L’aviation civile russe confirme la présence d’Evgueni Prigojine à bord de l’avion qui s’est écrasé

Capture d'écran d'une vidéo représentant Evgueni Prigojine, publiée le 21 août 2023 sur le canal Telegram @Razgruzka Vagnera, l'un des canaux du groupe Wagner.

https://www.lemonde.fr/international/live/2023/08/23/guerre-en-ukraine-en-direct-evgueni-prigojine-etait-sur-la-liste-de-passagers-d-un-avion-qui-s-est-ecrase-au-nord-de-moscou-selon-l-aviation-civile-russe_6186264_3210.html

L’aviation civile russe confirme la présence d’Evgueni Prigojine à bord de l’avion qui s’est écrasé

Evgueni Prigojine et son bras droit, Dmitri Outkine, se trouvaient bien à bord de l’avion qui s’est écrasé mercredi au nord-ouest de Moscou, affirme l’Agence fédérale du transport aérien russe. « Selon la compagnie aérienne, les passagers suivants se trouvaient à bord de l’Embraer-135 (EMB-135BJ) : Propoustine Sergueï, Makaryan Evgueni, Totmine Aleksandre, Tchekalov Valeri, Outkine Dmitri, Matouseïev Nikolaï, Prigojine Evgueni », écrit-elle sur Telegram.

La chaîne Telegram Grey Zone, liée au Groupe Wagner, a quant à elle confirmé la mort d’Evgueni Prigojine. « Le chef du Groupe Wagner, un héros de la Russie, un vrai patriote, est mort du fait des agissements de traîtres à la Russie », peut-on y lire.

Joe Biden « pas surpris » de la possible mort d’Evgueni Prigojine

« Je ne sais pas encore tout à fait ce qu’il s’est passé, mais je ne suis pas surpris. Peu de choses se passent en Russie sans que Poutine y soit pour quelque chose », a déclaré le président américain, qui s’exprimait depuis des montagnes de l’Ouest américain, où il se trouve avec sa famille.

Huit morts parmi les débris

Les corps de huit personnes ont été découverts sur le lieu du crash, selon les services d’urgence, cités par l’agence russe RIA Novosti.

Prigojine : les images géolocalisées et vérifiées par « Le Monde » du crash de l’avion

« L’élimination spectaculaire de Prigojine et du commandement de Wagner deux mois après [leur] tentative de coup d’Etat est un signal de Poutine aux élites russes avant les élections de 2024 », a affirmé sur X (ex-Twitter) Mykhaïlo Podoliak, conseiller de Volodymyr Zelensky, estimant que « Poutine ne pardonne à personne ».

La mort de Prigojine ne « serait une surprise pour personne », selon la Maison Blanche

La possible mort du patron de Wagner, Evgueni Prigojine, dans un accident d’avion mercredi en Russie ne « serait une surprise pour personne », a déclaré Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de l’exécutif américain. Joe Biden a par ailleurs été tenu informé de la situation, a fait savoir la Maison Blanche.

Ce que l’on sait sur l’avion qui s’est écrasé au nord-ouest de Moscou

L’avion, immatriculé RA-02795, a décollé de Moscou en direction de Saint-Pétersbourg entre 16 heures et 17 heures (heure de Paris). Le jet a parcouru environ 180 kilomètres avant que le signal ADS-B (un système de géolocalisation utilisé par le contrôle du trafic aérien) qu’il émettait ne disparaisse, sans qu’il soit possible d’en déterminer la cause. Il se trouvait alors à 8 000 mètres, proche de son altitude de croisière.

Environ une heure plus tard, les images publiées sur les réseaux sociaux montraient la carcasse en feu d’un avion dont la forme des réacteurs, ainsi que les derniers caractères de son immatriculation (« 795 ») révèlent qu’il s’agit bien du même jet.

A l’aide d’autres vidéos montrant la chute de l’appareil, Le Monde est parvenu à localiser le site du crash, dans une prairie au sud du village de Koujenkino, dans le raïon de Bologovskï (oblast de Tver). Plusieurs corps étaient visibles, sans qu’il soit encore possible de les identifier.

Arthur Carpentier

Sur cette photo publiée le 23 août 2023, on distingue les débris d’une carcasse d’avion en feu localisée dans la région de Tver. C’est dans cette dernière que, selon le ministère des situations d’urgence russe, un avion privé Embraer Legacy s’est écrasé près du village de Kujenkino, au nord-ouest de Moscou. D’après les autorités russes, ses dix passagers sont tous morts.
Une colonne de fumée s’élève au-dessus d’un avion écrasé en feu, dans la région de Tver, au nord-ouest de Moscou.
Evgueni Prigojine, l’homme du président Poutine devenu mutin

Evgueni Prigojine a été à l’origine, en juin, d’une rébellion dirigée contre l’état-major russe et le ministre de la défense, Sergueï Choïgou, et menée par ses hommes, qui ont brièvement pris le contrôle de sites militaires dans le sud de la Russie avant de se diriger vers Moscou. M. Prigojine a ensuite renoncé à cette mutinerie, en plein conflit en Ukraine. Elle a pris fin le 24 juin au soir, avec un accord prévoyant son départ vers la Biélorussie, tandis que ses combattants pouvaient soit l’y rejoindre, soit entrer dans l’armée russe régulière, soit retourner à la vie civile.

Mais, avant de devenir une menace, l’homme d’affaires et chef de guerre avait constamment agi dans les zones d’ombre du pouvoir que le président Vladimir Poutine affectionne.

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Lundi 21 août, dans la première vidéo postée sur le compte Telegram du Groupe Wagner par Evgueni Prigojine depuis sa mutinerie avortée sur le sol russe au mois de juin, celui-ci affirmait se trouver en Afrique, sans plus de précisions sur le pays concerné. « Nous travaillons, lançait le patron des mercenaires devant un paysage désertique. La température est de 50 °C – tout comme nous aimons. La SMP [société militaire privée] Wagner rend la Russie encore plus grande sur tous les continents, et l’Afrique plus libre. »

Lire aussi : Evgueni Prigojine réapparaît les armes à la main… en Afrique

Le chef du Groupe Wagner, Evgueni Prigojine, figure sur la liste de passagers d’un avion qui s’est écrasé en Russie

L’annonce a été faite par l’Agence fédérale du transport aérien et relayée par les agences de presse russes Interfax, Ria Novosti et TASS. « D’après la liste des passagers, parmi eux se trouvent le nom et le prénom d’Evgueni Prigojine », a fait savoir l’agence fédérale. L’appareil se serait écrasé dans la région de Tver, à environ 180 kilomètres au nord-ouest de Moscou, alors qu’il effectuait une liaison Moscou-Saint-Pétersbourg, sans laisser de survivants, ont annoncé les services de secours.

« Il y avait dix personnes à bord, dont trois membres d’équipage. Selon les premières informations, toutes les personnes à bord sont décédées », a annoncé, sur Telegram, le ministère des situations d’urgence russe. La présence effective d’Evgueni Prigojine à bord de l’appareil n’a pas été confirmée.

La chaîne Telegram Grey Zone, proche de M. Prigojine et du Groupe Wagner, confirme l’information. Et accuse explicitement l’armée russe de l’avoir descendu avec un missile antiaérien.
Grey Zone assure que des témoins ont entendu « deux explosions caractéristiques du travail de la défense antiaérienne » et se fonde également sur des traces observées dans les vidéos du crash diffusées en ligne. Selon plusieurs chaînes Telegram, dont Baza, qui dispose de bons relais auprès des forces de sécurité, Dmitri Outkine était également à bord. Cet homme discret, connu pour ses sympathies néonazies, était le vrai fondateur de la milice « Wagner », son nom de guerre.

Selon le site d’information indépendant Vertska, l’appareil, un Embraer ERJ-135, s’est écrasé entre les communes de Koujenkino et de Khotilovo, situées le long l’autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg. D’après le compte Telegram Ostorozhno Novosti, il y avait dix personnes à bord : trois membres d’équipage et sept passagers. Selon le site de suivi du trafic aérien Flightradar24, l’avion a décollé de Moscou à destination de Saint-Pétersbourg vers 19 heures (heure locale). La communication avec lui a été perdue à 19 h 11. L’agence chargée du transport aérien en Russie a annoncé la création d’une commission spéciale chargée d’enquêter sur les circonstances et les causes du crash. Celle-ci travaillerait d’ores et déjà sur « la formation de l’équipage, l’état technique de l’avion, la situation météo ou la route empruntée ».

Le journaliste Andreï Zakharov, fondateur de The Insider, l’un des meilleurs médias d’investigation (en exil) de Russie, assure que Prigojine rejoignait bien aujourd’hui Saint-Pétersbourg, via Moscou, depuis un pays d’Afrique.

Bonjour, deux questions : Vous indiquez qu’Olenivka se trouve en Crimée, mais visiblement, cette commune se trouve au sud de Donetsk. N’y a-t-il pas une erreur ? Par ailleurs, comment se fait-il que les drones ukrainiens soient abattus au dessus de Moscou et pas avant alors qu’ils doivent parcourir au minimum 500 kilomètres sur le territoire russe. Merci pour la qualité de vos informations, toujours vérifiées avant d’être publiées

Benoît

Bonjour Benoît,

Pour répondre à votre première question : il y a effectivement deux localités qui portent le nom d’Olenivka. La première, celle où a eu lieu le bombardement que nous avons évoqué, se trouve bien en Crimée. L’autre localité se trouve effectivement dans l’oblast de Donetsk.

Pour votre seconde question : en effet, depuis le début du conflit entre Ukrainiens et Russes en février 2022, les attaques contre Moscou et ses environs, situés à près de 500 kilomètres de la frontière ukrainienne, étaient assez rares. Jusqu’à ce que plusieurs incursions de drones se produisent en 2023.

Cette nuit encore, la défense aérienne russe a abattu deux drones à Moscou et dans sa région, visés par des attaques pour la sixième journée d’affilée, a affirmé le maire de la capitale russe tôt mercredi. Le 20 août, c’est un bombardier Tu-22M3 et deux autres appareils qui auraient ainsi été détruits samedi sur l’aérodrome militaire de Soltsy, dans l’oblast russe de Novgorod, à plus de 600 kilomètres de la frontière ukrainienne. Des photos d’un bombardier en feu diffusées sur les réseaux sociaux semblaient confirmer l’information. Les journalistes de la BBC avaient conclu que l’appareil a été détruit par une attaque d’un drone ukrainien. Le ministère de la défense russe avait déclaré dans un communiqué que l’attaque avait été menée par un « drone de type Copter ».

Deux hypothèses peuvent expliquer ces attaques de drones : soit elles sont lancées depuis le territoire ukrainien, ce qui laisserait à penser que le système de défense antiaérien russe présenterait des lacunes permettant de les laisser passer ; soit ces drones seraient lancés par des agents ukrainiens ou pro-ukrainiens depuis le sol russe. C’est la piste que privilégie le média ukrainien Ukraïnska Pravda, citant une source auprès du renseignement ukrainien.

Malheureusement, en l’absence d’éléments vérifiables, nous ne sommes pas en mesure de privilégier l’une ou l’autre de ces pistes, et de répondre plus précisément à votre question.

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