Le mur du 7 mars et la « France à l’arrêt » : grève générale pour aller chercher Macron !

aplutsoc Fév 15

« 963 000 selon la police », autant dire au moins deux millions de manifestants le 11 février, à nouveau, en France. A nouveau, les plus larges masses se saisissent de l’unité syndicale pour exiger le retrait de la contre-réforme et porter un coup sur la tête à Macron. Leur disposition – confiance, conscience et volonté – est désormais la marque de la situation.

Dans un communiqué publié le matin même, l’intersyndicale le rappelle : la « détermination » de la « population » doit pour elle absolument être entendue : les parlementaires de « l’arc républicain  (NUPES-macroniens-LR) et le gouvernement doivent « rejeter massivement ce texte ». Ce message s’adresse au pouvoir et aux institutions : nous paraissons tout tenir, mais nous sommes en réalité tenus par cette immense majorité, qu’il est impossible de détourner de ce qu’elle veut : le retrait. S’il-vous-plait, soyez raisonnables !

Ajoutons qu’à terme, si Macron persiste, et s’engage dans des ordonnances, il reviendrait au Conseil constitutionnel de la V° République, le gardien de la stabilité du régime, de décider, non pas en fonction de la « constitutionnalité » du texte mais du rapport de force dans le pays, s’il faut sacrifier Macron et son second quinquennat !

Une échéance un peu éloignée devait être donnée : outre le rappel de la journée du jeudi 16 février déjà annoncée le mardi 7, l’intersyndicale déclare que « si malgré tout le gouvernement et les parlementaires restaient sourds à la contestation populaire », alors elle « appellerait les travailleuses et les travailleurs, les jeunes et les retraité-e-s » à ceci : « durcir le mouvement en mettant la France à l’arrêt dans tous les secteurs le 7 mars prochain ».

Cette éventualité, exprimée au conditionnel, a été saisie comme une certitude par l’immense majorité : la perspective est pour elle celle de la grève totale pour le retrait et contre Macron le 7 mars.

Juste après ce communiqué, les syndicats CGT, FO, UNSA et CGC de la RATP ont d’ailleurs appelé à une grève reconductible à compter du 7 mars pour « gagner le retrait de ce projet de loi ».

A l’aéroport Paris-Orly à 13h ce samedi, les contrôleurs aériens menaient une grève « surprise », sans aucun préavis syndical, pour le retrait de la contre-réforme de Macron. Le ministre des Transports, Clément Beaune, a joué les outragés : il n’y a pas eu de service minimum ! c’était donc vraiment la grève ! et la grève pour la revendication commune de toutes et de tous !

Voila la poussée qui monte d’en bas, de partout, et tout autant dans les couches syndiquées à la CFDT ou à l’UNSA, soudain heureuses et déterminées d’être dans une grande bataille commune.

Ce ne sont pas des grèves catégorielles, ce ne sont pas des grèves sectorielles. La formule de la grève reconductible ne leur correspond pas. C’est LA grève, le rassemblement au grand jour des exploités, avec la jeunesse, les retraités et les privés d’emplois.

C’est la convergence, non « des luttes », mais du fond politique et social de ce qui sourd, qui germe, qui rampe, qui pousse, depuis des années, des Gilets jaunes à maintenant : c’est cela qui leur fait peur à tous ceux d’en haut.

Face à cela, quelle palinodie que le « débat parlementaire » !

Inutile, franchement, de trop développer ici sur les péripéties et les incidents de séance. Selon la presse « informée », Laurent Berger et Philippe Martinez auraient, chacun à leur façon, fait passer le message à la NUPES et à ses composantes : assez d’obstruction, enlevez quelques milliers d’amendements qu’on puisse arriver, si possible pour la journée d’action du 16 février (qui n’est, pour les larges masses, qu’une étape facultative de la marche au mur du 7 mars !), à la discussion de l’article 7 sur les 64 ans, qu’on voit alors combien de députés de « l’arc républicain », LR et macroniens, lâcheraient l’exécutif sur ce point, ce qui permettrait de crier victoire ou « première victoire ». Après tout, pour Laurent Berger, l’achoppement porte sur les 64 ans, sur lesquels son propre congrès CFDT d’avant la présidentielle l’a, à son corps défendant, verrouillé : les 64 ans différés, les annuités augmentées, les régimes « spéciaux » en extinction, et le « dialogue social » relancé : vite, une porte de sortie avant qu’on aille, tous, dans le mur !

C’est dire à quel point les interventions des députés NUPES de tous les groupes – même s’il en est parfois d’excellentes, et nous pensons surtout là à Rachel Kéké – n’ont strictement aucun poids dans le rapport de force. Au moment même où nous écrivons ces lignes, la suite arrive, par une « surprise » assez logique : une motion de censure du RN, qui n’a jamais défendu les retraites, mais qui peut ainsi démontrer à quel point la NUPES craint, sans même parler de renverser Macron, de renverser son gouvernement !

Ce n’est, bien entendu, pas non plus Marine Le Pen qui peut maintenant stopper ou dévier le train populaire mis en marche en direction de la gare du 7 mars.

Grève générale et totale avec aussi la jeunesse, les privés d’emplois et les retraités le 7 mars : bien. Des grèves partiront et le lendemain 8 mars, c’est la journée internationale pour l’émancipation des femmes. Bien. Personne alors n’aura envie de durer et de « reconduire » ainsi pendant des jours et des jours. Il faudra à la fois généraliser la grève et aller chercher Macron. Pour régler le problème sans laisser, par exemple, au Conseil constitutionnel ou à « l’arc républicain » le choix de le régler à leur manière ou non. Chaque jour qui passe à présent, chaque jour de plus visant à différer l’échéance, finit par la rapprocher.

VP, le 15/02/2023.

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