Au Gabon, les élections municipales, législatives et présidentielles se sont déroulées le week-end dernier.
Le contexte est particulier alors que l’influence française s’effondre petit à petit partout dans l’Afrique francophone.
Nommé chef d’État il y a quatorze ans, et reconduit depuis, Ali Bongo vise un troisième mandat, qui passe dorénavant de 7 à 5 ans.
Son père Omar Bongo avait précédemment conservé le pouvoir pendant plus de 41 ans.
La famille Bongo règne sur l’État gabonais depuis 1967, avec le soutien de la France.
La corruption y est endémique, elle lie fortement et historiquement les relations entre ces deux États.
Au terme du scrutin à un tour du 26 Août dernier, le principal opposant Albert Ondo Ossa et son camp, soutenus par une large partie de la société civile, affirment avoir remporté les élections.
L’opposition dénonce des fraudes et demande au dictateur de reconnaître sa défaite et une transition pacifique.
Ali Bongo ne l’entend pas de cette oreille et semble prêt à tout pour se maintenir au pouvoir.
L’accès à internet a été coupé, un couvre-feu a été ordonné et le dépouillement des votes et son recompte dure depuis maintenant 48h alors que 850 000 inscrits étaient appelés aux urnes.
Les médias France 24, RFI et TV5 Monde ont également été suspendus.
Il est difficile d’en savoir plus sachant qu’aucune accréditation n’a été accordée aux journalistes étrangers.
Déjà lors des dernières élections en 2016, le candidat Jean Ping avait déclenché une vague d’espoir dans la population gabonaise.
Sa candidature avait fédéré une large partie des électeurs, mais au lendemain des élections le clan Bongo avait censuré internet et ordonné de tirer à balles réelles dans la rue, mais également dans le QG du candidat de l’opposition.
Ces pratiques sont à nouveau à craindre ces jours-ci.
Il y a seulement quelques mois, lors de sa tournée en Afrique Équatoriale, Macron s’était rendu au Gabon à l’occasion du sommet du One Forest Summit, co-organisé par les deux nations.
L’ancienne puissance colonisatrice s’était illustrée par cette vaste opération de communication sous fond de greenwashing alors que parallèlement le Gabon vendait des portions de forêt à Total, entreprise très implantée dans la région.
Peuplé par environ 2,3 millions d’habitants, le Gabon est un des pays les plus riches d’Afrique subsaharienne.
Il dispose de ressources importantes en pétrole, en bois et dans le secteur minier.
Son territoire est recouvert à plus de 80% par une forêt équatoriale relativement bien préservée.
L’indice de développement humain y est le plus fort d’Afrique Subsaharienne.
Les inégalités sont pourtant spectaculaires, le taux de pauvreté ne cesse de progresser.
Un tiers de la population vit avec moins de 5,5 dollars par jour et le chômage chez les moins de 34 ans avoisine les 40%.
Fief historique de la Françafrique, et depuis peu membre du Commonwealth, une large partie de la population semble aujourd’hui vouloir un changement.
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