C’est un des principaux enseignements des élections européennes, organisées entre le 23 et le 26 mai dans les 28 pays de l’Union (voir notre débrief en vidéo) : les gauches sont en péril.
Le prochain Parlement sera dominé par la droite, les libéraux et l’extrême droite – mais il sera éclaté, avec une configuration inédite puisque les grands partis historiques, les conservateurs du PPE et les sociaux-démocrates du PSE, ne représentent plus la majorité absolue.
Les pourparlers ont d’ailleurs déjà commencé à Bruxelles pour décider de l’attribution des principaux postes, notamment le futur patron de la Commission. Le président français Emmanuel Macron, qui a perdu son pari d’arriver devant le Rassemblement national, espère malgré tout jouer les faiseurs de rois.
Les gauches, elles, risquent de devoir se contenter des seconds rôles : les deux grandes tendances, les sociaux-démocrates comme la gauche radicale, ont perdu une cinquantaine de sièges. Et ce malgré quelques succès, comme celui du parti socialiste espagnol du premier ministre Pedro Sánchez, grand vainqueur des européennes – en Espagne, avaient également lieu des élections locales qui ont notamment vu la défaite de Manuel Valls à la mairie de Barcelone.
Podemos a enregistré un nouvel recul, tout comme son allié grec, Syriza, du premier ministre Alexis Tsipras, contraint d’annoncer des législatives anticipées dans la foulée du résultat.
En Belgique, c’est le joli score du Parti du travail belge (PTB) lors des élections fédérales qui peut réconforter les partisans de la gauche radicale. Mais il n’efface pas, loin de là, le triomphe de l’extrême droite en Flandre.
Les seuls à tirer leur épingle du jeu sont les écologistes, qui font parfois campagne en remettant justement en cause le clivage droite-gauche. En Allemagne, les Verts ont multiplié leur score par deux le 26 mai, réussissant à attirer des millions d’électeurs de tous partis et classes d’âge, et devenant le deuxième parti du pays, devant les sociaux-démocrates du SPD.
En France aussi, Europe Écologie-Les Verts est la seule formation classée à gauche à avoir dépassé la barre des 10 %. Les autres sont loin derrière, notamment La France insoumise qui enregistre un échec cuisant, après des mois d’errements stratégiques, de tensions internes et de fragilisation de son leader. À tel point qu’Usul se demande dans sa chronique hebdomadaire si la révolution citoyenne a fait long feu.
De même, les partis qui ont dominé la vie politique pendant des décennies n’ont jamais été aussi affaiblis, que ce soit le PS ou LR, où Laurent Wauquiez espère encore sauver son poste.
Dans un pays où le vote (comme l’abstention) révèle des fractures à la fois sociales et territoriales, dans l’Hexagone comme dans l’outre-mer, LREM a réussi à se maintenir en s’appuyant sur un électorat à la fois âgé et bourgeois – un vote de classe qui rappelle la défunte UDF – et le Rassemblement national « s’est stabilisé à un très haut niveau », selon le chercheur Florent Gougou. Tout est à reconstruire. |
NOS REPORTAGES ET ENQUÊTES EN FRANCE
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