Pérou : des milliers de manifestants en route vers Lima malgré l’état d’urgence

 

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Lien publiée le 16 janvier 2023

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Pérou : des milliers de manifestants en route vers Lima malgré l’état d’urgence (france24.com)

Malgré l’état d’urgence, des milliers de manifestants sont en route vers Lima pour y protester en masse, lundi, contre la présidente Dina Boluarte et exiger de nouvelles élections.

Ils sont des milliers de manifestants au Pérou à converger vers Lima pour y protester en masse, lundi 16 janvier, contre la présidente péruvienne Dina Boluarte et pour réclamer de nouvelles élections, malgré l’état d’urgence déclaré dans la capitale péruvienne et trois autres régions.

« Nous avons pris la décision d’aller à Lima » à partir de lundi, a annoncé Julio Vilca, un leader de la protestation de la province d’Ilave (Sud).

Les contestataires, qui exigent la démission de la présidente péruvienne, la tenue immédiate d’élections et la dissolution du Parlement, veulent atteindre la capitale pour donner plus de poids à leurs revendications. Les heurts entre forces de l’ordre et manifestants ont fait au moins 42 morts en cinq semaines. Des groupes de protestataires ont commencé à arriver ce week-end pour prendre le « contrôle de la ville », selon eux.

>> À lire aussi : Crise au Pérou : le « pays est ingouvernable depuis des années »

L’état d’urgence décrété

Dimanche soir, des dizaines de manifestants, encadrés par un important dispositif policier, ont défilé pacifiquement du centre ville au quartier touristique de Miraflores à Lima, aux cris de « Dina ordure, à bas la dictature » ou « Dina, Corrompue assassine ! ».

« Ça va être plus fort demain (lundi) et le 17 (mardi). Les régions arrivent déjà à Lima, nous exigeons que Boluarte démissionne et qu’ils ferment le Parlement immédiatement. Nous ne voulons plus de morts », affirme Jasmin Reinoso, 25 ans, infirmière d’Ayacucho, présente à Lima depuis 2 mois.

Au moins trois mille personnes d’Andahuaylas (sud-est), un des épicentres des manifestations en décembre, se préparaient, dimanche après-midi, à se rendre en voiture et en camion dans la capitale péruvienne, selon la radio RPP.

L’état d’urgence, décrété samedi et en vigueur pour 30 jours à Lima et trois autres régions, autorise l’armée à intervenir pour maintenir l’ordre et surtout suspend la liberté de circulation et de réunion. Outre Lima, les départements de Cuzco et de Puno (sud) et le port de Callao, à côté de la capitale sont soumis à l’état d’urgence, qui avait déjà été décrété mi-décembre dans tout le Pérou, pour 30 jours.

Les transports paralysés

« Nous espérons que cette situation (les protestations) changera radicalement et que la voie du dialogue sera rétablie », a déclaré le chef de cabinet d’Alberto Otarola à la chaîne de télévision Latina.

Alberto Otarola a réaffirmé que Dina Boluarte « ne démissionnera pas. Par sens de la responsabilité historique et parce que la démission de Dina Boluarte ouvrirait la porte à l’anarchie. Il serait irresponsable de la part de Dina Boluarte de partir au moment où le pays traverse ces problèmes ».

« Il y a un petit groupe organisé financé par le trafic de drogue et l’exploitation minière illégale qui veut prendre le pouvoir par la force », a-t-il aussi accusé.

Dimanche, la circulation automobile restait bloquée sur une centaine de tronçons de routes dans 10 des 25 régions du Pérou, notamment dans le Sud, l’épicentre de la contestation. Parmi ces régions figurent Puno, Arequipa et Cuzco, selon l’autorité chargée des transports terrestres, précisant qu’il n’y avait jamais eu autant de barrages routiers. Le train pour le Machu Picchu, seul moyen d’accéder au célèbre site inca, était toujours suspendu.

Les syndicats locaux affirment que le secteur du tourisme perd jusqu’à sept millions de sols (environ 1,7 million d’euros) par jour en raison de la crise.

Les protestations ont éclaté après la destitution et l’arrestation le 7 décembre du président socialiste Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté de perpétrer un coup d’État en voulant dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir. Dina Boluarte, qui était la vice-présidente de Pedro Castillo, lui a succédé conformément à la Constitution. Elle est issue du même parti de gauche que lui. Mais les manifestants voient en elle une « traîtresse ».

Quelque 500 personnes ont assisté, dimanche, à une messe en espagnol et en quechua dans la cathédrale du centre de Lima en mémoire des manifestants tués mais aussi du policier brûlé vif dans la ville de Juliaca, à la frontière bolivienne. L’archevêque de Lima, Carlos Castillo Mattosoglio, a lancé : « Le sang versé ne crie pas vengeance » appelant à « la paix », la « fraternité » et à la fin de la « spirale de la violence ».

Les violences sont concentrées dans le Sud andin, où vivent les Quechuas et Aymaras. La Commission interaméricaine des droits de l’Homme préconise une meilleure intégration de ces communautés dans la société péruvienne pour mettre fin aux troubles. Les victimes « sont mortes parce qu’elles demandaient l’égalité. Il y a trop de corruption », affirmait sur le parvis de la cathédrale Benito Soto Escobar, vitrier de Huancavelica (Sud).

Le vice-ministre de la Gouvernance territoriale, Jose Muro, a promis, à TV Peru, que le gouvernement allait instaurer des « espaces pour le dialogue » sur tout le territoire. Dina Boluarte est la sixième personne à occuper la présidence péruvienne en cinq ans, dans un pays qui connaît une crise politique permanente émaillée de soupçons de corruption.

Avec AFP

 

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