Les « forces aux ordres » sont ennemies de la liberté, quand elles excellent avec un cerveau de buse trépanée

En hommage à mon camarade Jérôme Laronze. Ce paysan de 37 ans, a été abattu par un gendarme le 20 mai 2017 à Sailly, en Saône-et-Loire. Trois balles l’ont atteint, une de côté et deux de dos, alors qu’il s’échappait au volant de sa voiture. Il était recherché depuis le 11 mai 2017 ( j’ai invoqué une irrégularité de droit à l’encontre la préfecture, car trois des contrôles étaient irréguliers) : ce jour-là, l’administration venait lui retirer ses vaches et il avait pris la fuite. Le jugement pénal est toujours en attente.

Les « forces aux ordres » sont ennemies de la liberté, quand elles excellent avec un cerveau de buse trépanée

Par Daniel Adam-Salamon, le 25 mars 2024

Introduction

L’ordre est un concept qui s’impose avec autorité dans le discours social. On l’évoque souvent comme idéal communautaire, comme vision d’une société harmonieuse fonctionnant mécaniquement au bien-être de tous. Or, l’ordre politique est tout autre : un masque d’harmonie sur l’asymétrie du pouvoir.

L’ordre et le pouvoir d’État

Dans un capitalisme mondialisé, le pouvoir politico-économique impose sa conception du monde, non comme un idéal mais comme un fait accompli. Par définition, l’État est le gardien de cet ordre contraignant, et toute idée d’État sans cet ordre est illusoire.

La contrainte étatique

Aucun État ne peut fonctionner sans imposer un ordre spécifique. Le travail forcé et les impôts extorqués sans ménagement sont des formes pernicieuses de cette contrainte. Ainsi fonctionne l`’ordre’ étatique : sur l’exaction et l’extorsion.

L’emprise étatique sur l’être et l’avoir

Tout État cherche à s’étendre sur chaque aspect de la vie privée et sur tout être défini comme son ressortissant. Cette emprise ignore en essence la dichotomie entre public et privé, tentant d’annuler l’un au profit exclusif de l’autre.

L’ordre politico-militaire

Les institutions chargées de l’ordre, armée et police, ne sont pas des entités ordinaires : elles opèrent dans un cadre d’administration par la violence. Cette violence est institutionnalisée et, ainsi, sanctifiée par l’État.

L’illusion sécuritaire

L’État capitaliste crée une illusion de bien commun, de sécurisation, pour légitimer ses actions. Mais cette sécurité n’est que l’équilibre précaire entre les biens des uns et la précarité des autres, entre la propriété et la convoitise, génératrice de conflit.

Les échos de l’histoire

Ainsi, la répression impitoyable des différentes émeutes et manifestations à travers l’histoire, telle que la rafle du Vél-d’Hiv ou le massacre du 17 octobre 1961, illustrent ce maintien de l’ordre toxique qui vise davantage à asseoir la suprématie étatique et à éradiquer toute dissonance plutôt que de protéger véritablement ses citoyens.

Avec les forces de l’ordre, pas de liberté

Les forces aux ordres ne peuvent être considérées comme des travailleurs ordinaires, car leur travail inclut le droit de tuer pour raison d’État. Cette légitimité offerte à la violence d’État est une attaque frontale contre la liberté.

Conclusion

Nous devons rester vigilants face aux discours qui normalisent la violence d’État et qui en banalisent l’exécution par les forces aux l’ordre. Que ce soient des exactions passées ou des violences actuelles, chaque acte posé par ces institutions contre la population doit être scruté et jugé à l’aune de notre désir commun de liberté et d’humanité.

La réalité de l’ordre étatique pose alors une question inévitable : pouvons-nous vraiment parler de liberté dans un environnement où l’État se réserve le droit de manier la violence impunément ? J’argue que tant que les forces aux ordres demeurent des instruments de répression à la discrétion d’un pouvoir non irréprochable, la liberté reste illusoire. La société que nous aspirons à bâtir doit transcender cette conception de l’ordre et trouver un équilibre plus juste et plus humain.

 

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