La distribution de dividendes atteint un record en France et dans le monde

Les actionnaires sont à l’honneur. Les dividendes versés par les grandes entreprises ont atteint un niveau record de 44 milliards d’euros au deuxième trimestre en France, et de 544 milliards de dollars dans le monde, tirés par l’énergie, la banque et l’automobile. Mais le ralentissement attendu de l’économie pourrait peser sur les futurs versements.

Plus gros payeur français, BNP Paribas a versé 4,8 milliards de dollars de dividendes au deuxième trimestre.

Plus gros payeur français, BNP Paribas a versé 4,8 milliards de dollars de dividendes au deuxième trimestre. (Gilles ROLLE/REA)

Par Bastien Bouchaud

Publié le 24 août 2022

Des dividendes spectaculaires après des profits exceptionnels. Les grandes entreprises n’ont pas rechigné à partager avec leurs actionnaires les fruits de la moisson extraordinaire de la sortie de crise . Les dividendes versés au deuxième trimestre, au titre des profits réalisés en 2021, ont atteint des niveaux record de 44,3 milliards d’euros en France, et de 544,8 milliards de dollars (environ 548 milliards d’euros) dans le monde, selon l’étude trimestrielle réalisée par le gérant Janus Henderson.

Les versements ont grimpé de 11,3 % sur un an à l’échelle mondiale. Mais l’appréciation du dollar a fortement pesé au cours du trimestre. La croissance sous-jacente dépasse les 19 %. En France, la hausse est encore plus impressionnante, à près de 33 % sur un an. « La plupart des gains ‘faciles’ ont désormais été engrangés, le rattrapage post-Covid-19 étant quasiment terminé », souligne Ben Lofthouse de Janus Henderson.

LVMH dans le Top 20 mondial

De nombreuses entreprises européennes versent un seul dividende annuel, le plus souvent au deuxième trimestre, ce qui explique la belle progression enregistrée par le Vieux Continent. Dix des vingt plus gros dividendes du deuxième trimestre ont été versés par des entreprises européennes, dont quatre françaises.

BNP Paribas arrive en tête en France et à la sixième place mondiale avec 4,8 milliards de dollars versés, devant Sanofi (4,4 milliards), Axa (3,8 milliards) et LVMH (3,7 milliards) qui fait pour la première fois son entrée dans le Top 20 mondial des sociétés les plus généreuses, à la 14e place. Le leader mondial du luxe [propriétaire des « Echos », NDLR] est le groupe qui a le plus contribué à la croissance des dividendes français, avec Airbus, qui a rétabli un dividende pour la première fois depuis la pandémie.

Ce n’est pas une surprise si l’on retrouve deux sociétés financières dans le haut du classement. Elles ont été contraintes durant la pandémie de limiter leurs versements aux actionnaires afin de pouvoir parer à toute dégradation de la situation économique. Désormais, la page de la crise du Covid est bel et bien tournée.

Des entreprises en pleine forme

L’automobile s’en est également très bien sortie. En Allemagne, BMW et Mercedes-Benz ont plus que triplé leurs versements, tandis que l’équipementier Continental les a repris après les avoir interrompus durant la pandémie.

« Les entreprises fixent leur politique de dividende en se basant sur leurs perspectives de rentabilité de long terme », rappelle Ben Lofthouse. Les actionnaires s’attendent en effet à ce que les dividendes soient reconduits d’une année sur l’autre, contrairement aux rachats d’actions, perçus comme plus conjoncturels. De fait, « des dividendes élevés reflètent des entreprises en pleine forme », se félicite-t-il.

Les milliards reversés aux actionnaires alors que l’inflation plombe le pouvoir d’achat des ménages risquent d’enflammer le débat sur la taxation des « superprofits » réalisés par les grands groupes mondiaux. Il faut toutefois garder en tête qu’une partie de ces dividendes sont exceptionnels, liés à la vigueur spécifique de la reprise post-pandémie et aux tensions importantes sur les matières premières.

Ralentissement de la croissance

La rentabilité des grands groupes miniers et énergétiques dépend des cours des matières premières qu’ils produisent. Avec le retournement du cycle économique redouté par les économistes, les dividendes versés par ces sociétés risquent de chuter à l’avenir. Le brésilien Petrobras a ainsi annoncé des versements de plus de 17 milliards de dollars en dividendes au titre du deuxième trimestre, bien davantage que ses profits (10 milliards) et quasiment autant que Saudi Aramco qui produit pourtant environ cinq fois plus de pétrole. Des versements de cette ampleur ne sont pas soutenables sur la durée.

« Nous nous attendons à ce que la croissance des dividendes ralentisse, mais sans chute brutale, avance Ben Lofthouse. La faiblesse du secteur des matières premières pourrait être compensée par la reprise des versements en Chine, récemment touchée par les effets de la politique ‘zéro Covid’. » Janus Henderson s’attend ainsi à ce que les dividendes mondiaux atteignent un nouveau record de 1.560 milliards de dollars sur l’ensemble de cette année.

Bastien Bouchaud

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