Révélée par le JDD, cette missive déplore « le nombre inédit de contusions oculaires » provoquées par cette arme controversée.
POLITIQUE – Quand les médecins tirent la sonnette d’alarme. Trente cinq ophtalmologistes de renom (dont des professeurs et maîtres de conférence à l’université) ont fait parvenir au chef de l’État le 6 février une lettre dans laquelle ils demandent un « moratoire » sur l’utilisation des fameux lanceurs de balles de défense (LBD), ayant causé de très nombreuses blessures oculaires en marge de la mobilisation des gilets jaunes.
« Faute de réponse présidentielle, ils rendent aujourd’hui public ce courrier afin d’être certains que leur message d’alerte est parvenu à son destinataire », indique ce dimanche 10 mars le JDD, qui publie cette missive dans ses colonnes.
« Monsieur le Président de la République, le nombre inédit de contusions oculaires graves par lanceurs de balles de défense conduisant à la perte de la vision a légitimement ému un grand nombre de citoyens et d’Associations, et nous concerne particulièrement en tant qu’ophtalmologistes. Ces contusions entrainent des lésions souvent au-dessus de toute ressource thérapeutique », alertent les professionnels, estimant que les « blessures oculaires survenues ces dernières semaines ne sont pas dues au hasard ou à l’inexpérience ».
Selon ces médecins, « le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique conservée à longue distance et l’imprécision inhérente à cette arme devaient nécessairement entrainer un grand nombre de mutilations ». Les ophtalmologistes soulignent qu’une « telle ‘épidémie’ de blessures oculaires gravissimes ne s’est jamais rencontrée » et demandent « instamment un moratoire dans l’utilisation de ces armes invalidantes au cours des actions de maintien de l’ordre ».
« Notre démarche est uniquement celle de médecins, purement humaniste, avec pour seul but d’éviter d’autres mutilations », tiennent-ils à préciser. Vendredi, le maire de Phalsbourg en Moselle a pris un arrêté symbolique pour interdire le recours à ces fameux LBD à l’occasion de l’acte XVII des gilets jaunes.
« Depuis le début du mouvement dit les gilets jaunes, on compte environ 2200 blessés parmi les manifestants, et 83 enquêtes en cours à l’IGPN et à l’IGGN impliquant des faits concernant des tirs de LBD », a indiqué récemment le secrétaire d’État à l’Intérieur Laurent Nunez.
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