PERSPECTIVES DE RENTREE

La rentrée gouvernementale franco-française odieuse et dérisoire ne doit pas nous faire oublier la grande tendances mondiale actuelle qui est à la montée des luttes sociales avec un nombre progressif de victoires ouvrières et populaires qui sans encore changer complètement les rapports de force généraux contribuent à les modifier peu à peu.
Cette tendance a encore été illustrée cet été par des luttes de grandes dimensions des USA à l’Inde, du Canada au Pakistan, de la Grande-Bretagne au Bangladesh, d’Israel au Pérou et bien ailleurs encore, en Afrique par exemple sur un autre plan. Et pour cette rentrée scolaire, il y a sept à huit pays rien qu’en Europe où les enseignants préparent et annoncent des luttes d’ampleur.
C’est à cette échelle qu’il faut raisonner sur ce qui se passe et va se passer en France et non autour des gesticulations réactionnaires du gouvernement en cette rentrée et de l’attitude pitoyable de l’opposition, comme si elles étaient indépendantes de ces évolutions mondiales.
Les luttes de ce printemps pour les retraites et les révoltes des jeunes de banlieue sont une des étapes de ce qui se passe dans le monde et en annoncent bien d’autres. Toute l’attitude du gouvernement et des partis et syndicats institutionnels n’a pur but que de stopper ou de freiner la prise de confiance progressive de la classe ouvrière en elle-même.
Les discours « d’autorité » répétés de Macron et de ses ministres contre la jeunesse des banlieues dans la foulée de sa révolte de juin puis de l’abaya comme lamentable sujet raciste de rentrée à l’école et d’un référendum sur l’immigration disent seulement à travers la recherche d’une division des classes populaires, la crainte des « puissants » contre de nouvelles révoltes dont ils savent qu’elles ne tarderont pas.
Mais le gouvernement n’a pu donner cette tonalité réactionnaire lamentable à la rentrée française que grâce à l’ensemble de l’opposition qui au lieu de continuer à brandir le drapeau des révoltés pour les retraites et des banlieues de ce printemps/été, l’a au contraire souillé en venant toute entière s’abaisser aux repas du roi Macron à Saint Denis. Celui-ci en a bien sûr profité pour humilier un peu plus l’opposition, en indiquant en préalable qu’il n’y aurait aucune discussion sur la remise en cause de la réforme des retraites, alors qu’au printemps, c’étaient les directions syndicales qui conditionnaient leurs rencontres à cette remise en cause et en lui faisant avaler de manière provocatrice après son déni de démocratie du 49.3, l’idée d’un 3e mandat présidentiel.
Par ailleurs, la candidature de Darmanin pour 2027, comme la proposition de Ciotti sur un référendum sur l’immigration, ont pour but de créer dés maintenant un front bourgeois LREM/LR/RN avec une part du PS sur des bases racistes et encore plus à droite, et de donner la perspective de cette union droite/extrême-droite pour les présidentielles de 2027 comme le préconise aussi Sarkozy et vers quoi tend déjà la politique de Macron aujourd’hui. Cela se fait déjà en Italie, en Suède ou en Finlande tandis qu’au Danemark, c’est la gauche social-démocrate qui reprend le programme raciste des fascistes. En ajoutant, comme service rendu par la proposition de Naulleau, une main tendue au PCF pour cette union des droites, afin de tenter de casser la Nupes, déjà bien amorcée pour les européennes par les PCF, PS, EELV, en même temps que la proposition de Ségolène Royal adoubée par Mélenchon comme tête de liste au européennes, malgré la base LFI, pour sauver l’union, histoire de mieux discréditer l’ensemble.
Mais il ne faut pas s’y tromper, les possédants ne craignent pas la NUPES sinon comme encouragement par ses succès électoraux, à la prise de conscience de leur force croissante des classes populaires. C’est cette crainte d’une nouvelle montée populaire un peu plus instruite cette fois-ci des trahisons des directions syndicales qui donne tout le sens de ce que fait le gouvernement en cette rentrée. C’est aussi cela qui explique que Sophie Binet appuie la décision de l’interdiction de l’abaya malgré la base de la CGT ou la nouvelle secrétaire de la CFDT, Marylise Léon, qui indique qu’elle n’est pas du tout dans un esprit de revanche après les retraites mais au contraire toute prête comme les autres directions syndicales à reprendre les discussions sur les multiples reculs que Macron veut mettre sur la table. C’est parce qu’elles ne veulent pas, au vu de l’ampleur de la réponse populaire ce printemps/été, que cela recommence parce qu’elles savent qu’elles seraient encore plus dépassées, avec le risque pour elles cette fois, que se dégage une auto-organisation populaire se passant de leur direction.
C’est pour ça, qu’autant en Suisse ou en Belgique par exemple où les mobilisations ont été moindres, les directions syndicales annoncent des mobilisations dés la mi-septembre, autant en France il faut attendre le 13 octobre.
Les luttes du printemps/été nous ont montré que nous sommes nombreux à vouloir lutter et que ce n’est pas nous qui avons perdu mais la tactique saute-mouton des directions syndicales additionné de leur lâchage après le 1er mai. Les grèves à l’échelle mondiale nous montrent que la vague de luttes est toujours ascendante et qu’elle reprendra d’ici peu en France.
Alors tous dans la rue le 23 septembre contre le racisme et les violences policières pour reprendre la lutte aussi bien sociale qu’écologique ou contre le SNU et pour la démocratie là où elles en étaient ce printemps mais aussi faire un pas en avant en construisant l’union de la jeunesse des banlieues contre les violences policières et des gros bataillons de la classe ouvrière contre la destruction des retraites et la baisse des salaires.
Des luttes importantes ne tarderont pas à venir. L’avenir est à nous.
Jacques Chastaing, 3 septembre 2023

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