Boulogne-sur-Mer : au moins 12 personnes migrantes décédées dans un naufrage, 2 disparues

MIGRANTS – C’est une crise qui dure déjà depuis plus de 20 ans. Au moins une dizaine de personnes sont décédées ce mardi 3 septembre en tentant de traverser la Manche clandestinement. Plusieurs autres sont dans un état très grave alors que leur embarcation s’est disloquée au large de Boulogne-sur-Mer, a indiqué la préfecture maritime.

Celle-ci a par ailleurs précisé qu’il s’agissait d’un bilan « provisoire ». Selon une source proche du dossier, le bilan atteindrait 13 morts dont 3 mineurs. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin, fait lui état de 12 morts, 2 portés disparus et plusieurs blessés. D’après les informations de la BBC, au moins 50 personnes auraient été secourues par les gardes-côtes français, même si le nombre exact de personnes à bord n’est pas encore connu.

La préfecture maritime de la Manche a indiqué avoir pris en charge 65 naufragés, dont 12 ont été déclarés décédés en mer, et plusieurs autres hospitalisés dans un état grave à terre. Selon le procureur de Boulogne-sur-Mer Guirec Le Bras, les naufragés sont « essentiellement érythréens ». Le procureur a également précisé qu’une enquête avait été ouverte pour « aide à l’entrée et au séjour irréguliers en bande organisée », et « homicide involontaire aggravé », sans interpellation à ce stade.

Le gouvernement britannique a communiqué en fin d’après-midi, évoquant une situation « affreuse et profondément tragique ». La ministre de l’Intérieur Yvette Cooper a pointé du doigt « les gangs à l’origine de ce commerce effroyable et sans scrupule de vies humaines », comme le rapporte The Guardian. À ce sujet, le procureur de Boulogne-sur-Mer a également indiqué qu’une enquête avait été ouverte pour « aide à l’entrée et au séjour irréguliers en bande organisée », et « homicide involontaire aggravé », sans interpellation à ce stade.

Un large dispositif de secours mobilisé

Un navire affrété par l’État, le Minck, avait repéré l’embarcation en difficulté avec plus de 60 personnes à bord et s’est porté à son secours dès qu’elle s’est disloquée, a indiqué le lieutenant de Vaisseau Etienne Baggio à l’AFP. Selon France 3 Hauts-de-France, les secours sont déployés sur la zone, au large du Cap Gris-Nez, dans le Pas-de-Calais, sur la commune du Portel, depuis 11 h 30 ce mardi matin. Outre le Minck, des hélicoptères des pompiers et de la Marine, deux bateaux de pêcheurs et des navires militaires sont mobilisés pour l’opération, toujours en cours.

Les recherches se poursuivent tandis que les bateaux ayant pris en charge des victimes sont en train de les ramener à Boulogne-sur-Mer. Le maire de Boulogne-sur-Mer, Frédéric Cuvillier s’est exprimé à propos du naufrage sur Facebook, évoquant « une nouvelle tragédie liée à la situation migratoire ». Selon lui, près de 70 personnes se trouvaient à bord de l’embarcation mais le bilan n’est pas encore stabilisé.

Naufrage le plus meurtrier de 2024

Sur place, Gérald Darmanin en a profité pour appeler à « rétablir une relation migratoire classique avec notre ami et voisin » britannique. Le ministre démissionnaire a rappelé que la France réclame depuis deux ans « un traité migratoire entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne », alors que le Premier ministre britannique Keir Starmer, élu en juillet, s’était engagé à « donner un nouvel élan » à la relation entre Londres et Paris.

Il faut dire qu’il s’agit du naufrage le plus meurtrier depuis le début de l’année, qui a déjà vu 25 personnes perdre la vie dans ces traversées depuis janvier. En juillet dernier, 4 personnes étaient déjà décédées dans un naufrage de leur bateau pneumatique, malgré l’intervention des secours. Fin juillet, une jeune femme de 21 ans est morte écrasée sous le poids d’autres passagers d’un canot surchargé et deux autres migrants sont décédés dans un naufrage le 11 août, au large de Calais.

Plusieurs associations d’aide aux migrants ont déjà fait part de leur tristesse et de leur indignation, comme le collectif Utopia 56. Enver Solomon, directeur du Refugee Council, organisation britannique, s’est lui dit « dévasté » par le naufrage.

« Le nombre de décès dans la Manche cette année est scandaleusement élevé (…) la répression seule n’est pas la solution. Les mesures de sécurité et de maintien de l’ordre renforcées sur les côtes françaises ont entraîné des traversées de plus en plus périlleuses, à partir d’endroits plus dangereux et à bord d’embarcations fragiles et surchargées », a-t-il ajouté.

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