En France, quand un policier abat un adolescent de sang froid ou participe à un lynchage, l’État répond en donnant plus de droits à l’institution et en proposant de légaliser l’inacceptable.
Accompagné du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, et du directeur général de la police nationale Frédéric Veaux, le ministre de l’intérieur a reçu hier Place Beauvau des représentants des principaux syndicats de policiers.
Il aura suffi que moins de 5% des policiers se mettent en arrêt de travail quelques jours pour que le gouvernement accède à leurs revendications.
Une insulte supplémentaire quand on pense que les victimes n’ont pas été ne serait-ce que mentionnées une seule seconde.
Ou encore que le gouvernement est resté sourd au mouvement des retraites qui a mobilisé des millions de personnes pendant des mois.
Alliance, SGP-FO, l’UNSA-Police et le SNCP réclamaient :
– Une modification de l’article 144 du CPP sur la détention provisoire spécifiquement pour les policiers.
– Le maintien des primes pendant la période de suspension d’un agent.
– Une protection juridictionnelle, financière et familiale.
– L’anonymat des policiers. (C’est encore vague mais on imagine que cela pourrait vouloir dire qu’un policier reste anonyme après avoir commis un crime ou un délit).
Pour Linda Kebbab, déléguée nationale Unité SGP Police-FO « le ministre de l’Intérieur «a visiblement bien compris la colère des collègues et l’incompréhension qui est la nôtre» (source RTL).
Gérald Darmanin s’est engagé à explorer des pistes de réflexion sur la détention provisoire des policiers. Dans l’idée, sous couvert de présomption d’innocence, un policier pourrait ne plus être incarcéré avant le verdict d’un procès.
Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat d’extrême-droite Alliance, ressort très enthousiaste de cet entretien, estimant que Darmanin « ne voit pas d’inconvénients en tout cas à travailler sur l’article 144 du Code de procédure pénale, qui concerne la détention provisoire, afin qu’on mette une clause et que notamment les forces de l’ordre soient exclues de ce dispositif, dans l’exercice de leur mission bien évidemment ».
David Le Bars, représentant d’un autre syndicat d’extrême-droite, le Syndicat des commissaires de la police nationale (SNCP) s’accorde aussi à dire que Gérald Darmanin va dans le bon sens, en précisant que le ministre ne peut malheureusement pas décider seul.
Autre point, les policiers pourraient aussi obtenir un remboursement intégral de leurs frais d’avocat. Ils demandent la création d’un guichet unique. La protection juridique de ces policiers est à la base destinée à la protection des policiers en cas d’agression ou de problème de santé.
« La protection fonctionnelle est un grand pas parce qu’un collègue aura enfin ses frais d’avocat payés. Enfin, il aura son salaire entièrement payé » se réjouit Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police-FO.
En somme, le message est clair, toutes les institutions se foutent du sort de Nahel, Hedi et tant d’autres frappés, mutilés ou tués par la police.
Elles approuvent des meurtres et des lynchages et souhaitent faire en sorte que la police ne puisse plus être inquiétée quelle que soit la gravité des faits reprochés.
Ce qui se joue actuellement est une fabrique légale de l’impunité totale des policiers.
La République est prête à tout céder à la police.
Et la police protège celle-ci, face à la colère sociale, et sa légitimité qui s’effrite d’année en année.
Donner les pleins pouvoirs à la police au détriment de la justice, c’est lui assurer une protection et un pouvoir de contrôle direct sur la population comme dans tous les régimes autoritaires et dictatures.
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