Rapport de l’AIEA sur la visite-inspection de la Centrale nucléaire de Zaporozhye septembre 2022

Jean Marie

Je sais que vous vous intéressez au nucléaire c’est pourquoi je me permets de vous adresser cette analyse en vous laissant libre bien entendu de ne pas être d’accord avec elle. La propagande de nos médias sur ce sujet est, à mon avis, infernale et manipulatrice. A tel point qu’elle en devient peu crédible. Comme ce déchainement d’attribuer à V Poutine la responsabilité de notre grave crise énergétique, causée par une politique imbécile. Donc il est important qu’il y ait des contre réflexions. Si cette analyse ne vous convient pas ou ne vous intéresse pas dite le moi, je ne vous importunerai plus.

Il n’est pas possible de commenter la visite du site de la Centrale nucléaire de Zaporozhye début septembre 2022 par une délégation de l’AIEA conduite par son responsable, Rafael Grossi, sans évoquer le contexte général qui entoure cette visite/inspection.

  • La première chose qu’il faut malheureusement souligner est que les médias occidentaux soutiendront systématiquement le régime de Kiev comme lorsqu’ils dédouanent celui-ci, contre toute vraisemblance et éléments à charge, type obus howitzer d’origine occidentale, de la responsabilité des bombardement du site de cette Centrale nucléaire.
  • Grossi n’est pas un technicien mais un politicien qui est déjà repéré comme largement influencé par le système occidental et Israël [à qui il se garde bien de demander des comptes sur son arsenal nucléaire, justifié de manière ridicule par le fait qu’Israël n’adhère à aucun traité dans ce domaine du nucléaire militaire]. Influencé par les dirigeants de d’Israël Grossi a ainsi freiné les négociation sur l’accord nucléaire avec l’Iran qui s’en ai plaint.
  • Globalement cette action de l’AIEA s’inscrit dans le cadre d’une manœuvre du camp occidental et du régime de Kiev pour créer une zone démilitarisée autour de la Centrale nucléaire, d’où les russes seraient chassés sans doute. Cette zone serait alors sous contrôle de l’ONU sans doute avec des troupes de pays satellites des USA. Technique expérimentée en ex Yougoslavie.
  • Zelensky a pu exercer des pressions directes sur Grossi alors que les russes se sont abstenus de le faire.

Bien que ce rapport de l’AIEA ait un fort aspect politique, il contient aussi des données techniques

Il commence par une dénonciation de l’agression russe en Ukraine, suggère que la Russie pourrait s’opposer à l’action de contrôle de l’AIEA, ce qui n’est pas le cas, et efface complètement le fait que le régime de Kiev voulait se doter de l’arme nucléaire.

On voit ainsi une photo de la délégation de l’AIEA devant  un trou, provoqué par un tir Howitzer ou Himars, sur le toit d’un bâtiment abritant du combustible frais et des déchets radioactifs solides, sans que soit cité le responsable c’est-à-dire le régime de Kiev. Ce qui est en soi une action politique.

Le rapport exagère la menace d’un accident nucléaire grave potentiel, la situation est pour le moment sous contrôle, compte tenu des armements dont dispose actuellement l’Ukraine, avec notamment des techniciens de Rosatom, l’entreprise russe du nucléaire civil qui est au Top niveau mondial. Alors que les zones d’exclusion en cas d’accident nucléaire grave, impliquant la fusion de cœurs de réacteurs nucléaires, sont de 5 puis 20 kms, il est affirmé en tête du rapport que d’autres pays pourraient être touchés par l’accident. Rappelons que pour Fukushima DaiIchi avec des réacteurs nucléaires sans enceinte les aérosols radioactifs émis ne sont pas allés de manière notable au-delà de 60 kms dans une direction Nord-Ouest. Ce ne serait pas non plus Tchernobyl avec son incendie de graphite cœur à ciel ouvert.

Le Rapport s’articule autour de ce qu’il définit comme les 7 piliers de la sûreté des réacteurs nucléaires de la Centrale [figure jointe]

  1. L’intégrité physique totale de toutes les installations du site nucléaire.
  2. Toute les mesures de sûreté et de sécurité doivent être fonctionelles en permanence.
  3. Tous les techniciens opérateurs sur les réacteurs nucléaires doivent être capable d’assurer librement la mise en œuvre des mesures de sûreté et de sécurité et ne doivent pas subir de pressions
  4. Il doit y avoir une alimentation électrique, depuis le réseau électrique, extérieure au site nucléaire qui soit sûre.
  5. Le site de la Centrale nucléaire doit pouvoir être approvisionné de l’extérieur sans entraves..
  6. La radioactivité doit être suivie sur le site et dans son environnement en continu.
  7. Les membres de la sûreté nucléaire et autres autorités compétentes doivent pouvoir communiquer en permanence avec la Centrale nucléaire. 

Le 4 mars 2022 les forces russes s’emparent du site de la Centrale nucléaire de Zaporozhye. Sur le site il y a eu quelques dégâts mineurs.

L’AIEA rapporte que tout le mois de mars s’est déroulé sans problème sur les réacteurs nucléaires et installations du site nucléaire. La radioactivité était normale.

En Avril dernier le régime de Kiev a prévenu l’AIEA que les militaires russes plaçaient du matériel militaire dans des bâtiment de la Centrale nucléaire. Ce qui n’a guère de sens. Les 5 et 6 août dernier des projectiles ont frappé le site de la Centrale nucléaire. Des dommages ont été rapportés sur un transformateur qui ont entraîné notamment la perte d’une alimentation électrique extérieure. Des câbles du système de contrôle de la radioactivité du site ont également été endommagés. Les tirs ont continué sporadiquement tout le mois d’août.

Ils étaient signalés à l’AIEA par le régime de Kiev, qui était clairement leur auteur afin de faire pression sur l’AIEA.   Dans le but affiché de parvenir à l’installation d’une zone démilitarisée.

Le rapport passe sous silence les tentatives de la part du régime de Kiev de s’emparer du site nucléaire de Zaporozhye en envoyant des commandos représentants près de 200 hommes au moment de l’arrivée de la délégation de l’AIEA à la Centrale nucléaire de Zaporozhye [on ne risque pas non plus d’en être informé par nos médias, mais c’est suffisamment documenté sur des sites d’information sérieux et bien évidemment dénoncé par les russes]

L’AIEA signale des tirs et des dommages lors de sa présence pour inspection. Sans se prononcer sur l’origine. Tout en notant que le niveau de radioactivité sur le site était normal. Ces dommages concernent parfois de systèmes de sécurité.

L’équipe de l’AIEA n’a vu que des véhicules de transport militaire sur le site dans des bâtiments annexes. Photo en pièce jointe.

Sur le pilier 3. Le rapport note que les russes ont  fait  venir des experts de Rosatom sur le site de la Centrale nucléaire de Zaporozhye. Cela parait on ne peut plus logique. Les russes n’ont pas voulu installer leurs équipes pour prendre en main directement le site, certainement aussi pour des questions de main d’œuvre, mais ils se méfient du personnel ukrainien dont une partie, sans doute minoritaire compte tenu de la région, leur est hostile. Le personnel ukrainien ne semble pas s’être plaint ou dire qu’il ne contrôle pas la situation.

Pilier 4 l’alimentation électrique extérieure de la Centrale nucléaire. Il y a 4 lignes principales d’alimentation plus une en réserve. Il y a eu des problèmes  sur ces lignes et un moment deux étaient hors service. Les diesels de secours sont opérationnels.

C’est à ce niveau que réside un des plus gros problèmes. On peut aussi citer la source d’eau froide extérieure. Qui peut avoir des problèmes à travers ses stations de pompage.

Pilier 5Logistique de fournitures extérieures pour le site nucléaire. On se doute que compte tenu de la proximité du front des combats, il puisse y avoir des problèmes sur cette question. Il y a aussi un problème matériel concernant les pompiers du site.

Pilier 6 Le suivi de la radioactivité. Il y a eu le problème de câble endommagé. Les mesures de radioactivité sont effectuées aussi à l’extérieur suivant un rayon de 30 kms. Sur cette question il y a une problème de connexion avec les parties impliquées à l’extérieure de la Centrale nucléaire et l’AIEA recommande des exercices pratiques réguliers de campagne de mesures.

Pilier 7 Les communications avec les autorités de sûreté. Il y a de sérieux problèmes de communication avec la sûreté ukrainienne qui n’est possible qu’avec des téléphone mobiles actuellement. Les inspecteurs n’ont pas pou inspecter le site nucléaire depuis mars. Ce ceci dit la Centrale nucléaire est de facto sous la responsabilité des russes qui ont le plus grand intérêt évaluer la sûreté des réacteurs nucléaires et des installations. On peut penser que c’est le rôle d’une partie des experts de Rosatom.

Le rapport de l’AIEA contient également des comptes-rendus de visites de l’AIEA en 2022 sur le site de Tchernobyl, le 26 avril 2022 jour anniversaire de l’accident nucléaire majeur, et au réacteur d’irradiation situé à Karkhov. Les forces russes avaient pris possession du site de Tchernobyl le 24 février 2022, dès le début de leur opération militaire, puis se sont retirés le 31 mars dernier. Tchernobyl et le réacteur de Karkhov sont donc sous contrôle ukrainien.

L’AIEA n’a pas relevé de problèmes notables à Tchernobyl comme pour le réacteur d’irradiation.

Tchernobyl l’AIEA a notamment analysé des échantillons du sol de la Centrale et évalué les doses intégrées par le personnel. Qui sont très faibles.

Au niveau du sol le principal produit radioactif est actuellement sans surprise le Cs137 et il a aussi été mesuré des rayons gamma émis par l’Américium 241 un transuranien formé dans le combustible nucléaire qui est très difficilement relâché même en cas d’accident grave. C’est dire à quel point l’accident de Tchernobyl a été la source d’une radioactivité maximum.

n conclusion le rapport de l’AIEA revient sur les risques relatifs à la Centrale nucléaire de Zaporozhye.

Problèmes d’alimentation électrique extérieure, problèmes d’approvisionnement, problèmes de communication. La majorité de ces problèmes qui ne sont pas susceptibles de déboucher directement sur un accident nucléaire grave, sont liés aux bombardements que subit la site de la Centrale de Zaporozhye. Le rapport de l’AIEA qui est souvent vu du côté ukrainien mais est très correct sur le plan technique, s’abstient de désigner la partie ukrainienne comme responsable de ces bombardements qui n’ont en conséquence aucune raison de s’arrêter.

Par contre et sans surprise le Rapport de l’AIEA reprend la revendication du régime de Kiev et de ses sponsors occidentaux de création d’une zone démilitarisée autour du site de la Centrale nucléaire de Zaporozhye. I ; y a peu de chances que ls russes accède à cette mise en place. La contre offensive des forces ukrainiennes dans le Kherson ayant échoué, donnant lieu à des pertes considérables, ce site nucléaire ne sera pas non plus repris militairement par le régime de Kiev.

JM

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