En un an, les prix des produits alimentaires ont augmenté de 15%

En un an, les prix des produits alimentaires ont augmenté de 15%. Le gouvernement annonce un « accord » avec les distributeurs. Mais il renonce à créer un « panier » anti-inflation.

C’est devenu le premier sujet de préoccupation des Français. En un an, les produits alimentaires ont augmenté de 15%, environ. Et après les négociations entre les grandes surfaces et leurs fournisseurs, ils devraient encore grimper de 10% environ. Le gouvernement le sait. Il cherche une réponse politique, et il n’y arrive pas.

Prenez le panier anti-inflation. Il y a quelques mois, la ministre du commerce, Olivia Gregoire avait imaginé un panier anti-inflation – une cinquantaine de produits de première nécessité, à prix réduit. Le même panier, dans chaque enseigne. Discrètement, le gouvernement vient d’y renoncer. Il n’y aura pas de panier unique. Aux distributeurs d’imaginer leur propre solution. Les magasins U ont été les premiers à le faire, le mois dernier. Ils proposent 150 produits à prix coûtant. Ce week-end, Carrefour, Intermarché et Monoprix ont annoncé qu’ils créaient leur propre panier ; et de son côté, Leclerc continue à clamer qu’il est le moins cher. Entre les enseignes, la bataille d’image est brutale.

Mais politiquement, que fait le gouvernement ? Finalement, il procède avec l’alimentation comme avec le carburant. Il demande aux entreprises de faire un effort. Au groupe TotalEnergies de baisser le prix à la pompe, dans ses stations-services. Aux grandes surfaces de réduire leurs marges. L’Etat incite les entreprises. Il passe un accord avec elles – ici, avec les grandes surfaces. Il n’agit pas directement.

Le chèque alimentaire abandonné ?

Ce renoncement n’est pas le premier. Rappelez-vous le chèque alimentation. La Convention citoyenne pour le climat avait proposé que l’Etat verse de l’argent aux plus démunis, pour les aider à acheter des produits locaux ou bio. Emmanuel Macron avait repris l’idée. Cette mesure figure même dans la loi Climat et résilience. A la dernière élection présidentielle, le chef de l’Etat renouvelé son engagement…. avant de renoncer. Trop complexe, selon Bruno Le Maire, le ministre de l’économie.

Le gouvernement a mis en place une indemnité inflation à la rentrée, pour les bénéficiaires d’allocations – cent euros par foyer, et cinquante euros supplémentaires par enfant à charge. De la même façon, il y a quelques semaines, il a annoncé une indemnité carburant – cent euros, là encore. Il y aussi le chèque énergie. Mais sur le chèque alimentation, l’exécutif cale. Pas seulement pour des raisons techniques, comme le dit Bruno Le Maire. En réalité, le coût de la mesure fait peur au ministre de l’économie. Ce coût est difficile à évaluer, mais selon un rapport administratif, ce serait au minimum 1,5 milliards d’euros par an, et sans doute beaucoup plus. L’association Familles rurales réclame par exemple un chèque mensuel de 65 euros pour aider les familles les plus démunies à se nourrir correctement. La mesure coûterait alors plus de 7 milliards d’euros. Le gouvernement s’y refuse. Trop cher. L’Etat a largement soutenu le pouvoir d’achat, « quoi qu’il en coûte ». Maintenant, il veut tourner la page. [Ndlr, ce lundi 6 mars, le gouvernement annonce tout de même une « expérimentation« , « dans les prochains mois« , « à l’échelle territoriale« ].

Un coût politique

Face à l’inflation, les politiques ont-ils la solution ? Voilà la question. Le gouvernement risque d’apparaître sourd à ce qui se préoccupe des millions de Français : comment se nourrir, et comment se nourrir correctement ? C’est vrai que la réponse politique est difficile. Intervenir sur les prix peut être totalement contreproductif, et distribuer des chèques n’est pas non plus une solution magique. Les subventions ne remplacent pas des hausses de salaires.

Mais alors pourquoi le gouvernement annonce-t-il des mesures auxquelles il renonce ensuite ? Il hésite. Il tergiverse… alors qu’au même moment, sur la réforme des retraites, il avance comme un bulldozer. Le contraste est saisissant. Pour adopter une réforme impopulaire, le gouvernement est résolu. Pour résoudre un problème immédiat, il est timoré. Politiquement, et sans mauvais jeu de mots, ça pourrait lui coûter cher.

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