L’homme est soupçonné d’avoir été l’une des sources de la journaliste pour son article sur une opération de renseignement français qui aurait été détournée par l’Égypte.
JUSTICE – Un ancien militaire soupçonné d’être l’une des sources de l’article du média d’investigation Disclose évoquant un programme de renseignement français en Égypte a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire ce jeudi 21 septembre, a indiqué à l’AFP le parquet de Paris.
D’après le parquet de Paris, ce dernier a été mis en examen pour détournement et divulgation du secret de défense nationale par son dépositaire. Ces deux infractions sont passibles de 7 ans d’emprisonnement et d’un million d’euros d’amende. Contactée, son avocate, Me Margaux Van Der Have, n’a pas souhaité commenter.
En 2021, elle a publié une longue enquête sur un possible détournement par l’Égypte d’une opération de renseignement française appelée Sirli lancée au nom de l’anti-terrorisme. À la suite de cette publication, le ministère français des Armées avait porté plainte pour « violation du secret de la Défense nationale ». La garde à vue d’Ariane Lavrilleux, mesure coercitive rarissime, a indigné la profession.
Au cours d’une conférence de presse organisée ce jeudi, la journaliste d’investigation s’est indignée qu’un « nouveau cap » ait été franchi contre la liberté d’informer et a dénoncé un « détournement des services de la justice ». « Si on ne protège pas les sources, c’est la fin du journalisme », a-t-elle insisté.
« On n’est pas en Égypte »
Elle a raconté comment, mardi à 6 h 00, « neuf agents des renseignements et des magistrats d’ordinaire en charge de la lutte antiterroriste ont débarqué » chez elle à Marseille, avec des valises de « logiciels de cybersurveillance » « pour aspirer les données » de ses téléphones, ordinateurs, clé USB.
« Une juge d’instruction était présente sur place », et Ariane Lavrilleux a appris à cette occasion qu’elle « était placée sous surveillance depuis un certain temps », se sentant alors traitée comme une « délinquante ».
Lors de ses auditions au commissariat, elle a invoqué son « droit au silence », quand les agents lui demandaient « depuis quand » elle travaillait pour Disclose, essayant « de savoir comment on a pu avoir des infos “confidentiel défense” »
Pour elle, cette « arrestation après des attaques qui se multiplient ces dernières années, essentiellement sous la présidence d’Emmanuel Macron ». « On ne peut pas faire n’importe quoi au nom de la défense nationale. Justement parce qu’on n’est pas en Égypte », a-t-elle jugé. Selon elle, son arrestation a « montré qu’on dérange et qu’on est nécessaire pour que l’omerta des ventes d’armes aux dictatures cesse ».
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