Le « conclave » de Bayrou a vu tous les dirigeants confédéraux (CGT, CGT-FO, CFDT, CFTC, CGC, plus l’UNSA, invitée) et patronaux se rendre à l’invitation. Les dés sont pipés, non seulement parce que c’est théoriquement un accord avec le MEDEF, tout à fait partisan de la réforme des retraites de Macron et pire encore, qui doit en sortir – ce que dénonce la CGT qui, en même temps, est venue – mais aussi parce que tous les participants sont d’accord pour dire qu’il y a un « problème de financement », avec seulement des désaccords sur son ampleur. Tous acceptent (dirigeants des confédérations ouvrières compris) de convenir que les retraites « coûtent » à la nation et « creusent la dette ».
Mais qui doit les retraites ? Les employeurs (et donc l’État dans le cas de ses agents, fonctionnaires, contractuels et vacataires). Les retraites et pensions n’ont jamais été rien d’autre qu’une partie du salaire, et la valeur du salaire est produite par le travail des salariés qui, en plus, produisent les profits. Première vérité.
Et qui « creuse la dette » ? Ceux qui en profitent : les capitalistes financiers qui « prêtent » aux États et vivent de manière permanente sur le matelas qui leur procure le paiement quasi éternel des intérêts. Car, en réalité c’est comme cela que ça marche. Nous ne leur devons rien, c’est nous, nos impôts, qui alimentons cette dépense publique permanente qu’est le service de la dette dû au capital financier, dont les représentants achètent et vendent les titres de la dette sur les marchés boursiers. Deuxième vérité.
Donc, même le fait de revendiquer l’abrogation, certes, de la réforme des retraites tout en mettant en avant son « financement » dans le cadre du « déficit » et de la « dette » soi-disant publics, est pipé.
La réalité, c’est que le salariat, unique producteur des salaires et des profits, a droit à la retraite à 60 ans, avec 37,5 annuités et sur la base du meilleur salaire obtenu – pour le moins et pour commencer !
L’abrogation de la réforme des retraites de Macron est une revendication immédiate, politique, pour aller vers cette reconnaissance élémentaire.
Participer au conclave de Bayrou, d’ailleurs immédiatement suspendu après sa grande messe inaugurale car doit avoir lieu la « mission flash » de la Cour des comptes destinée justement à nous sermonner sur le prétendu coût et sur ces déficits et cette dette qui ne sont pas les nôtres, c’est donc faire son jeu.
De plus, FSU et Solidaires protestant contre le fait de ne pas avoir été invités font remarquer qu’il s’agit là d’isoler la question des pensions des fonctionnaires pour pouvoir les présenter comme un coût à raboter. Effectivement. Mais le coût à raboter est le dogme de base qui vise les retraites et les pensions de toutes et de tous, et donc nos salaires eux-mêmes, et tous les minima sociaux.
Cela dit, le fait même que le gouvernement laisse dire qu’il faut « rediscuter » de toute la loi Macron contre les retraites, 64 ans compris, constitue une défaite politique majeure de Macron. Pour la transformer en défaite tout court, et pas seulement de Macron mais de Bayrou et de leur régime, l’indépendance de nos syndicats envers eux et leur « conclave » et le retour au terrain de la lutte sociale, sont nécessaires.
L’autre volet central des attaques de Macron depuis 2022, après les retraites, concerne la jeunesse et l’école publique : « choc des savoirs », contre-réforme du lycée professionnel, Service National Universel (SNU), répression de la jeunesse, uniformes. Or, cet autre volet central a du plomb dans l’aile, confirmant la déroute politique de Macron, pourtant toujours président.
Au CSA ministériel de l’Éducation nationale, Mme Borne a fait distribuer des documents qui ont confirmé que les 4000 suppressions de postes d’enseignants n’ont bel et bien pas lieu. Pour arriver à un solde nul, ils en supprimeraient 470 dans les écoles, ce qui est inacceptable, en créeraient 324 dans les collèges et lycées, ainsi que 170 postes de Conseillers Principaux d’Éducation (CPE).
Surtout, Mme Borne a renoncé à appliquer les groupes de niveaux du prétendu « choc des savoirs » en classes de 4° et de 3° des collèges à la rentrée prochaine, et renoncé à la mesure choc visant à interdire le lycée, y compris professionnel, aux jeunes n’ayant pas eu le Brevet des collèges. C’est là une capitulation sans phrases, en rase campagne, qui veut dire que les personnels, les jeunes et les parents sont en mesure de liquider ce « choc des savoirs » lancé par Attal et soutenu par le RN, une bonne fois pour toutes !
Simultanément, au Sénat, le financement du SNU était annulé. C’est donc bien l’ensemble du plan anti-jeunes et anti-école publique de Macron, complément de son agression contre les retraites, qui s’effrite. Remarquons d’ailleurs que Mme Borne prévoit de créer 152 postes Jeunesse et sports dévolus au SNU : ils doivent être réaffectés !
Et les 3 journées de carence de Musk/Kasbarian sont retirés.
Qui oserait soutenir aux agents publics, fonctionnaires, CDI et contractuels, que ce ne sont pas là de premières victoires ?
Il est essentiel que les militants voient le verre à moitié plein, rempli par la puissance sociale réelle du monde du travail et de la jeunesse. Car le fait que ces divers points soient passés par les négociations Bayrou/PS, servant de prétexte au non-vote de la censure par le groupe parlementaire PS (moins 8 députés PS qui l’ont votée), ne doit pas occulter le fait central : ce qui s’exprime là est le rapport de force central entre les classes telle que la combinaison entre la grève très politique et majoritaire dans l’enseignement le 5 décembre dernier, et la censure de Barnier la veille au soir, l’a remis sur le devant la scène.
En réalité, nous sommes forts ! Voilà le fait central !
Ce qui nous affaiblit et sert Macron, Bayrou et leur régime, c’est la division. Vouer le PS à s’allier avec Bayrou est la pire des politiques, et c’est bien celle de LFI qui veut préserver la stature soi-disant présidentielle de J.L. Mélenchon et donc préserver le régime de la V° République.
Ne pas tomber dans le piège de la division, c’est comprendre et expliquer que Macron est mortellement blessé puisque ses deux attaques centrales, qui visaient à rétablir une V° République toute puissante, contre les retraites et contre la jeunesse, sont en train de faire eau de toutes parts : il faut les achever !
Ne pas tomber dans le piège de la division, c’est préparer l’affrontement social contre tous les plans de licenciements, contre les cartes scolaires qui vont encore fermer des classes et des écoles, pour l’abrogation totale de la réforme des retraites, du « choc des savoirs », du SNU et de la réforme des Bacs pros !
Et cela conduit à la chute du régime de la V° République : pas de présidentielles, une assemblée constituante !
Et il faut s’y engager MAINTENANT au lieu d’aller au conclave et d’attendre sa petite fumée, fut-ce en la dénonçant par avance !
18/01/2025.
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