Les manifestants voulaient rejoindre la capitale pour exprimer leur mécontentement, dénonçant toujours l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, mais les forces de l’ordre les ont empêché d’avancer.
En tracteur ou en voiture, des agriculteurs de la Coordination rurale (CR) ont tenté en vain lundi 6 janvier de se rassembler à Paris. Quelques dizaines de tracteurs étaient présents le matin, venus notamment de la Marne et de l’Aube, et ont tenté de se rassembler au Trocadéro pour rejoindre l’Arc de triomphe. Contrôlés par les forces de l’ordre, ils n’y sont pas parvenus.
Non loin de Matignon, sept autres tracteurs, accompagnés d’une chèvre, ont été « évincés sans incident », selon une source policière. Les autorités « n’ont jamais voulu nous laisser entrer dans Paris. On a demandé un point de chute pour un rassemblement mais on ne l’a jamais obtenu », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le secrétaire général du syndicat, Christian Convers, depuis le Trocadéro, niant toute « intention de bloquer quoi que ce soit ».
Tout en disant comprendre « l’inquiétude » des exploitants, la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, avait prévenu qu’il n’était pas question de voir Paris paralysée, alors que plusieurs représentants de la CR ont affirmé au cours des derniers jours qu’ils souhaitaient bloquer la capitale ou le marché international de Rungis. « Non, on ne bloque pas, en plus un jour de rentrée scolaire, un jour de rentrée pour les Français. Pas de blocages qui compromettent finalement l’image des agriculteurs auprès des Français. Et pas de violence », avait-elle prévenu, interrogée sur TF1. La ministre a évoqué une mobilisation de 200 agriculteurs et d’une cinquantaine de tracteurs sur l’ensemble du territoire.
Rappelant que le premier ministre, François Bayrou, recevrait les syndicats agricoles lundi prochain, elle a estimé que « l’urgence qu’ils mettent en avant pour être reçus maintenant, ici tout de suite », ne se justifiait pas vraiment.
Opération escargot près de Lyon
La CR a mené des opérations à plusieurs endroits sur le territoire. Dans les Yvelines, une dizaine de tracteurs et une quinzaine de voitures, qui stationnaient au niveau de la zone industrielle d’Ablis Nord, ont forcé le passage et se sont engagés sur la route nationale N10, avant d’être bloqués au niveau des Essarts-le-Roi, selon une source policière.
En Seine-et-Marne, deux petits convois ont également été contenus par les forces de l’ordre, de même source. Dans le Rhône une trentaine de tracteurs ont été repérés sur une route en direction de l’autoroute A7.
Par ailleurs, au sud de Lyon, un convoi d’agriculteurs, emmené par la CR, perturbait la circulation avec une opération escargot. A la mi-journée, la vingtaine de tracteurs s’est installée sur la M7, la voie qui prolonge l’A7 à l’approche de Lyon, dans le sens Marseille-Lyon. « Une voie de circulation est maintenue », précise la préfecture du Rhône dans un message sur le réseau social X. Partis vers 5 heures de Saint-Didier-sous-Riverie (Rhône), ils ont remonté à faible vitesse l’A450 avant de stationner à l’heure de pointe au niveau d’Oullins-Pierre-Bénite, à proximité de l’échangeur avec l’A7.
Les manifestants ont passé une bonne partie de la matinée sur la voie de gauche de l’autoroute A450. Vers midi, une banderole a été déployée à l’entrée d’un bâtiment de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation à Lyon où l’on pouvait lire : « Sans phyto, pas d’arboriculture ».
Campagne pour les chambres d’agriculture
A la veille du coup d’envoi de la campagne électorale pour les chambres d’agriculture, lors de laquelle ils espèrent gagner en influence, les agriculteurs de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole français, entendaient faire entendre leur mécontentement, dénonçant toujours le récent accord commercial entre l’Union européenne et des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay). Cet accord est accusé par les agriculteurs français de favoriser l’importation de produits à bas coût et aux normes environnementales moins élevées que celles qui leur sont imposées.
Le président Emmanuel Macron a pour sa part assuré lundi que la « messe n’[était] pas dite » concernant la conclusion de cet accord. « On continuera de défendre avec force la cohérence de nos engagements », a-t-il martelé devant les ambassadeurs français réunis à l’Elysée.
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