Ces derniers mois, le nombre de faillites d’entreprises est près de deux fois moins élevé qu’avant la crise, du fait d’aides gouvernementales et de créanciers publics plus conciliants.
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En avril 2020, le nombre de faillites d’entreprises avait connu un creux historique : seulement 1 500, soit trois fois moins que sa moyenne des mois précédents. Il s’élève le mois dernier à un peu plus de 2 000, mais reste très largement inférieur à ce qu’il était avant le début de la crise du Covid-19. En 2020, les faillites d’entreprise ont été 40 % moins nombreuses qu’en 2019. Lorsque la situation économique s’est normalisée, le «mur des faillites» que certains craignaient n’a ainsi pas eu lieu.
Tout ceci se paie cependant en termes de financement de la protection sociale. Les créances impayées de l’Urssaf s’élèveraient en effet, selon Bercy, à environ 20 milliards d’euros. Un autre mur en perspective ?
Entreprises : ce « mur de faillites » qui inquiète
DATA. Depuis que la crise sanitaire a éclaté, le nombre de dépôts de bilan est historiquement bas en France, mais il pourrait rapidement grimper.
Les crises se suivent, mais ne se ressemblent pas. Du moins pas immédiatement. L’ampleur inédite de la pandémie de Covid-19 et les mesures de restrictions qu’elle a occasionnées ont freiné, voire mis à l’arrêt, une grande partie de l’économie française. Paradoxalement, très peu d’entreprises ont déposé le bilan depuis mars 2020.
Loin des 63 000 défaillances d’entreprises* enregistrées en 2009 à la suite de la crise financière mondiale, la France en a compté 31 490 en 2020. Jamais le chiffre n’avait été aussi bas depuis 1987. La raison de cette baisse historique, c’est la politique du « quoi qu’il en coûte », adoptée par le gouvernement depuis le premier confinement.
« Le caractère atypique de cette crise et l’ampleur inédite des mesures de soutien du gouvernement ont cassé au moins temporairement le lien entre activité économique et défaillances d’entreprises », explique la société d’assurance crédit Coface, dans un rapport publié en mars. Temporairement, car dès que l’État lèvera ces mesures exceptionnelles, Coface prédit une reprise de dépôts de bilan. Sans les mesures gouvernementales, le rapport estime que 22 500 entreprises supplémentaires auraient déposé le bilan en 2020. Un grand nombre d’entre elles devraient progressivement apparaître dans les tribunaux de commerce à mesure que les mesures d’aide seront levées.
Déjà, depuis la mi-mars, les défaillances repartent à la hausse. Les chiffres hebdomadaires sont passés au-dessus de ceux de 2020 à la même époque, c’est-à-dire lors du premier confinement. Les chiffres du premier trimestre 2021 montrent aussi que parmi les procédures de défaillances d’entreprises, un nombre record se soldent par une liquidation, tandis que les plans de sauvegarde sont rares. Preuve que de nombreuses entreprises, fragilisées depuis longtemps, ont tenu jusqu’ici grâce aux aides de l’État, mais déposent le bilan trop tard pour être sauvées.
Selon Coface, la future vague de défaillances d’entreprises affectera logiquement les secteurs les plus fragilisés par la crise sanitaire : la construction, l’hôtellerie-restauration, le commerce… Pour l’instant, dans presque tous les secteurs, le nombre d’entreprises défaillantes en 2021 est inférieur au premier trimestre 2020. Seule exception : la promotion immobilière, qui enregistre une hausse de 85 % du nombre de dépôts de bilan par rapport à l’an passé. L’agriculture connaît quant à elle une baisse de 12 %, très inférieure à la baisse nationale de 30 %.
Enfin, les chiffres ne sont pas homogènes sur le territoire. Alors que toutes les régions de France métropolitaine s’en sortent mieux que début 2020, trois régions d’outre-mer connaissent une tendance inverse : la Guyane, la Guadeloupe et La Réunion. En Guyane, le nombre d’entreprises défaillantes a été multiplié par quatre par rapport au premier trimestre 2020. Pour ces régions où l’activité touristique constitue une part importante de l’économie, l’été 2021 sera plus que déterminant.
* Par défaillance d’entreprise ou dépôt de bilan, on entend l’ouverture d’une procédure de redressement, pour une entreprise en état de cessation de paiements. La procédure peut aboutir soit à une liquidation judiciaire, soit à un redressement judiciaire. Dans certains cas, on inclut également dans les chiffres les procédures qui ont ouvert sur des plans de sauvegarde.
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