L’île a soif et vit sa pire sécheresse depuis 1997.
Dans ce département d’outre-mer totalement abandonné par les pouvoirs publics, l’eau n’est distribuée à la population qu’une fois tous les trois jours.
Un plan de restrictions et de coupures d’eau a été mis en place depuis le 4 septembre : il n’y a plus d’eau deux jours sur trois dans les villages pendant 16 heures (de 16 à 8h), et pendant 36 heures par semaine dans le chef-lieu de la petite Terre.
Le taux de déforestation s’accélère et progresse de 1,2% par an (source Union internationale pour la conservation de la nature), et avec le changement climatique, la saison sèche a tendance à s’allonger dans le temps.
Autant de facteurs qui viennent s’ajouter à une gestion coloniale désastreuse de l’État français alors que se multiplient les crises politiques : situation des exilés, 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté, criminalité liée à la misère, déscolarisation importante, pollution, infrastructures en mauvais état…
Pire encore, il est possible que le manque d’eau aboutisse à une crise sanitaire.
Des excréments et de l’urine stagnent dans les toilettes pendant deux jours, l’eau du robinet est parfois impropre à la consommation et le prix du pack de 6 grandes bouteilles se situe entre 4 et 7,5 euros. Un tarif vertigineux malgré un gel des prix.
D’après une enquête publiée par le Canard enchaîné, l’île aurait pu bénéficier de 38 millions d’euros d’aide par des fonds européens qui auraient pu être affectés pour des infrastructures d’eau. La France n’en a dépensé que 4,5 millions.
Selon l’ONG Oxfam, cette crise aurait pu être évitée mais l’État n’a jamais fait le moindre effort pour réparer ses infrastructures, ni pour anticiper ce genre de situation.
Cette gestion coloniale, qui plus est par l’une des plus grandes puissances mondiales est une véritable honte.
Gérald Darmanin a été beaucoup plus vif et rapide quand il s’agissait d’envoyer des milliers de policiers tirer parfois à balles réelles sur des exilés, durant l’opération Wuambushu (« Reconquête »).
Le bien le plus précieux de l’humanité tend à manquer partout sur le globe et la guerre de l’eau ne fait malheureusement que commencer.
Plus une zone géographique manque d’infrastructures, plus la catastrophe sera conséquente.
Raïnat Aliloiffa
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