La démocratie disciplinée par la dette * La « dette publlique  » cette aliénation de l’Etat – L’ordre symbolique de la dette

Nelpal le 13 04 0024

Un point de vue sur l’ordre symbolique de la  » dette publique  » dont je n’ai pas retrouvé le lien  

Subvertir l’ordre symbolique de la « dette publique » en partant du postulat que la « dette publique » macroéconomique hérite des propriétés d’une dette, à savoir être remboursée, entre autres par le fait d’être nommée ainsi, la stratégie de ceux qui déclarent que la « dette publique » n’est pas un problème mais une partie de la solution (par exemple, Eichengreen et al. [2021] qui intitulent leur livre (In defense of public debt) ne semble pas être la meilleure stratégie. Un discours pro-« dette publique » peut évidemment fonctionner, si les partisans d’une politique budgétaire expansionniste sont majoritaires, comme c’est le cas aujourd’hui aux Etats-Unis sous la présidence Biden. Toutefois, le discours selon lequel la « dette publique » n’est pas un problème mais une partie de la solution n’est pas, selon nous, le discours qui permet d’attaquer les politiques d’austérité à la racine, du fait de son manque de cohérence interne. Il postule qu’on peut ne pas se soucier de ne pas rembourser une réalité dont le nom même impose ce remboursement. Comment essayer de convaincre des vertus d’une réalité qui comprend dans sa définition même, l’injonction à s’en délivrer ? Défendre une augmentation de la « dette publique », c’est selon nous faire l’erreur de raisonner à l’intérieur de l’univers symbolique de la dette. En plus d’être incohérent, ce discours renforce l’idée que cette réalité macroéconomique est par essence une dette, soit une réalité à rembourser. Comme l’explique George Lakoff (2004), il existe des rhétoriques qui, en plus d’être infructueuses, alimentent et régénèrent en permanence le discours de leurs adversaires, car elles utilisent leurs codes et leurs attendus, et risquent donc de mener à l’exact opposé de ce qu’elles recherchent.

Pour faire une critique radicale de l’austérité budgétaire, il faut plutôt rompre avec la complicité cognitive entretenue avec le concept de « dette publique ». Cette réalité macroéconomique est naturalisée sous la forme d’une dette, c’est-à-dire sous la forme d’une réalité à rembourser, même si elle ne doit pas nécessairement l’être. Le tour de force des tenants de l’existence d’une « dette publique » macroéconomique est d’avoir transformé les agents sociaux en complices de leur propre soumission, en les rendant incapables de penser la « dette publique » macroéconomique autrement que comme une dette. En témoigne le fait qu’il n’existe aucune appellation alternative intuitive pour cette réalité. C’est là toute la force de ce que Pierre Bourdieu (1977 ; 1991) appelle un « pouvoir symbolique », un pouvoir qui consiste à faire passer pour naturel ce qui n’est que le fruit d’une vision arbitraire du monde. Loïc Wacquant le définit comme « un pouvoir de faire le monde, de le préserver ou de le modifier en façonnant et en diffusant des cadres symboliques, des instruments 21 collectifs de construction cognitive de la réalité » (Wacquant et Akçaoğlu, 2016). Ce pouvoir est d’autant plus puissant qu’il s’exerce dans l’ignorance, si ce n’est même avec le soutien de ses victimes. Les agents sociaux dominés s’y conforment sans se révolter, puisqu’ils considèrent justement une telle vision arbitraire du monde comme étant parfaitement naturelle. Dans notre cas, parler de « dette publique » macroéconomique apparaît à tout le monde comme une évidence, une habitude dont il ne s’agit plus de questionner le bien fondé. Par conséquent, les agents sociaux doivent prendre conscience qu’ils sont soumis à une certaine représentation fallacieuse et culpabilisante du monde, celle de la « dette publique » macroéconomique, et qu’il leur est nécessairement de s’en délivrer. C’est quand le pouvoir symbolique est mis au jour qu’il perd sa force coercitive. Autrement dit, la domination ne provient pas que des créanciers qui peuvent, en fonction des arrangements institutionnels qui leur sont plus ou moins favorables, faire pression sur l’Etat pour que celui-ci réduise son niveau de « dette publique ». Les dirigeants politiques, et leurs électeurs, peuvent également avoir intériorisé l’idée que la « dette publique » est nécessairement une dette, et chercher eux-mêmes à la réduire, alors même que les créanciers ne l’exigent pas forcément. C’est en cela que l’Etat peut être complice de la domination exercée par les créanciers privés. Pour Bourdieu, qui fait une lecture critique de Marx, la domination n’est pas le seul fruit des dominants, contre lesquels il suffirait aux dominés de s’insurger, elle est également intériorisée par les dominés, qui deviennent complices de leur propre soumission. Bourdieu est un lecteur attentif de Weber et sait à quel point, pour qu’une forme de pouvoir se maintienne, elle doit être perçue comme légitime par ceux sur qui elle s’exerce.

https://www.contretemps.eu/democratie-dette-lemoine-extrait/ 

La démocratie disciplinée par la dette

https://france.attac.org/nos-publications/petites-fiches/article/mieux-comprendre-la-dette-publique 

Mieux comprendre la dette publique

https://nouvelles.univ-rennes2.fr/article/dette-publique-question-dans-ouvrage-publie-par-economistes-atterres 

La dette publique en question dans un ouvrage des Économistes atterrés

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https://www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=6517

La dette publique : cette aliénation de l’Etat

par Karl Marx

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