Une chasse aux migrants ignoble

Une enquête de plusieurs mois, menée par Le Monde en partenariat avec The Spiegel, The Observer et le Lighthouse Report, a abouti à un constat glaçant : des stratégies « agressives » nommées « interceptions en mer » sont utilisées par les gendarmes et policiers, faisant fi du droit de la mer, qui interdit de mettre la vie d’autrui en danger.
Déstabilisation, crevaison des embarcations, menace de gaz sont pratiquées par la police, aboutissant à des situations parfois dramatiques, et une augmentation notable des décès par noyade ont été constatés depuis 2023, ainsi que le mentionne Le Monde dans une enquête publiée le 23 mars 2024.
Voici l’un des témoignage pour le Monde, restituant la dureté de la situation :
 » (…) Satinder, Paramjit et Gurfateh ont tenté une traversée. « On a mis le bateau sur la plage, on l’a gonflé, tout se passait bien », Ils sont 46 à bord, la plupart avec des gilets de sauvetage. La météo n’est pas mauvaise, la mer presque plate. Ils entendent finalement une voix qui semble les poursuivre : « Stop the boat. » Un s’approche du leur. Satinder aperçoit une embarcation de la gendarmerie. Le conducteur panique, remet les gaz sans parvenir à distancer les gendarmes. « Ils étaient quatre sur le bateau. Ils ont tourné autour de nous et ils nous ont dit que les conditions météorologiques étaient trop dangereuses, qu’ils ne pouvaient pas nous laisser partir », explique Satinder. L’un des gendarmes sort alors un « click-knife [un couteau d’attaque] », raconte Gurfateh, et assène un coup dans l’embarcation. L’air s’échappe du boudin. Le bateau s’affaisse.
Le conducteur met alors le cap sur la terre ferme, mais le bateau coule avant de rejoindre la plage. « Nous avons dû nager une dizaine de minutes. Heureusement qu’il n’y avait presque que des adultes. Il y avait juste une petite fille de 4 ans », complète Satinder. Sur la plage, le groupe, hébété, reprend ses esprits avant de regagner la route du campement. « 
La lutte des États contre l’immigration, en plus d’être injuste et inhumaine, franchit une ligne rouge en France, en ne respectant plus des quelques règles qui tentaient de la rendre « honorable » aux yeux de tous.

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