«Icon of the seas» : symbole d’un monde qui s’effondre


En 2022, les 218 navires de croisière européens ont émis plus d’oxydes de soufre qu’un milliard de voitures


Il est beau, il est neuf, il est multicolore comme un bonbon : un tout nouveau paquebot de luxe. Plus polluant à lui seul qu’une grande ville occidentale.

Le mastodonte est encore en phase de test au large de la Finlande mais il sillonnera officiellement les mers en 2024. Ce n’est plus vraiment un bateau, ni même un paquebot. C’est une sorte de ville flottante pour que les privilégiés se divertissent. Un centre de consommation gigantesque, flottant et dévastateur.

«The Icon of the Seas», de la compagnie Royal Caribbean, mesure 365 mètres sur 20 étages. Il est plus long que la tour Eiffel si elle était couchée, et 5 fois plus vaste que le Titanic. Le monstre pèse 250.000 tonnes, et c’est «le plus grand navire de croisière au monde». Probablement la plus grande embarcation de l’histoire de l’humanité, puisqu’il est capable d’embarquer 7600 clients et 2350 membres d’équipage, soit quasiment 10.000 passagers à bord !

Pour vous faire un idée du délire sans limite de la société capitaliste : on trouve sur le navire un minigolf, une patinoire –oui, au milieu d’océans tropicaux, on va faire geler de l’eau pour que des gens glissent sur de la glace – une quinzaine de bars et restaurants, un simulateur de surf – on crée donc une mer et des vagues artificielles sur un bateau ! – mais aussi sept piscines et des bains à remous, un parc aquatique avec six toboggans géants, des salles de spectacle et de concert, et même un quartier «Central Park».

Cette construction est essentielle à l’humanité, en pleine crise sociale, avec des pénuries d’eau et de nourriture, le manque de ressources vitales dans plusieurs coins de la planète.

Mais les riches se moquent éperdument de l’avenir des êtres vivants sur cette terre. Car c’est bien pour eux qu’a été construite cette oasis privatisée : il faut payer au moins 2029 euros par personne pour une semaine de croisière dans les Caraïbes, et jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de dollars pour les meilleurs cabines.

La compagnie Royal Caribeans a mis à l’eau plusieurs énormes paquebots du même type. Le journal The Guardian estimait déjà que les deux moteurs d’un autre navire de la compagnie, «The Harmony of the Seas», pouvaient à eux deux brûler jusqu’à 250.000 litres de carburant par jour. Sans compter le trafic routier et de cargos générés par l’activité du paquebot, qu’il faut ravitailler en permanence. Un spécialiste maritime expliquait que «ces navires consomment autant de carburant que des villes entières. Ils consomment beaucoup plus d’énergie que les porte-conteneurs et même lorsqu’ils brûlent du carburant à faible teneur en soufre, c’est 100 fois pire que le diesel routier».

En 2021, la même compagnie avait fait construire par les chantiers de Saint-Nazaire le «Wonder of the seas». Un monstre de taille comparable à l’«Icon of the seas» : 362 mètres de long et la capacité d’embarquer 9000 personnes. Pendant que la planète brûle, l’industrie des croisières est en pleine expansion. Une étude publiée en juin 2023 montrait que la pollution par les navires de croisière dans les 50 ports les plus fréquentés d’Europe est en augmentation.

Les 94 bateaux du croisiériste de luxe Carnival Corporation émettent dix fois plus d’oxyde de soufre que l’ensemble des 260 millions de voitures du parc automobile européen. Le croisiériste Royal Carribean, auquel appartient le nouveau monstre, en rejette, lui, quatre fois plus ! Rien que les 218 navires de croisière européens ont émis plus d’oxyde de soufre qu’un milliard de voitures en 2022. Un milliard !

Mais surtout, faites attention à vos petits gestes pour la planète.

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