ce vote n’était plus celui pour Mitterrand, l’attente passive d’un sauveur. C’était le vote d’une période qui depuis 2016 et sans discontinuer, a été en lutte. Une lutte qui a duré jusqu’en pleine période électorale et même dans l’entre deux tours. Il n’y a jamais eu autant de grèves et de luttes que depuis 5 ans, jamais autant dans une période électorale, sans oublier l’abstention massive. Cela traduit le fait que beaucoup ne croient plus ni aux institutions qui sont en train de glisser à droite, ni à ceux qui voudraient nous entraîner à croire en elles. Or si Mélenchon bien qu’il ait promis beaucoup de choses, n’a pas accédé au second tour, c’est justement parce qu’il n’a pas voulu représenter cette conscience des classes populaires les plus avancées ni l’entraîner, c’est-à-dire s’appuyer sur les luttes, parce qu’il n’y a pas d’autre moyen face au mur de l’argent.
Or pour le moment, il n’a pas changé de tactique pour les législatives.
Alors, c’est à la base de prendre les choses en main. Se donner une chance de gagner les législatives et l’après législatives, c’est construire un rapport de force contre Macron et aussi contre Le Pen dans la lutte, dans la rue, dans la grève et surtout dans la généralisation de la grève et de la lutte : préparer un nouveau juin 36, un nouveau mai 68, l’amorce de la rupture avec le capitalisme.
La période jusqu’aux législatives des 12 et 19 juin – si l’Assemblée n’est pas dissoute afin de raccourcir les délais et gêner la construction de cette mobilisation – va être importante. Beaucoup de choses peuvent se jouer là.
Il faut dire dés maintenant la vérité sur ce qui est devant nous.
Faire appel au peuple pour les législatives, ce n’est pas lui demander de déléguer ses pouvoirs en votant puis en rentrant chez lui. C’est l’appeler à prendre le pouvoir en construisant ses comités de grèves, de luttes, de quartier et leurs coordinations, en renforçant ses comités anti-racistes, anti-fascistes, féministes, pour la défense des services publics, de la santé, des écoles, des transports, des salaires, des retraites, des chômeurs… C’est l’appeler à mettre en application dés maintenant par lui-même d’éventuelles lois de demain, c’est-à-dire des gestes de solidarités plus accentués pour les migrants, pour les anciens, pour les plus jeunes et les plus fragiles, pour l’hôpital, l’école…. Il ne peut pas y avoir de majorité parlementaire au sein des institutions sans cette majorité populaire hors des institutions. Car il s’agit de se battre contre tout un système qui sera derrière le président.
Aller dans ce sens pour Mélenchon et la FI mais aussi pour nous tous, commencerait par appeler tous ensemble à se mobiliser contre Macron dés ce soir du 24 avril, à participer et appuyer toutes les mobilisations la semaine qui vient et à donner une suite immédiate au 1er mai en vue de construire la mobilisation dans la rue et les élections, et faire que le mois de mai soit le mois d’épanouissement des luttes, de l’espoir et de la montée de la confiance en eux des travailleurs.
Alors l’unité aux législatives, une majorité parlementaire, Mélenchon premier ministre, oui, si cela sort d’une mobilisation pour préparer la grève générale, renverser Macron et l’ordre établi en donnant la perspective d’un nouveau mai 68 à la puissance dix. Si Mélenchon ne lance pas un tel appel, se limite au registre électoral, c’est à nous tous à le faire en construisant un Front social et politique qui ancre les élections législatives dans les luttes sociales et ses organisations de base.
C’est déjà la disponibilité à cette politique qu’ont montré les lycéens et les étudiants contre l’arnaque du second tour, contre le fascisme, contre cette société bloquée, ce scrutin volé en appelant à des « Sorbonne partout », comme tous ceux qui ont manifesté ces 16, 23 et 24 avril : on a envie d’un autre monde et c’est nous tous qui allons le construire. Tous ensemble !
Jacques Chastaing le 24 avril 2022

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