Jeudi 16 janvier, la motion de censure déposée contre le gouvernement Bayrou a été votée par les députés insoumis, écologistes, communistes et ultramarins du groupe GDR, ainsi que par 8 députés du groupe socialiste.
En refusant de la voter, 58 députés socialistes ont permis au gouvernement Bayrou de continuer sa besogne de destruction. Ils lui ont reconnu une légitimité indue. Selon les termes d’Olivier Faure en octobre dernier après la première motion de censure contre Michel Barnier, ces députés ont ainsi rejoint les rangs d’un « soutien sans participation » au gouvernement. Par là même, ils ont masqué la responsabilité centrale du Rassemblement National qui, en ne votant pas la censure, a assuré la survie d’un gouvernement voué aux obsessions néolibérales d’Emmanuel Macron.
Cette décision de 58 députés socialistes est une rupture grave avec les engagements pris devant le peuple lors de leur élection en juillet dernier. En effet, le programme du Nouveau Front Populaire affirmait, dès son préambule, que cette alliance s’inscrivait en rupture avec le macronisme. Dès lors, par ce choix solitaire et sans concertation, en s’isolant de trois composantes du Nouveau Front Populaire et en validant un gouvernement illégitime, le Parti socialiste n’agit plus comme un partenaire de cette coalition.
Pour justifier cette décision, les dirigeants du PS prétendent avoir obtenu des « concessions remarquables » du gouvernement sur les retraites ou sur le budget. En réalité, le « conclave » mis en place par François Bayrou et François Hollande est un piège grossier. Il donne au Medef un droit de véto empêchant tout vote de l’Assemblée nationale pour l’abrogation de la retraite à 64 ans. Quant aux 23 éléments présentés comme des concessions budgétaires, ils correspondent pour 8 d’entre eux à des mesures figurant déjà dans le budget de Michel Barnier et pour 11 d’entre eux au résultat de la discussion parlementaire ou de la censure de son gouvernement. Il n’y a rien de « remarquable » dans ce grand exercice d’enfumage. Et rien qui ne vienne contrebalancer les 10 milliards supplémentaires de baisse de dépenses publiques qui font du budget en préparation un budget Barnier en pire.
Le vote du budget doit avoir lieu au début du mois de février à l’Assemblée nationale. En l’absence de majorité, le gouvernement devrait utiliser l’article 49.3 pour tenter de l’imposer en force. À cette occasion, nous déposerons une nouvelle motion de censure. En votant la censure, nous pourrons protéger le peuple de l’impact des coupes budgétaires massives prévues par le gouvernement dans le budget de l’écologie, de la rénovation thermique des logements, de la santé, de la culture, de l’éducation, du sport ou encore de l’enseignement supérieur et de la recherche. Mais nous pourrons aussi refuser la poursuite d’une politique sans réponses à l’urgence sociale ou au défi climatique. Et rejeter la préparation de réformes inacceptables d’ores et déjà annoncées par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, comme la remise en cause de l’Aide Médicale d’État.
Ce sera donc l’heure de vérité. Si des députés socialistes devaient refuser à nouveau de censurer le gouvernement de François Bayrou, ils rompraient définitivement avec le Nouveau Front Populaire. Ils confirmeraient un renversement d’alliance et ne seraient plus en mesure de représenter l’opposition de gauche dans leurs circonscriptions. Car c’est dans la clarté, la cohérence et le respect de la parole donnée que réside la possibilité d’une dynamique populaire en mesure de nous permettre d’accéder au pouvoir. Agir autrement, c’est ouvrir la voie royale au Rassemblement National que nous pouvons vaincre en restant fidèles à nos engagements de rupture avec la macronie. C’est pourquoi, dans un objectif de clarification politique et afin d’obtenir la censure du gouvernement Bayrou, le groupe parlementaire de la France insoumise va proposer des rencontres bilatérales aux groupes parlementaires issus du Nouveau Front Populaire.
En tout état de cause, la France insoumise restera fidèle à l’espoir suscité par la victoire du Nouveau Front Populaire. Nous poursuivrons notre démarche de rassemblement ouverte à toutes celles et ceux qui veulent faire vivre l’objectif d’une rupture avec le macronisme. C’est le seul chemin pour en finir avec la vie dégradée que ce dernier impose à un nombre croissant de femmes et d’hommes dans le pays. Le seul chemin pour empêcher l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Le seul chemin pour aller enfin vers l’harmonie entre les êtres humains et avec leur écosystème.
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