Des manifestations interdites pour le 8-Mai : les justifications de la Macronie

Demonstrators take part in a concert of pans to protest during French President Emmanuel Macron’s televised address to the nation, after signing into law a pensions reform, in Rennes, western France on April 17, 2023. (Photo by Damien MEYER / AFP)
DAMIEN MEYER / AFP
Des manifestants contre la réforme des retraites, photographiés à Rennes le 17 avril.

POLITIQUE – Un lundi 8 mai sous très haute surveillance. À l’occasion de la commémoration de la capitulation de l’Allemagne nazie, Emmanuel Macron se pliera à la traditionnelle remontée des Champs-Élysées et à la revue des troupes, avant de filer à Lyon afin de rendre hommage à Jean Moulin au Mémorial de la prison de Montluc, à l’occasion du 80e anniversaire de son arrestation par la Gestapo.

Intervenant dans un contexte social tendu, ces cérémonies font l’objet d’une surveillance drastique décidée par les autorités. Ainsi, la préfecture de police de Paris a publié deux arrêtés vendredi 5 mai interdisant les manifestations dans un large périmètre entourant les Champs-Élysées.

« Union nationale »

« Cette cérémonie officielle est susceptible de constituer une cible privilégiée et symbolique pour des actes de nature terroriste », justifie la préfecture, qui a aussi interdit les rassemblements « non déclarés ». Mêmes précautions prises à Lyon, où la préfecture du Rhône a annoncé la mise en place d’un périmètre de sécurité avec, notamment, l’interdiction des « cortèges, défilés et rassemblements revendicatifs », alors que des opposants à la réforme des retraites avaient déjà annoncé des casserolades pour accueillir le chef de l’État près du site.

Un arrêté préfectoral qui a d’ailleurs fait l’objet d’un recours devant le tribunal administratif de la part de la CGT du Rhône à l’origine de ce référé liberté. Alors que des décisions préfectorales liées aux déplacements d’Emmanuel Macron ou d’Élisabeth Borne ont été critiquées pour leur zèle, plusieurs figures de la Macronie ont justifié ces mesures prises pour ce lundi 8 mai.

« La liberté de manifester est totale dans notre pays. Elle n’exclut pas le respect de la capitulation de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945 », a déclaré ce dimanche Bruno Le Maire sur BFMTV, estimant que ce jour « doit rester un moment d’union nationale ».

« Les uns et les autres font ce qu’ils veulent »

Une analyse partagée par Loïc Signor, porte-parole de Renaissance. « Chacun serait sensé de faire une trêve dans la contestation contre la réforme des retraites », a-t-il estimé sur cette même chaîne, jugeant que des casserolades seraient « déplacées » en ce jour particulier. Au-delà du seul cercle macroniste, le président LR du Sénat, Gérard Larcher, a aussi déploré que des opposants à la réforme veuillent organiser une action en marge d’une cérémonie. « C’est inacceptable quand on veut croire aux valeurs de la République », a grondé sur LCI le sénateur des Yvelines.

En amont du déplacement du chef de l’État, l’Élysée jurait ne pas trop porter attention aux éventuelles perturbations. « Les uns et les autres font ce qu’ils veulent. Le Président de la République, lui, vient évoquer la figure de Jean Moulin et l’apport fondamental de la Résistance à la construction de ce que nous sommes aujourd’hui dans un cadre républicain, ni plus ni moins. Pour le reste, chacun est libre de faire ce qu’il veut, comme il le veut, dans les limites définies par la loi », déminait un conseiller élyséen, renvoyant donc la balle dans le camp préfectoral. À Lyon, l’interdiction de manifester est désormais entre les mains de la justice, et plusieurs groupes locaux continuent d’appeler à la mobilisation.

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