Le modèle agricole tue

LR: Titre de ka rédaction
jean-maurice bonnefond
21 mai 2023
Partage assez le point de vue de Christelle Raoux.
Oraison lutte contre les épandages dangereux de produits « phytosanitaires »
Ne saurai donner de leçon à personne. Tiens à contextualiser cette lutte, à prendre quelques avis éclairés
à partager les connaissances, à œuvrer ensemble à mieux, beaucoup mieux.
L’objectif ne saurait être une guerre de tranchées ne faisant que plus de victimes et pour longtemps. Il nous faut reconstruire la solidarité autour des biens communs à commencer par l’eau qui irrigue les terres (et les paysans) qui nous nourrissent .
Il y faut une stratégie, visant le long terme.
Il y faut des choix tactiques en actions ponctuelles (parfois urgentes) mais qui, jamais, ne doivent nuire aux espoirs lointains.
Est-il nécessaire de rappeler que ce sont des terres autrefois paysannes sur lesquelles ont été construits des pavillons ?
Et que l’extension des entreprises et des zones pavillonnaires, par l’effet des entrées/sorties du tunnel autoroutier de l’A51 se traduit en une sorte de révolution démographique largement au « détriment » de Digne et Forcalquier/Mane et au « bénéfice » de Manosque, Oraison/Volx ? Que les sièges de la Préfecture et de la Sous-Préfecture signent cruellement
le décalage des pouvoirs publics et de leurs serviteurs nationaux dans la gestion vécue des territoires.
Les principaux décideurs politiques et financiers de ces choix sont aujourd’hui aux abonnés absents, laissant les pauvres s’étriper entre eux sur les impensés qui hypothèquent la santé de tous les riverains, proches ou lointains
des champs des bords de Durance.
Dans les bagages de cet « aménagement structurant » (dans la novlangue des décideurs anonymes)
il y avait une agriculture faite d’exploitants/exploités agricoles trimant aux bénéfices des multinationales
de l’agro-alimentaire, du BTP, du machinisme agricole, des semences et du génie génétique.
Les GAFAM ont fini par se joindre au festin.
Le véritable élément structurant, de mémoire d’Homme, reste la Durance. C’est sur les berges de son cours régulé
par les barrages, à commencer par la retenue de Serre-Ponçon que le tracé de l’A51 a été dessiné. Probablement
une des moins onéreuses construction autoroutière de France visant à développer la Région PACA autour des 2 axes majeurs retenus il y a 50 ans par la DATAR, la vieillesse et le tourisme au soleil. L’A51 a surtout été construite pour permettre à la population de la métropole d’Aix-Marseille de se rendre dans les stations de sports d’hiver.
En agissant nous n’avons pas le droit à l’oubli de toutes les santés ravagées, à commencer par celles des paysans
qui payent un tribut effroyable que la Mutualité Sociale Agricole, avec la FNSEA et le ministère de l’agriculture
s’évertue à planquer.
Nos « décideurs économiques », à commencer par « notre » Président et ses redoutables ministres de l’Intérieur, de la Santé et de l’Agriculture et leurs relais nous cachent les chiffres de l’hécatombe des suicides ainsi que l’impact récent de la désastreuse gestion humaine liée à la syndémie du Sars-Cov-2, sur ces chiffres.
Il faut comprendre que nous sommes devenus les quasi « leaders » du suicide en Europe. 2 fois le nombre
des morts sur la route et sans le moindre radar dans une indifférence cultivée avec talent par les pouvoirs publics.
Chaque année,  près de 10.000 de nos concitoyens  dont plus de 600 paysans réussissent à se suicider
(Alors que les paysans ne représentent plus même 1,5% des actifs).
Nos actions dans leurs buts et leurs formes doivent prendre en compte toutes les réalités.
Il est quasi impossible de l’accepter pour des personnes réduites à l’extrémisme de la douleur ou de la peur.
Nous avons à les écouter, les comprendre et les accompagner. Cela ne peut se faire que par l’acquisition
d’une vraie culture partagée. Nous avons tous tant à apprendre et réapprendre ensemble.
Les vrais responsables de ces situations sont les pouvoirs publics. Bien souvent avec la complicité inconsciente ou intéressée de maires et de paysans acculés pour les premiers à tenter de maintenir un minimum de services publics autour d’une école sanctuarisée et pour les seconds amenés à la vente immobilière de leurs terres pour compenser de trop ridicules retraites).
Environ 20% de nos paysans sont sous le seuil de pauvreté et 22% des agriculteurs touchent probablement
le RSA (Et Bruno Lemaire veut exiger d’eux 20 heures par semaine alors qu’ils en font peut être de 60 à 80 ?)
Ici, dans les Basses-Alpes, ce sont peut être près de 500 personnes qui vivent de la terre dans ces conditions.
Et qui n’a vu dans les champs, ces derniers temps, des migrants africains ou maghrébins  ayant traversé la Méditerranée pour contribuer à nous nourrir de leur travail ? Ils nous disent  » Ceux qui traversent la mer connaissent la terre ».  Ils ont tous mémoire familiale d’un ou d’une de celles et ceux qui se sont noyés dans la « mare nostrum »  (Le 1/3 de la population de Oraison + Volx, chaque année).
J’ai voulu faire ici un peu le tour de la question du plus proche au plus lointain.
Les éléments et tout spécialement l’eau sont les vrais véhicules de nos vies. Nous avons à repenser leurs
places cruciales et tous les usages que nous en faisons pour les enfants et les enfants des enfants des
hommes et des femmes, des animaux et des plantes.
De manière très pratique, dans ces beaux combats déjà engagés il nous faut trouver des partenaires, des amis
de tous genres âges et formations.
Je souhaite que nous nous rapprochions du LAMA (LAboratoire de la Montagne Alpine, à Grenoble) parce qu’il
pourrait s’y trouver un thésarde ou une thésarde que pourrait intéresser l’inventaire des acteurs passés présents
et à venir autour du bassin de la Durance et des pistes d’avenir qui pourraient s’y dessiner pour retrouver
le chemin d’une agriculture vivrière raisonnable et créatrice d’emplois nombreux et de première nécessité
correctement rémunérés.
Nous n’avons ni les uns ni les autres le temps d’accomplir ce travail préalable. Il est probablement dans les missions de quelques organismes et structures, y compris départementales et régionales chargées de la prospective.
Bon courage et à bientôt.
Je joins 4 liens
Le premier est de Jancovici (je ne partage pas tous ses points de vues, loin de là) en ce début mai
dans les rencontres de prospectives agricoles du Domaine de Grignon.
Surtout pour les 2 points suivants de son exposé, Pauvreté du monde agricole
et Nappes phréatiques.
Le deuxième, la révolte des 1ers reçus au concours d’Agro Paris-Tech, cette année passée
est le signe évident d’un changement de cap sociétal au regard du monde paysan.
Le troisième de Hemma Haziza, crise de l’eau sur Thinkerview, il y a 1 an.
En dernier, une photo d’un ami arbo à qui je compte rendre visite en dessous de Serre-Ponçon pour recueillir
son avis. J’ai travaillé avec lui il y a 20 ans dans les champs pour comprendre ce qui s’y passait.
En transition du raisonné vers le bio avec des fruitiers et du maraîchage avec vente locale
il est catastrophé par les prix qu’ont atteint l’énergie électrique … qui alimente les AC (Atmosphères
Contrôlées pour des fruits qu’on peut conserver au frais et ainsi vendre hors saison)
A l’époque je travaillais main dans la main, en com, avec le Conservatoire Botanique
de Gap-Charance qui venait de récupérer les collections de pommiers et poiriers, rapatriées
d’Angers où sévissait le « feu bactérien ». S’y trouvent respectivement 500 et 800 variétés. Tellement
plus que la vingtaine de variétés de pommes et poires qu’offre « Le Marché ».
Intervention de Jean-Marc Jancovici dans le cadre de « Domaine d’Avenir : Produire dans les limites du système Terre” – Grignon
« Moins de pétrole dans une économie qui se décarbone trop lentement, c’est un arbitrage de la collectivité qui se modifie. Quand les gens auront moins d’argent, vont-ils continuer à avoir un smartphone et regarder Netflix, en ne mangeant que des pâtes?
Ou vont-ils privilégier de manger des légumes et d’avoir un smartphone de moins bonne qualité?
 » Thèmes abordés : – Transport et dépendance des villes – Viande et surface cultivable par personne – Epuisement des énergies fossiles – Pauvreté du monde agricole – Nappe phréatique – Pic pétrolier – PIB mondial et pétrole – Puissance publique et arbitrage – Prix de la nourriture, diversification de la production et déspécialisation des régions – Emploi – Comment faire rentrer de l’argent dans le secteur agricole

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