Zaporijia : alerte rouge. Débranchez les réacteurs !

 

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Août 8

Depuis début mars, les troupes russes tiennent la plus grande centrale nucléaire d’Europe, à Zaporijia en Ukraine. Les villes de Zaporijia elle-même n’est pas occupée (et accueille des réfugiés), mais est sur la ligne de front. En mars, la population d’Enerhodar avait affronté les soldats russes en voulant éviter qu’ils s’installent dans la centrale. Ce qu’ils ont fait.

Actuellement, une contre-offensive ukrainienne grignote les positions russes dans la région de Kherson produisant des réactions désordonnées (redditions, pillages, transferts de troupes) du côté russe. La centrale nucléaire devient un élément décisif du rapport de force : un otage. Plusieurs villes, depuis une dizaine de jours, sont pilonnées depuis la centrale nucléaire.

Russie et Ukraine s’accusent mutuellement d’avoir envoyé des missiles à l’intérieur de la centrale, endommageant des structures et conduisant à l’arrêt de l’un des 7 réacteurs. On comprend mal pourquoi les troupes russes auraient bombardé leur propre camp de retranchement ; il est vraisemblable que des opérations militaires cruciales sont en train d’avoir lieu avec la centrale pour enjeu.

Les troupes russes semblent avoir, ces deux derniers jours, jouxté des explosifs aux réacteurs. Le général de division Vasilyev, commandant de la garnison stationnée à l’usine, a annoncé qu’il était prêt à faire sauter l’usine, entraînant une catastrophe nucléaire : « Soit la terre russe, soit la terre brûlée. Peu importe la difficulté des ordres à exécuter, les libérateurs les exécuteront avec honneur ! »

Selon la compagnie d’État ukrainienne Energoatom, les détecteurs de surveillance des radiations autour de la centrale sont endommagés, de sorte qu’une hausse de radio-activité n’est plus détectable à proximité.

S’il est clair que la responsabilité première de cette situation abominable et inadmissible incombe à Poutine, il doit aussi être dit que la préoccupation première, d’une part de l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique), d’autre part du gouvernement ukrainien de Zelenski, devrait être la mise à l’arrêt de tous les réacteurs, première mesure pour atténuer quelque peu, certes pas complétement loin s’en faut, le risque immédiat et massif d’une catastrophe pire que Tchernobyl, voire d’une ou plusieurs explosions nucléaires, menaçant l’Ukraine, l’Europe, la Russie et le monde.

Le risque de catastrophe est là et ne fait aucun doute. Si les populations de la France à la Turquie n’ont pas encore dû se confiner de manière impromptue, on le doit aux travailleurs de la centrale, techniciens et ouvriers, qui ont continué à éviter le dérapage et l’accident tout en subissant les violences des occupants.

Mais la transparence n’est en l’occurrence pas de mise -mais elle ne l’a jamais été, dans aucun pays, concernant la technologie nucléaire, forme centralisée, militarisée, monopoliste et étatique de production d’ « énergie » pour l’accumulation du capital à n’importe quel coût naturel et humain.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déclaré que Toute attaque contre des centrales nucléaires est un acte suicidaire, et il exige la fin de toute attaque, « oubliant » seulement que l’attaque a déjà eu lieu début mars et consiste depuis dans l’occupation russe de la centrale.

La remarquable discrétion médiatique jusqu’à ce jour sur cette situation ahurissante mais explicable, tient certes à la tendance à vouloir « oublier » la guerre majeure la plus grande et la plus grave ouverte en Europe depuis 1945, mais aussi à ne pas trop commenter cette illustration accablante du danger inhérent à cette technologie mal contrôlée. Ce péril majeur n’intervient-il pas alors même que le parc nucléaire français est frappé, comme prévu et annoncé depuis des décennies, d’un début d’obsolescence, et alors que s’il n’y pas plus d’eau dans la Loire à son estuaire, c’est certes à cause de la sécheresse induite par le réchauffement capitaliste du climat, mais aussi, directement, parce que les centrales pompent l’eau restante ?

Dans cette situation de péril extrême, transparence et information doivent être exigée et c’est un combat. Pourquoi l’AIEA ne demande-t-elle pas l’arrêt de toutes les centrales menacées par les combats, les bombardements et de telles prises en otage, donc de toutes les centrales ukrainiennes ? Gouvernement et armée ukrainiens devraient faire savoir au monde s’ils ont ou non les moyens d’arrêter les réacteurs, et le faire s’ils le peuvent. Cette mesure d’urgence absolue devrait bien sûr aller de pair avec l’aide humanitaire et énergétique la plus ample au peuple ukrainien, à sa résistance armée et non armée.

Troupes russes hors d’Ukraine !

Troupes russes hors de Zaporozhye !

Transparence totale de l’AIEA et des gouvernements européens et ukrainien sur la situation réelle !

Mise à l’arrêt immédiat des centrales d’Ukraine !

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