Éditorial du 5 mars 2023. La générale.

aplutsoc – Mar 5

A l’avant-veille du 7 mars, un spectre hante la France : la grève générale.

Ces mots ne sont pas dans les communiqués intersyndicaux nationaux. Ils ne sont pas non plus dans les désormais nombreux appels syndicaux à la grève reconductible de tel ou tel secteur. « Grève reconductible » : les cheminots l’ont réalisée en 1995, les personnels de l’enseignement public en 2003, les ouvriers des raffineries à plusieurs reprises, à chaque fois au départ contre l’avis de nombreuses directions syndicales qui, aujourd’hui, y appellent toutes et plutôt deux fois qu’une. Mais ce qui hante la France, pour le 7 mars, ce qui va se produire le 7 mars, c’est bien la grève générale, comme grève totale pour les retraites et contre Macron. Qu’est-ce que la grève générale ?

La grève générale est politique : Macron a fait de sa « réforme des retraites » l’axe central de la restauration de ses pouvoirs ébréchés et de la sauvegarde et relance du régime de la V° République. Comme l’a dit Bruno Retailleau, du groupe LR du Sénat : Macron ne doit pas reculer parce que « reculer serait abdiquer ». C’est exact. Le 7 mars, c’est contre Macron, contre le pouvoir d’État, que des millions vont sortir, comme ils l’ont fait et plus encore que les 19 et 31 janvier dernier, notamment. Le 7 Mars, c’est pour briser la volonté de Macron de NOUS faire abdiquer et le faire abdiquer LUI et le briser que nous serons par millions en grève et en manifestation.

La grève générale réunit les aspirations des exploités, salariés, privés d’emplois, retraités, jeunes. Refuser l’attaque de Macron contre les retraites, c’est affirmer que nous ne voulons pas perdre notre vie à la gagner. Si sa réforme signifie pour Macron sauver son autorité, le retrait de sa réforme signifie pour l’immense majorité qu’une autre vie, un autre monde sont possibles !

La grève générale met sur le devant de la scène les revendications de tous les secteurs. Avec l’exigence de retrait de la réforme de Macron et donc d’abdication de Macron, la lame de fond de défense des retraites porte et galvanise les luttes pour les salaires dans les entreprises. La lame de fond de défense des retraites fait monter la revendication féministe d’égalité réelle qui va s’affirmer le 8 mars. La lame de fond de défense des retraites nourrit les mobilisations massives de défense de l’école publique contre les fermetures de classes comme dans l’Allier ou la Creuse. Les formes d’auto-organisation sont là.

Et, surtout, la lame de fond pour la défense des retraites est en train de nourrir le retour de la jeunesse, lycéenne d’abord, au premier plan, qui va peut-être se produire cette semaine. Les jeunes, les tout jeunes, qui veulent défendre une retraite à laquelle ils ne croyaient déjà plus : qu’est-ce, sinon l’affirmation qu’ils veulent un autre monde, une autre vie, pas ce monde chauffé et détruit par le capital et son préposé Macron ? Ils vont en même temps dénoncer le maintien des épreuves du Bac Blanquer mi-mars, la volonté, de Macron là encore, de leur imposer le prétendu « service national universel ».

Qu’est-ce qui différencie la grève générale des grèves reconductibles ? D’abord que la première est conjuguée au singulier. Ensuite que le sens de la grève générale du mardi 7 mars, c’est de gagner en cassant Macron, pas de se lancer dans de longs, longs, très longs combats sectoriels. De ce fait, les grèves reconductibles qui sont en train de s’amorcer et qui vont effectivement se produire, n’ont lieu et ne se produiront que parce qu’elles sont portées par ce mouvement général, qui les soutient, les enveloppe, suscite des caisses de grève, et tend à se centraliser contre Macron.

Si les 7, 8, 9 mars sont les puissants coups de boutoir qu’ils seront, la question de gagner en battant Macron sera plus centrale que jamais, dans ses deux dimensions concrètes la généralisation de la grève et la montée en masse sur les lieux de pouvoir.

Le 05-03-2023.

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