Corruption au Parlement européen : qui pour s’en étonner ?

Eva Kaili, l’une des vice-présidentes du Parlement européen a été placée en détention par les autorités belges, aux côtés de trois autres élu·es au Parlement européen, à la suite d’accusations de corruption.
L’enquête menée par la justice belge a conduit à la perquisition de sacs de billets. Jusqu’ici, rien de nouveau dans le monde de la politique, gangrené depuis toujours par le lobbying. Seulement voilà, les valises de billets en question proviennent vraisemblablement du Qatar, déjà sous le feu des projecteurs en raison de la coupe du monde entachée de sang qui s’y déroule actuellement.
Roberta Mesola la présidente du Parlement a pris la parole, l’air grave, annonçant que notre « société ouverte et démocratique était menacée […] par les ennemis de la démocratie ». Tour à tour de nombreuses personnalités politiques et autres élu·es ont manifesté leur indignation et leur inquiétude face à de telle faits de corruption, comme s’il s’agissait là d’un phénomène nouveau.
Il y a quelques semaines Eva Kailli défendait le Qatar au Parlement européen, présentant la monarchie du Golfe comme un « leader en matière de droit du travail ». Les sacs de billets qui ont été découverts à son domicile nous valent l’indignation de toute la sphère politique. Pourtant, nul doute qu’il n’y aurait pas eu grand monde pour s’en émouvoir si le Qatar n’avait pas été sous le feu des projecteurs en raison de la coupe du monde qui s’y déroule et des nombreuses dénonciations dont elle fait l’objet.
S’il est rare que les faits soient aussi évidents, la corruption en tant que tel au sein des institutions politiques, qu’elles soient européennes, nationales ou locales n’a rien d’un phénomène nouveau. Qu’elle prenne la forme de prise illégale d’intérêts, de sacs de billets ou de copinage, la corruption est une pratique généralisée, qui touche l’ensemble des sphères politiques, et l’impunité qui la caractérise se retrouve également à tous les niveaux.
Des montagnes de lingots libyens auraient pu être retrouvés chez Sarkozy qu’il n’aurait pas été inquiété. Combien d’hommes et de femmes politiques ont-ils touché de l’argent public grâce à des emplois fictifs ? (Le dernier en date vient de prendre la tête des Républicains). Les comptes du RN pourrait être directement alimenté par la banque centrale de la fédération de Russie qu’il n’y aurait personne pour s’en indigner outre mesure. La ministre de la transition écologique française a des intérêts dans le deuxième plus gros groupe pétrolier du monde, c’est dire l’ironie de la chose.
Macron lui-même, s’il ne reçoit pas des valises de billets passe son temps à exaucer les vœux du grand patronat, que cela soit à l’échelle du pays comme à l’échelle européenne (report de l’interdiction du glyphosate, opposition à l’interdiction de la senne démersale, labellisation du gaz fossile comme « énergie verte », les exemples sont infinis). Et tout cela sans parler du fait qu’il a utilisé une bonne partie du budget de Bercy, à l’époque où il était ministre de l’Économie (de l’argent public donc), pour préparer sa campagne de 2017.
Epargnez-nous donc votre fausse indignation. La corruption est partout. Les personnalités politiques à avoir reçu des sacs de billets de la part des monarchies du Golfe, de la Russie ou autres régimes autoritaires sont légion, de même qu’il est impossible d’établir un total du nombre d’élu·es à avoir bénéficié de prise illégale d’intérêts en satisfaisant les besoins de telle ou telle entreprise.
Il n’y a plus personne ici pour s’étonner d’une telle affaire. Vous et vos institutions n’êtes pas et ne serez jamais dignes de confiance.
Vidéo Caisses de grève

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