Une analyse remarquable du discours de Poutine

Benoit Vitkine, envoye permanent du Monde a Moscou, fait une analyse remarquable du discours de Poutine et rapporte ce passage sur le « satanisme ». Peu de médias l’ont répercute. CITATION:
« Selon Vladimir Poutine, « la Russie comprend sa responsabilité devant la communauté mondiale », et son discours prétend à une portée universelle. Coupable donc, l’Occident, de l’esclavage, du pillage de l’Inde et de l’Afrique, du génocide des Indiens d’Amérique, mais aussi des « perversions qui conduisent à la dégradation et à l’extinction », comme la possibilité de « choisir son genre ». « Un tel renversement de la foi et des valeurs traditionnelles, une telle suppression de la liberté revêtent les caractéristiques d’une religion inversée, du satanisme pur et simple. » »
Il est ahurissant et révoltant que des gens et des organisations qui se disent de gauche (?) continuent de colporter la rhétorique du Kremlin sur la Russie en état de « légitime défense », sur la création d’un monde multipolaire « donc plus juste », débarrasse du colonialisme, etc. Cette rhétorique pourrie ne sert qu’a cacher la nature néofasciste du régime de Poutine, ses ambitions impérialistes ainsi que ses crimes contre l’humanité. En réalité, Poutine se soucie du sort des peuples opprimes aussi peu qu’un chef mafieux se soucie du sort de ses petites mains dans les classes populaires.
L’extrême-droite, elle, ne s’y trompe pas, qui, de Meloni a Bolsonaro, de Trump a Modi et Orban, met la croisade patriarcale contre le « choix du genre » au centre de son arsenal réactionnaire. Le risque « rouge-brun » de contamination d’une partie de la gauche par les « idées » d’extrême-droite n’a jamais été aussi grand qu’aujourd’hui.
commentaires
xavier Demit

Tu gagnerais à ne plus commettre l’impair d’être totalement excessif avec tes propositions erronées. En effet, il n’y a rien (absolument rien) d’incompatible à dénoncer la religion homophobe du parti de Poutine (et tout ce qui doit être dénoncé : e.g., totalitarisme, idéologie mafieuse, politique étrangère de faucon etc.), d’une part, et d’autre part à dénoncer l’agressivité de l’OTAN depuis 30 ans et le délire belliqueux de Von der Leyen et de Biden. Analyser que l’une des causes principales de l’agression russe (un désastre en soi pour les Ukrainiens, les Russes et les Européens) est la politique atlantiste ultra-belliqueuse n’interdit pas du tout de critiquer le régime de Poutine. Ce que tu essaies de faire, c’est d’interdire la critique de l’OTAN au nom du fait que Poutine se rend infréquentable… et qu’il critique l’OTAN. Je pense que tout Européen sensé doit à présent se demander pourquoi l’OTAN existe, pourquoi l’OTAN a mené des guerres, pourquoi l’OTAN a avancé vers l’est, pourquoi l’OTAN a refusé l’adhésion de la Russie, et surtout pourquoi Von der Leyen (non élue !!!) est devenue la grande dirigeante militaire de 300 millions d’Européens et cherche la guerre nucléaire par ses déclarations intempestives. Au lieu de faire des trompe-l’œil logiques, pourquoi ne te poses-tu pas ces questions centrales pour notre avenir ? Car on peut regretter amèrement que les frontières bougent un peu entre l’Ukraine et la Russie comme elles ont bougé en Libye ou ailleurs sous notre égide, mais quand on s’échangera des bombes nucléaires tu regretteras peut-être (un peu tard) d’avoir été atlantiste jusqu’au bout des ongles…
  • Daniel Tanuro

    Xavier Desmit il n’y a en effet « rien d’incompatible » a dénoncer a la fois l’impérialisme grand-russe et l’impérialisme de l’OTAN A condition de prendre en compte qu’il n’y a pas que l’OTAN et la Russie dans cette affaire: il y a le peuple ukrainien, agresse militairement par l’impérialisme russe (pas par l’OTAN), bombarde, deporte, viole, et menace dans son droit démocratique a exister comme nation! Dire que l’OTAN est « une des causes principales de l’agression russe » (sic!), ou que Von der Leyen « chercherait la guerre nucléaire », sont des contre-vérités flagrantes. Elles traduisent l’influence de la propagande poutinienne qui présente systématiquement l’agresseur comme un agresse. Or face a l’agresseur (le vrai), la résistance du peuple ukrainien est légitime et doit être soutenue. C’est le point de départ indispensable de toute politique de gauche, internationaliste et visant a l’émancipation des opprimé.e.s. C’est ce point que tu escamotes systématiquement au nom de calculs géostratégiques qui te font ignorer, ou au moins relativiser, les souffrances concrètes des peuples ( » les frontières qui bougent un peu »: quel euphémisme, alors que 100.000 km2 sont accapares par la force, au prix de l’épuration ethnique de millions de gens et de la destruction de leurs villes!). A l’oppose de cette realpolitik froide, je soutiens que la solidarité avec le peuple ukrainien (et avec les antiguerres russes) est parfaitement « compatible » avec le combat contre l’OTAN, contre l’austérité, et contre la hausse des budgets militaires. Ou plutôt: cette articulation est la seule digne d’une gauche digne de ce nom.

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