Le café des libertés : Après le poison, le venin de la division – La réponse lue par 2600 personnes

Deux textes pour personnes adultes « averties »

Si tu es une femme ou un homme de gauche qui aime le mot « camarade », si tu apprécies les débats respectueux et même fraternels, ceux qui sont utiles pour servir notre camp qui est celui de l’émancipation, passe ton chemin. Le texte anonyme du prétendu « groupe de veille sur l’extrême droite dans le bassin de Forcalquier » est révélateur de ce qu’il y a de pire dans une gauche dégénérée en pleine débâcle historique, à laquelle, à son niveau, il contribue.

https://lesgiletsjaunesdeforcalquier.fr/2023/05/cafe-des-libertes-apres-le-poison-le-venin-de-la-division/

Sa réponse est du même tonneau. En dépit des efforts pour appeler à un échange bienveillant, on finit toujours par ressembler à celles et ceux qui vous combattent.

Le mieux peut-être est de ne pas lire ce texte stalinoïde , ni sa réponse, « le poison de la division acte II », même si elle est très documentée, l’exercice reste mortifère.

Bon courage à celles et et ceux qui restent

LR


A propos du texte signé : « Le groupe de veille sur l’extrême droite dans le bassin de Forcalquier »

 Pourquoi prendre la peine de répondre à un torchon stalinoïde ?

 La division est un mal qui ronge la « gauche » et qui fait des ravages depuis des décennies – même si nous avons fini par nous y être habitués –  mais dans un mouvement social d’ampleur, tel que celui en cours, l’exigence d’unité est forte dans les masses populaires et nous en préserve normalement, pour un temps. Il faut croire que ce « groupe de veille » est hermétique à toute influence du mouvement social.

Celui en cours est le plus puissant depuis mai 68, nous venons de vivre un 1er mai historique, la macronie tremble et « le café des libertés » de Forcalquier se voit contraint de répondre à des attaques abjectes: ses supposées accointances avec l’extrême droite.

Surtout au moment où le combat du café des libertés contre le gaspillage des invendus des grandes surfaces vient de remporter un succès juridique dont la portée est nationale. Bravo au café et la camarade qui a écrit qu’elle ne voulait pas défendre « ce type » ( Merlin) devant le tribunal avait évidemment tort.

Un camarade de « gauche » a osé dire, à une membre du café: « la lettre est anonyme, vous ne savez pas à qui répondre, vous l’avez dans le cul ! ». Mettons de côté le caractère homophobe de cette remarque pour rappeler que ce texte non signé convient à une inclinaison bien française des dénonciations anonymes florissantes sous l’occupation, visiblement l’esprit de Vichy perdure.

Nous avons attendu et tenter d’organiser une rencontre, d’amorcer un débat, toutes les portes sont restées closes.

Effectivement ce groupe n’a pas d’adresse, interdisant tout droit de réponse, – que la démocratie bourgeoise concède parfois, – heureusement que ces radicales et radicaux là, n’ont pas plus de pouvoir ! Ce « groupe » n’affiche même pas une page facebook pour diffuser ses lumières comme si  elles et eux avaient un peu honte de leur propre  littérature, du genre à circuler sous le manteau,  en catimini. Montage inutile car elles et ils ont laissé des indices et se sont manifesté.e.s comme regroupant des camarades autour de SUD Education du 04. Ce qui surprend puisque  « Solidaires » a soutenu les Gilets Jaunes dès leurs premiers blocages de ronds points.

Une entreprise de division mortifère au pays de Forcalquier

Les manœuvres de division ont ceci de pervers qu’elles déjouent toutes les conduites unitaires qui finissent toujours, malgré tout, par les aggraver. Les protagonistes au bout du compte se retrouvent seuls dans un coin pour des disputes nuisibles, dans l’indifférence générale quand elles ne font pas fuir les meilleur.e.s.

Le 2 mai dernier, un jeune migrant du café, victime d’une agression raciste par le fils d’un notable local et deux complices, suivie d’une rixe, a été condamné légèrement – soutenu par des gens du café – mais condamné tout de même. Affaire abondamment commentée à Forcalquier (article dans la Provence) mais ignorée par notre « groupe de veille » en chambre, visiblement consacré uniquement à la dénonciation du café..

 Quels sont les objectifs de cette déclaration de guerre ?

 Face à une attaque aussi démesurée et délirante dans ce moment de mobilisation, on peut légitimement se poser la question du but politique poursuivi par ces vaillant.e.s anonymes. Déjà persécuté par la mairie, le procureur et la préfecture, fallait-il mitrailler le café avec des « salves gauchistes », sans doute pour dessiller les yeux des activistes de gauche ou d’extrême gauche qui y sont présent.e.s en nombre ?

Pourquoi vouloir décapiter le café des libertés ? Pour protéger quels intérêts, quel pré-carré ? Quelles sont ses actions ou activités que nos veilleurs et veilleuses veulent- elles ou ils faire cesser, à tout prix ?  Sont-ce les mêmes que celles que combat la Préfète ? Les appels à la désobéissance civile craints dans certains états-majors ?

A un moment, il faut être précis et concret, établir des faits matériels, des déclarations claires et ne pas se nourrir que de péroraisons idéologiques hors sol. Il y a urgence, particulièrement en ces jours–ci de revenir aux mouvements sociaux, à la solidarité, à l’unité et s’éloigner des polémiques éthérées. Revenir sur le terrain de la lutte de classes celle qui fait aimer le peuple quand il est en marche.

 Lutte des classes ou marketing politique contre celles et ceux qui luttent.

Le modèle capitalisme en perpétuel mouvement a généré dans cette dernière phase ultralibérale des politiques de segmentation des marchés, adaptées phénoménalement à des « modes de vie » spécifiques (genre, sexe, âge, ethnie, activités, loisirs, croyances, etc.). L’organisation sociale  et la promotion publicitaire de ces « styles de vie » aliénés confortent les bases matérielles du primat individualiste et accentue la concentration du capital par une production/consommation plus intensive. Il en découle des productions culturelles, idéologiques et politiques au crible desquels, les luttes partielles ou spécifiques de survie sont noyées dans le chaos capitaliste. Le comble est atteint quand l’argument des luttes spécifiques peut être utilisé pour opérer des clivages dans les mouvements sociaux. Bravo les artistes !

Pourtant, toutes les luttes peuvent et doivent converger pour que le mouvement social triomphe, il devra dépasser toutes ces formes de représentations et de délégations plus ou moins bureaucratiques qui défendent des intérêts particuliers, ceux du capital compris.

La division a des bases matérielles avant d’avoir les dissensus idéologiques que la gauche affectionne tant: L’unité est toujours un combat, contre les dominants, mais aussi contre tous leurs affidés !

 Citations de Lénine sur les mouvements de masse où l’on retrouve toujours de drôles de gens qui perturbent les révolutionnaires de salon.

 « …La révolution russe de 1905 a été une révolution démocratique bourgeoise. Elle a consisté en une série de batailles livrées par toutes les classes, groupes et éléments mécontents de la population. Parmi eux, il y avait des masses aux préjugés les plus barbares, luttant pour les objectifs les plus vagues et les plus fantastiques, il y avait des groupuscules qui recevaient de l’argent japonais, il y avait des spéculateurs et des aventuriers, etc. Objectivement, le mouvement des masses ébranlait le tsarisme et frayait la voie à la démocratie, et c’est pourquoi les ouvriers conscients étaient à sa tête…»

Et encore :

« La révolution socialiste en Europe ne peut pas être autre chose que l’explosion de la lutte de masse des opprimés et mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement – sans cette participation, la lutte de masse n’est pas possible, aucune révolution n’est possible – et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. Mais, objectivement, ils s’attaqueront au capital, et l’avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé, qui exprimera cette vérité objective d’une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité, pourra l’unir et l’orienter, conquérir le pouvoir, s’emparer des banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des raisons différentes !) et réaliser d’autres mesures dictatoriales dont l’ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie et la victoire du socialisme, laquelle ne « s’épurera » pas d’emblée, tant s’en faut, des scories petites-bourgeoises. »

 Avant de s’aligner par facilité paresseuse sur « Conspiracy Watch »…

( https://fr.wikipedia.org/wiki/Conspiracy_Watch)

Ce site développe une vision pathologisante du complotisme, un catalogue qui exclue le politique et toute clé de compréhension sociale et sociologique. Il aurait été éclairant pour nos donneurs et donneuses de leçons, de rappeler que son fondateur Rudy Reichstadt est un ultra-libéral, soutien de Macron de la première heure, proche des milieux néo conservateurs américains comme son ami Bernard Henry Levy, tous deux grands amis également d’Israël, cette grande démocratie. Son site vient de recevoir 60 000 euros de Schiappa, il est principalement financé par la « Fondation pour la mémoire de la Shoah et par l’Etat. Avec son collègue  Gérald Bronner, sociologue des firmes ils veulent « réguler » le marché des idées par une instance internationale de qualification. Beau projet : Le communisme y sera mal noté. (https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rald_Bronner) 

Le complotisme est-il l’anticapitalisme des imbéciles ?

Un article magistral sur le « conspirationnisme » a été écrit par Frédéric Lordon en 2012 mais visiblement, il n’a pas été assimilé par nos antifas. Elles et eux sont des adeptes de la pensée magique pour changer l’ordre dominant par la dénonciation formelle, en dehors des aléas des mouvements sociaux. Elles et ils font de la bataille contre l’extrême droite une sorte de guerre de religion, comme des croisé.e.s poursuivant l’hérétique avec un catéchisme proclamé, complètement déconnectés du champ des luttes politiques et sociales.

Pourtant l’expérience du mouvement des gilets jaunes a montré comment une bataille contre l’extrême droite pouvait être gagnée, en immersion sur le terrain.

Au fond du trou, elles et ils creusent encore, c’est leur mission sacrée: Nos frénétiques dénonciateurs n’ont pas encore mesuré l’ampleur du naufrage de cette lutte antifa en France, en Italie, en Espagne et ailleurs…

Sans la moindre analyse politique des succès de l’extrême droite, qui les dépasse et de l’échec actuel du camp antifasciste, ils ou elles psalmodient quand un enfant poserait la bonne question : Pourquoi ?

Une sorte de vision complotiste de la bataille contre le conspirationnisme.

Conspirationnisme : la paille et la poutre par Frédéric Lordon, 24 août 2012 

https://blog.mondediplo.net/2012-08-24-Conspirationnisme-la-paille-et-la-poutre

« Le peuple est bête et méchant, le peuple est obtus. Au mieux il pense mal, le plus souvent il délire. Son délire le plus caractéristique a un nom : conspirationnisme. Le conspirationnisme est une malédiction. Pardon : c’est une bénédiction. C’est la bénédiction des élites qui ne manquent pas une occasion de renvoyer le peuple à son enfer intellectuel, à son irrémédiable minorité. Que le peuple soit mineur, c’est très bien ainsi. Surtout qu’il veille à continuer d’en produire les signes, l’élite ne s’en sent que mieux fondée à penser et gouverner à sa place. »

Les meilleurs complotistes ne sont pas ceux qu’on croit 

  • Quelle meilleure conspiration – toujours active – que celle promue il y a deux siècles et demi par Adam Smith et sa prétendue main invisible du marché qui développe la richesse des nations.
  • Quelle meilleure conspiration que celle ourdie par les candidats à tous types d’élections qui arrivent encore accroire l’idée, qu’un succès électoral et des réformettes changeront le cours des choses.
  • Et celle qui a fait croire que l’intervention militaire française au Mali était menée dans l’intérêt des maliens, comme cela a été accepté par presque tout le monde.
  • Et ceux qui nous faisaient croire des années durant que leur ami Castaner, dit l’éborgneur, puis qu’ Hollande et Valls étaient de gauche.

Pas facile effectivement d’expliquer la différence entre « gauche et droite » à un complotiste ou non !

Des fantasmes et des corrélations comme seul argument

 C’est curieux de constater  que ces dénonciat.rice.eur.s mettent parfaitement en application ce qu’ils reprochent au gens du café : « des illusions de corrélations » c’est à dire que le lien entre deux choses faibles ou  inexistantes est montré comme vérité absolue… » 

A voir des « fachos » partout, on en fabrique surtout partout par « précipité » au sens chimique du terme. Le terme extrême droite ou fasciste ne doit pas être utilisé à la légère comme une insulte qui ne se justifierait pas. L’argument doit être fondé et documenté sérieusement. Les démonstrations rapides et oiseuses par analogies ouvrent une autoroute à celles du RN, comme on peut le constater partout.

Mettre Louis Fouché -personnage effectivement controversé – qui remplit des salles « d’alters » de tout type, sur une liste de dénonciation de l’extrême droite, frise le ridicule. Voir la présentation de son film : Tous résistants dans l’âme. 

En quoi peut-on affirmer que ce texte est de conception inquisitoire voir stalinienne pour faire plus moderne. 

Etablir une liste d’organisations et de personnalités en les taxant d’appartenir à une nébuleuse confusionniste pour finalement les classer à l’extrême droite et affirmer que tout lien, de quelque nature qu’il soit avec ces personnages ou organisations prouve les dérives à l’extrême droite du « café des libertés »,c’est aller un peu vite en besogne ! Pour le dire poliment.

En d’autres temps et en d’autres lieux des hommes et des femmes ont été fusillé.e.s avec de telles allégations et rapprochements sommaires, dans des procès express. 

Un classement erratique des fachos marqué par la confusion

Ce « classement » exécuté à la manière d’un entomologiste pressé, ne laisse aucune place à la pensée complexe qu’affectionne Lordon, il faut juste le relire.

Yannick Lescure est le seul « facho » de la liste, malin, il s’est fait prendre en selfie avec Merlin lors d’un concert d’HK – il y avait 2700 personnes – mais aussi avec Kaddour Hadadi d’HK , facho lui aussi ? Il a réussi a piéger Foucher lors d’un déjeuner filmé, la belle affaire…

D’autres nominations incongrues ne méritent même pas de commentaires, c’est la confusion de la « liste » pour dénoncer la confusion qui interroge.

 Confusion, complotisme, extrême-droite, fascisme, nazisme

 Ce continuum, parfaitement confus en l’occurrence, dessert dramatiquement la recherche des pistes pour justement contrecarrer les offensives que l’extrême droite est en situation de mener sur bien des terrains avec un succès, pour l’heure malheureusement croissant.

Les très longs développements sur les thématiques confusionnistes, complotistes, anti-vax, anti IVG,  anti-mariage pour tous, etc., etc. forment un « digest » à peu près recevable des idées fausses, dans l’air du temps. Mais cette démonstration sert essentiellement à légitimer l’autre sombre partie du texte : Des dénonciations fielleuses, des calomnies et des contre-vérités contre le café.

Le problème, et il est de taille, c’est que rien ou presque rien ne correspond à ce que disent ou font les camarades du café des libertés.

Pour le vérifier, il suffisait juste d’enquêter sérieusement auprès du café, d’en discuter avec ses membres, un débat fraternel, au moins leur accorder une sorte de « droit de réponse », au lieu de déverser ces allégations en vrac, sorties à coup de copiés/collés, tirés du petit opuscule approximatif pour antifas pressé.e.s et paresseu.se.s.

On y trouve malgré tout des raccourcis baroques :

« …et la critique de la technologie devient trop souvent essentialiste, niant les existences et les droits des personnes trans et lgbtqia+ et niant les droits sociaux dans leurs ensemble. »

Il faut pourtant prendre garde à ce que le traitement de ce sujet sensible « Trans et lgbtqia+ », ne prenne pas l’aspect d’une marotte ou pire encore d’un instrument de clivage, agité dans les travées en tintinnabulant.

De plus : Que la technologie soit effectivement essentialiste ne correspond qu’à un mode de pensée particulier ! Comment la critique de l’essentialisme pourrait alors nier l’essence propre des êtres humains, quel que soient leur couleur de peau, leur genre, leur sexe, etc…!

On apprend ici que le café n’est pas opposé contrairement à toute la gauche sans doute « au système économique capitaliste.» Cette assertion est juste démentie par toutes les actions du café depuis des années, grandes oubliées de cette philippique. Mais « ils le font exprès … pour faire genre » comme on dit à la récré.

« …Ces positionnements sont donc dangereux car empêchent l’accès à l’information, aux droits, à la prévention des risques, à l’élaboration d’un avis et aux choix éclairés et conscients de chaque personne… » Voilà à contrario un bel hommage au monde de la macronie qui nous forme et informe si bien. Comme si la politique vaccinale, le QR code, le confinement ne pouvait pas être interrogée.

Confronté.e.s à la débâcle du bloc des gauches, – des sociaux-démocrates aux sectes gauchistes – pour changer la vie, il faut faire preuve d’un minimum de charité intellectuelle pour comprendre celles et ceux qui se disent antisystème plutôt qu’anticapitalistes quand la plupart de ces derniers défendaient l’URSS et la Chine, entre autres méfaits en matière de collaboration de classe.

Le café des libertés lancé à la suite d’une réunion de gilets jaunes en février 2021

Le café en plein succès a attiré beaucoup d’attentions, il a subi les tentatives d’intrusion voraces de la mouvance complotiste et/ou d’extrême droite, il a résisté et le « café des libertés » les a vaincues, des camarades y veillaient, comme sur les ronds points, même si toutes les misères du monde y étaient acceptées, là aussi.

L’action collective et radicale contre la macronie et ses sbires, le respect mutuel, la bienveillance, la solidarité, le service, le fait de toujours, marcher ensemble sont les clés du succès extraordinaire deux années, durant de cette « commune » qu’est le café des libertés à Forcalquier. Visiblement, cette réussite objective ne semble pas être si répandue, puisqu’on vient la visiter de partout ; il faut espérer qu’elle perdure malgré ces assauts croisés.

Le café des libertés est installé dans deux lieux auto-gérés à Forcalquier. Il a été capable de réunir 2000 personnes, d’en mobiliser 500 et dispose d’une force de frappe rapide de 15 militant.e.s mobiles et déterminé.e.s. femmes et hommes, français et immigrés, qui agissent.

Quand il y aura un « café des libertés » installé dans chaque ville de France de 5000 habitants, cela signifiera que nous serons rentrés dans une autre période. Celle où comme dirait Gramsci :  «le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. » Pour dire que rien n’est gagné.

C’est juste à cette perspective qu’on se prépare au café, avec des actions clairement de désobéissance civile, toujours affichées anticapitalistes. Elles et ils sont des résistant.e.s dans un paysage politique qui en manque.

Les pièces du dossier à charges 

On ne va pas reprendre point par point et en détail, toutes les affirmations manipulées et/ou mensongères de ce torchon stalinoïde, – la vie en dehors de ces cénacles pathogènes est belle en ce moment, la lutte continue, de l’air – ses rédactrices ou rédacteurs anonymes ont des progrès à faire, en matière de tribunal spécial, pour rivaliser avec leur maître, lui savait faire avouer ses victimes au terme de procès expéditifs.

Se faire interviewer c’est une promotion de l’intervieweur

François Bégaudeau écrivain d’extrême gauche anti-capitaliste est passé dans l’émission d’Eric Morillot classable sans doute à l’extrême droite, par nos expert.e.s, comme Juan Branco ou Laurent Mucchielli, des fachos bien sûr. François Bégaudeau face à l’extrême droite explique l’intérêt de ce type de débat : Minute 42.50 https://youtu.be/IAx6hr9AIE8,

François Bégaudeau reçu par le « Livre Noir » : https://www.youtube.com/watch?v=PCrAUecazsM

Lénine – encore lui – disait on te donne un fusil, prends-le, Merlin en bon communiquant a compris : on te donne un micro, prends-le, tant que tu peux délivrer l’intégralité de ton message à des milliers d’auditeurs.

Pourquoi ces réseaux sociaux classés avec plus ou moins de pertinence à la droite de la droite taillent-ils des croupières à ceux classés à gauche, en terme de nombre de plates formes et surtout en terme d’audience ? Une blogosphère de droite tentaculaire recycle l’écologie, l’autonomie, la permaculture, la naturopathie, les monnaies locales et même la physique quantique. Nous chassons cette prétendue « extrême droite » armés de vieux réflexes alors qu’elle a changé d’atours. Ils se développent de toute évidence, et bien sûr, se sont intéressés mais sans succès au café.

Dans leur chasse aux sorcières, nos antifas ont du nous faire perdre des batailles. Il ne suffit pas de crier en italien « siamo tutti antifascisti » les jours de manif, en France.

Les conférences :

Quant aux conférences, une a été organisée sur le barde Jean Jacques Crèvecoeur, – juste un habile vendeur de boniments et de potions magiques – par le compagnon d’une accusatrice particulièrement acerbe. Ce manque de discernement reconnu, ne fait pas de notre, toujours ami conférencier, un allié objectif de l’extrême droite ?

Merlin un homme de QAnon :

Autre accusation grotesque, Merlin est proche de QAnon, ( qui n’est qu’une entité virtuelle) avant de rentrer au tribunal. Il a juste voulu rappeler que si lui risquait la prison, le juge vice président du tribunal de Dijon qui a présenté sa fille de 12 ans dans des réseaux pédophiles n’a subi lui aucune peine de prison. Par ailleurs, la disparition définitive de 1000 enfants chaque année en France est un vrai sujet, il nous préoccupe.

Défense de l’école laïque républicaine :

Au café sont passé.e. s des intervenant.e.s dont des enseignant.e.s syndiqué.e.s pour des ateliers  sur des écoles alternatives, écrire : « …s’oppose aux interventions légales et obligatoires pour une éducation à la vie affective relationnelle et sexuelle dans les établissements scolaires… » est étrange. La critique radicale de l’institution scolaire, appareil idéologique d’état encasernant les enfants est très ancienne et a été particulièrement virulente après 68 avec des livres à succès «L’école capitaliste en France » (Baudelot, Establet, 1971) ou celui sur les « libres enfants de Summerhill. Le temps de la restauration est-il venu ou ne serait-ce qu’une crispation corporatiste ?

Une très bonne appréciation sur l’école: François Bégaudeau minute 32: https://youtu.be/IAx6hr9AIE8

Les « quenelles » :

Le présumé coupable racontait en rigolant comment il avait échappé à deux reprises à une arrestation policière rocambolesque, avec le même geste, avec la signification analogue à celle du bon camarade qui nous disait : «vous l’avez dans le cul ! » Mais les « intégristes » voient des péchés partout.

Le harcèlement par courriels : 3 courriels de 5 lignes

Les menaces : Curieux fantasmes mais avec le « ressenti » tout est envisageable …

La manif du 14 avril : Un article à ce sujet a été écrit sur le site des gilets jaunes de Forcalquier ; https://lesgiletsjaunesdeforcalquier.fr/2023/04/le-poison-de-la-division-contre-le-cafe-des-libertes/ Lu par plus de 1500 lecteurs, sans compter les partages, cet article retraçant la manifestation de 14 avril à Forcalquier n’a reçu aucun démenti : La messe est dite !

Trop de présence et bruit dans les cortèges, comme dans une « manifestation » en somme; c’est ce que la CGT reprochait déjà aux gauchistes. 

Conspirationisme et religion – la haine du complotisme remplacera-t-elle la haine de la religion dans une certaine gauche dogmatique ?

L’erreur stratégique d’une certaine gauche laïcarde, vis-à-vis de l’Islam a eu des conséquences catastrophiques ; elle explique en grande partie l’absence des mobilisations des quartiers populaires dans les mobilisations sociales. C’est pour tant un élément central, décisif et incontournable qui marque durablement la situation politique française. Est-ce une surprise de constater que dans ce champ politique en ruines, les thèses complotistes remplissent le vide et y font flores ? Elles étaient déjà présentes dans le Rap des quartiers, il y a 20 ans !

Le combat des vrais socialistes contre la religion devrait pourtant nous inspirer en remplaçant les notions de « religion » par celles de « complotisme. »

Rappel d’un texte de référence sur la laïcité : http://www.libres-penseurs.org/concept-de-la-laicite.html

Pour ne pas répéter ces fautes, il y a lieu de s’inspirer des travaux de Pierre Tevanian « Ou comment l’athéisme est devenu l’opium du peuple de gauche », remplacer athéisme par anti-complotisme.

La bataille contre les idées complotistes est bien entendu nécessaire et il faut commencer par s’interroger sur le succès de ces théorisations, quand celles du camp progressiste sont toujours à la peine. Le recours à la « religion » pour expliquer et comprendre le monde est de tradition millénaire – le recours à la science bien plus récent – et est plus massivement disponible que l’analyse critique, surtout quand celle -ci est produite façon « kaléidoscope » par mille organisations concurrentes qui se mènent une guerre fratricide depuis des décennies.

Ce qu’en disait Marx :

« Nier la religion, ce bonheur illusoire du peuple, c’est exiger son bonheur réel. Exiger qu’il abandonne toute illusion sur son état, c’est exiger qu’il renonce à un état qui a besoin d’illusions. La critique de la religion contient en germe la critique de la vallée de larmes dont la religion est l’auréole. »

« La détresse religieuse est pour une part l’expression de la détresse réelle, et pour une autre part, la protestation contre la détresse réelle .»

« La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit des conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple »

Opium dans le sens d’une drogue pour supporter une situation vécue comme insupportable.

Les complotistes dans quel camp ?

La cabale éradicatrice de nos chasseurs de confusionnistes et/ou de complotistes assimilés à l’extrême droite est déjà en échec. La « religion » comme le « complotisme » n’est pas l’ennemi en soi car il n’est que le reflet de l’infrastructure économique qui produit des dominés. Le combat doit porter en priorité sur le démantèlement de cette dernière, principalement par l’argument de la lutte des classes.

Pour des anticapitalistes, des complotistes peuvent même être des alliés, quand les religieux aspirent au paradis ou attendent le sauveur ; ceux-là, aussi diversifiés soient-ils affirment clairement vouloir changer le monde et renverser le « système », l’ordre établi, en participant à nos côtés à bien des manifestations.

Dans cette lutte émancipatrice, certains croyant.e.s ont pu d’ailleurs se révéler être des allié.e.s ( « La Rose et le Réséda » d’Aragon) de la résistance. Du reste, dans les milieux complotistes, on rencontre des activistes radicaux déterminé.e.s pour renverser l’ordre dominant du monde actuel et qui dénoncent toutes les compromissions.

Lénine – encore lui – refusait de distinguer « ceux qui croient en dieu et ceux qui n’y croient pas », commençons par l’appliquer aux étiqueté.e.s complotistes, le tri se fera vite en marchant avec eux, contre le pouvoir. C’est dans ce creuset en fusion des luttes sociales que chacun et chacune verront qui sont ses vrais amis et ses vrais ennemis.

Les ignorer, les mépriser, c’est les « précipiter » d’emblée dans les bras de l’extrême droite, c’est une erreur politique tragique, comme celle qui a coupé les populations des quartiers populaires des combats communs.

D’où elles ou ils parlent ?

Entre les, « éléments de langages rhétoriques »,  les « biais de représentativités », et « les illusions de corrélations », on voit que les auteur.e.s ont bien travaillé – au sens scolaire du terme -pour donner un petit air scientifique à cette diatribe, d’humeur. Se poser en linguiste pour parler politique au peuple est sans doute du dernier chic, encore un snobisme de gauche. A moins que les destinataires soient autres, trié.e.s sur le volet, en un entre soi qu’affectionnent une certaine gauche identitaire et sectaire.

Ce sont les structures et conditions sociales qui forgent les idées et non l’inverse, si bien qu’il est particulièrement difficile de penser hors de sa classe. En tant que classe, la petite-bourgeoisie est prise en étau entre les capitalistes et le prolétariat et n’a aucun avenir. Elle voudrait vendre au capital sa capacité à représenter les travailleurs dans des compromis, aujourd’hui impossibles, crise oblige. Et quand la colère sociale s’exprime avec force, elle sent bien, impotente, qu’elle ne peut que suivre le mouvement tout en craignant effrayée, ses débordements. Cette résignation ainsi   intégrée, la prédispose à la recherche sans fin de compromis, d’où sa propension aux questions idéologiques, à la segmentation permanente des luttes, aux controverses inutiles, aux divisions sans fins dans tous les domaines, aux querelles fratricides. On prête à Mao cette image : Le petit bourgeois se contente de soulever les problèmes au-dessus de sa tête et ne pouvant les résoudre,  les laisse retomber sur ses pieds.

Nous vivons des temps funestes, la fin d’un cycle : Le bloc des gauches a perdu toute attractivité parmi les masses populaires, pourtant les agents de ce désastre sont toujours à l’œuvre 20 ans après la claque électorale de Jospin en 2002.

Les gilets jaunes ont du passer par-dessus la tête de tou.te.s celles et ceux qui étaient censé.e.s les « représenter », du jamais vu dans les mouvements sociaux, une grande première historique.

Dans cette situation, on frémit en envisageant les conséquences d’un rejet politique doctrinaire en dehors des réalités vécues dans les périphéries : Le succès évident des thèses conspirationnistes dans les milieux populaires. Une coupure analogue avec celle installée vis à vis des quartiers populaires serait fatale. Un précédent historique dramatique devrait frapper les esprits les plus obtus : Le basculement des ouvriers pauvres massivement organisés à Berlin par les communistes en  « lumpenprolériat » dans le camp des nazis lui a causé des ravages fatals.

Le mouvement ouvrier a connu d’autres combats sur le terrain des idées, d’une toute autre ampleur : contre l’emprise de l’église, contre le nationalisme guerrier, contre l’assentiment au colonialisme, aujourd’hui contre les guerres et les surconsommations destructrices, etc.  Les révolutionnaires doivent être au sein des masses comme un poisson dans l’eau disait Mao.

Jacques Chastaing https://www.facebook.com/jacques.chastaing, vieux militant anticapitaliste vient d’écrire : « Nous sommes en train de gagner aujourd’hui dans ce mouvement une conscience collective et une force avec de nouveaux militants qui vont nous permettre bien des succès à venir. C’est énorme parce que c’est ça qui va nous permettre de tout reprendre. Pour participer pleinement à ce moment, y être utile, il nous faut rompre avec les routines de pensée et de comportement du temps passé, il nous faut être à la hauteur des circonstances de cette page de l’Histoire qui s’ouvre. » 

Le café des Libertés et la CGT : https://lesgiletsjaunesdeforcalquier.fr/2023/04/la-fusion-des-revoltes-tant-attendue-syndicalistes-gj-cafe-des-libertes/

Un évènement concluant :

Le 5 mai, le café des libertés vient de remporter un succès juridique – après 20 000 euros de frais de procédure divers – majeur puisque Merlin a été relaxé des poursuites pour vol aggravé des invendus des supermarchés. Cette décision de justice ouvre la voie à une jurisprudence nationale puisque le procureur n’a pas interjeté appel du jugment ce qui obligera les grandes surfaces à mettre en place des dispositifs adaptés. Des dizaines de tonnes d’aliments gaspillés chaque jour vont pouvoir être redistribuées à celles et ceux qui en ont besoin.

3 Comments

    • Peux-tu, faire un effort de ton côté pour comprendre pourquoi le terme féminin de « gauchiasse » te vient à l’esprit ? C’est quoi ton problème camarade ? On en parle si tu veux…

  1. curieux amalgame que fait ce « groupe de veille »..assimilant la resistance le complotisme à l extrême droite.
    manoeuvre macroniste tout simplement…les yeux ouverts ne peuvent se laisser berner..

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