Les Echos – Les géants du CAC 40 affichent des performances record au premier semestre

Toujours plus fort. Les géants du CAC 40 ont dégagé des profits record au premier semestre, en dépit des difficultés causées par l’invasion de l’Ukraine et la flambée de l’inflation. Les 38 entreprises ayant publié leurs comptes – Pernod Ricard et Alstom ont une clôture décalée – affichent au total 72,5 milliards d’euros de bénéfices, selon les données compilées par « Les Echos ». Soit 26 % de plus que l’an dernier, et près de deux fois plus qu’en 2019, dernière année avant la pandémie.

« Ce sont des résultats de très bonne qualité, sans mauvaise surprise », estime Catherine Garrigues chez AllianzGI. Le déclenchement de la guerre en Ukraine et les difficultés d’approvisionnement causées par la politique sanitaire zéro Covid chinoise n’ont pas eu trop de conséquences. « Les entreprises du CAC 40 ont montré qu’elles disposaient d’un réel pouvoir de fixation des prix, ce qui est très rassurant compte tenu du contexte inflationniste », ajoute-t-elle.

La faiblesse de l’euro profite aux exportateurs

Le chiffre d’affaires global a bondi de 35 % sur un an pour dépasser les 910 milliards d’euros. Seules quatre entreprises terminent le semestre dans le rouge, dont deux, Société Générale et Renault, à cause de pertes massives liées à leur retrait de Russie.

Certes, « la faiblesse de l’euro face au dollar a beaucoup aidé les entreprises très exposées aux Etats-Unis, notamment la tech et le luxe », précise la gérante. La monnaie unique est tombée à son plus bas niveau face au billet vert en plus de vingt ans au cours du semestre. Une manne pour les exportateurs européens, qui produisent en euros et vendent en dollars. Pour Safran en revanche, les pertes liées à l’évolution des taux de change sur le semestre s’élèvent à 5,8 milliards d’euros.

Les profits de TotalEnergies flambent avec le pétrole

La flambée des prix de l’énergie, du pétrole et du gaz naturel a permis à TotalEnergies et à Engie d’afficher des bénéfices historiques de respectivement 10 et 5 milliards d’euros. ArcelorMittal a également bénéficié des prix élevés des matières premières, avec 7,5 milliards d’euros de profits. Généreux avec ses actionnaires, le sidérurgiste a annoncé un nouveau programme de rachat d’actions de 1,4 milliard de dollars.

Les résultats du CAC 40 au premier semestre

Made with Flourish

Les principaux moteurs de l’indice parisien ont tourné à plein régime. Dans l’automobile, les volumes baissent mais les marges progressent : « Face aux pénuries de composants, les constructeurs ont privilégié la production de modèles plus haut de gamme et plus rentables », note Catherine Garrigues. Stellantis a ainsi dégagé près de 8 milliards d’euros de bénéfices. Les grandes valeurs financières du CAC 40 ont profité à plein de la remontée des taux. Les profits de BNP Paribas ont dépassé les 5 milliards d’euros, ceux d’AXA ont dépassé les 4 milliards. L’assureur français va consacrer une partie de cette manne à racheter 1 milliard d’euros de ses propres actions.

Le luxe améliore ses marges

Fidèles à leur réputation, les leaders mondiaux du luxe ont réussi l’exploit d’améliorer encore leurs marges déjà élevées. Avec la technologie et l’énergie, il s’agit d’un des seuls secteurs à voir les profits ( +30 %) augmenter plus rapidement que le chiffre d’affaires (+25 %). Les grandes maisons françaises sont plus profitables que jamais  : les marges opérationnelles d’Hermès et de Louis Vuitton sont ressorties à des niveaux historiques d’environ 42 %. Le ralentissement en Chine a été plus que compensé par l’appétit des Américains et des Européens pour les produits de luxe. LVMH (propriétaire des « Echos ») a dégagé 6,5 milliards d’euros de profits, L’Oréal plus de 3 milliards, Kering près de 2 milliards et Hermès 1,6 milliard.

En l’absence de nouveau choc sur l’économie, « il est possible que l’on fasse mieux que l’année dernière » et ses près de 160 milliards d’euros de profits agrégés pour l’ensemble du CAC 40, estime Catherine Garrigues. Mais les difficultés s’amoncellent à l’horizon. Les hausses de coûts ont été absorbées par les clients pour le moment, mais des signes de fatigue apparaissent, notamment dans l’industrie. Saint-Gobain a évoqué une hausse de ses coûts liés à l’énergie et aux matières premières de près de 3 milliards d’euros sur l’année.

Situation incertaine en Chine

Toute nouvelle mauvaise surprise sur le front énergétique, en particulier un arrêt des livraisons de gaz russe à l’Europe, pourrait encore alourdir la facture. Et risquerait de causer une récession brutale sur le Vieux Continent. La situation en Chine, toujours confrontée à une crise immobilière de grande ampleur, reste par ailleurs « assez incertaine », a souligné le directeur financier de LVMH lors de la présentation des résultats. Pour 2022, « nous sommes très optimistes pour les Etats-Unis, et davantage attentistes vis-à-vis de la Chine », a-t-il ajouté.

Les investisseurs jouent pour le moment la prudence. Le CAC 40 a fortement rebondi depuis le début du mois de juillet, en partie grâce aux bons résultats publiés ces dernières semaines. Mais il s’inscrit toujours en baisse de plus de 10 % par rapport à son pic historique du 5 janvier dernier.

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