LR: Bpifrance est une banque publique d’investissement, un organisme français de financement et de développement des entreprises. De quoi distribuer de l’argent public aux copains, via les pistons des politicards locaux dans l’opacité la plus totale, l’assistanat pour patrons, celui qui coûte cher…
Dans une intervention à un événement de BPI France, la ministre Agnès Pannier-Runacher a dépeint l’industrie comme un monde « magique », un véritable paradis sur terre. Gaëtan Gracia, ouvrier dans l’aéronautique, lui a répondu.
lundi 11 octobre
En tant qu’ouvrier de l’industrie, je me devais de répondre à la ministre Agnès Pannier-Runnacher qui expliquait cette semaine que l’industrie c’est « la magie » et que « lorsque tu vas sur une ligne de production, c’est pas une punition, c’est pour ton pays, c’est pour la magie ». Venez frapper des rivets, respirer l’huile, ne pas voir le jour, porter des bacs, te faire balader par des chefs, une journée seulement. Vous verrez qu’il n’y a pas de magie ici.
on dirait une parodie pic.twitter.com/96AODH7sLV
— Nicolasbdf (@Nicolasbdf) October 8, 2021
D’abord, la ministre répète la fable des dominants : « on est tous dans le même bateau ». Il n’y a vraiment qu’une cadre supérieure, ce qu’elle était avant d’être ministre, pour vouloir faire croire qu’il n’y a pas de différence entre ouvrier et cadre. Au choix, je n’en mentionne qu’une : l’espérance de vie d’un ouvrier est 7 ans de moins que celle d’un cadre ! On pourrait en lister plein, mais passons.
Ensuite, la « magie » qu’elle décrit, ou cadres et ouvriers sont sur un pied d’égalité une fois passée la porte de l’usine, ne ressemble à rien que j’ai connu. Les cadres ont une position dans la hiérarchie qui les place au-dessus des ouvriers A mon usine par exemple, les chefs d’atelier et d’équipe sont des agents de maîtrise, et les chefs de service sont des cadres. Ils sont nos N+2, il n’y a personne au-dessus d’eux à part les patrons. Ils touchent par ailleurs plus de 4000€ par mois.
Tous ceux qui ont bossé en usine savent qu’il n’y a pas d’unité avec les grands chefs, qu’on se fout d’eux parce qu’ils ne connaissent rien aux machines, et qu’ils touchent 4000 euros pour nous dire ce qu’on sait déjà. Le peu d’unité qu’on pourrait déceler entre ouvrier et cadre, c’est dans nos tracts syndicaux où l’on revendique des augmentations pour tous par exemple. D’ailleurs, contrairement à ce que dit la ministre, les patrons d’industrie ne cherchent pas à créer une « magie », une osmose entre cadres et ouvriers. Au contraire : un cadre ne doit surtout pas être trop proche ou favorable aux ouvriers. Tout le monde le sait.
Ensuite, concernant l’allusion qu’elle fait à l’unité entre ouvrier français et immigré, quand elle existe c’est contre les patrons et non grâce à eux. Eux organisent une division « raciale » du travail. Un de nos tracts les plus appréciés disait que « les noirs et les arabes sont en bas de l’échelle, et quand on monte dans la hiérarchie ça se blanchit ». Une formulation un peu brute, mais qui reflétait la pensée des collègues.
Bref, quelques idées écrites depuis l’usine, où la plupart des collègues font des ruptures conventionnelles pour « ne plus jamais travailler ici ».
On est loin de la magie qu’ils nous vendent…
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