Couacs, revirements, tâtonnements : le bêtisier de la gestion de la pandémie par le gouvernement

France’s President Emmanuel Macron attends a Defence Council with French Health Minister Olivier Veran (R) at the Elysee Palace, in Paris, on November 12, 2020. (Photo by Thibault Camus / POOL / AFP)
Emmanuel Macron assiste à un Conseil de défense sanitaire avec le ministre de la Santé Olivier Véran à l’Élysée, le 12 novembre 2020. Thibault Camus / POOL / AFP

RÉCIT – En près de deux ans d’une pandémie historique et inattendue, le gouvernement a offert aux Français plusieurs épisodes, tantôt comiques, tantôt déconcertants de sa gestion de crise.

Répondant aux questions des lecteurs du Parisien pour défendre la stratégie de lutte contre le Covid du gouvernement, Gabriel Attal concède cette incohérence. L’épreuve de communication est ratée. Cet épisode, commenté sévèrement sur les réseaux sociaux, est loin d’être le seul. Entre ratés de communication, revirements et tâtonnements, Le Figaro revient sur le meilleur du pire de la gestion de la pandémie par le gouvernement Macron.

  • Agnès Buzyn, les regrets après la démission

Après avoir affirmé le 24 janvier 2019, jour même où trois premiers cas de Covid sont officiellement recensés en France, que «si le risque d’importation de cas depuis Wuhan est modéré, il est maintenant pratiquement nul parce que la ville est isolée»la ministre démissionne le 16 février du gouvernement, pour se présenter à l’élection municipale parisienne.

Après une troisième place décevante au premier tour, elle se retire, et confie, dans une interview au journal Le Monde, être «effondrée». Publié le premier jour du confinement, au lendemain de la déclaration de guerre du président au virus, l’entretien dévoile un aveu terrible de l’ex-ministre : «Quand j’ai quitté le ministère, assure-t-elle, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu». Les propos font polémiques, le gouvernement est embarrassé. «J’étais très fatiguée», regrettera-t-elle quelques mois plus tard.

  • De l’inutilité du masque à la contravention pour non port dans l’espace public

C’est sans doute le revirement le plus commenté. «Ne portez pas les masques», martelait le directeur général de la Santé Jérôme Salomon le 17 mars 2020. «Totalement inutile», «pas nécessaire», «ça ne sert à rien», les membres du gouvernement répètent à l’unisson au début du printemps que le masque est inutile en population générale.

Le 20 juillet, le masque devient obligatoire dans les lieux clos dans tout le pays. Pas de mea culpa si ce n’est du directeur général de la Santé qui reconnaîtra en septembre de l’année suivante une maladresse.

  • Les masques, «moi-même, je ne saurais pas les porter»

Alors que le gouvernement s’emploie à expliquer que les masques sont inutiles, la porte-parole Sibeth Ndiaye expose une drôle de justification. «Les masques ne sont pas nécessaires pour tout le monde, et vous savez quoi, moi je ne sais pas utiliser un masque. Je pourrais dire je suis ministre, je me mets un masque. Mais en fait je ne sais pas l’utiliser, parce que l’utilisation d’un masque ce sont des gestes techniques précis, sinon on se gratte le nez sous le masque, et bien en fait on a du virus sur les mains, sinon on a une utilisation qui n’est pas bonne et ça peut être même contre-productif».

  • Le Covid en station : fermeture des remontées mécaniques, ouverture des pistes

En pleine vague épidémique à la fin novembre de l’année 2020, le gouvernement décide de fermer les remontées mécaniques, en laissant ouvertes les pistes et les stations. Ce compromis pour empêcher les clusters dans les stations de ski sera lui aussi sujet à railleries, mais sera surtout déploré par les professionnels de la montagne.

  • Les produits essentiels… et non essentiels

C’est une image qui restera également dans les mémoires: celle des rayons cellophanés ou barrés de rubans de chantier des supermarchés. «C’est du grand n’importe quoi!», s’insurgeait-on dans les magasins. Le gouvernement publiait un décret pour déterminer quel produit «essentiel» ou «non-essentiel» les magasins pouvaient vendre. «C’est le bordel», s’emportait le patron Michel-Édouard Leclerc.

Un journal allemand remarque d’ailleurs cet «Absurdistan», selon l’expression désormais consacrée, où il a fallu savoir si des chaussettes, des slips et du mascara étaient essentiels ou non. «De l’esprit brillant de nos bureaucrates aura germé cette idée que les coiffeurs se devaient d’être fermés, mais pas les sex-shops ; que les enfants de moins de trois ans portaient des vêtements essentiels, mais non leurs aînés etc», ironisait alors Jean-Christophe Buisson, directeur adjoint du Figaro magazine.

  • Après avoir bâché les livres dans les grandes surfaces, les librairies deviennent essentiels

Les livres, ont d’abord été considérés comme non-essentiels. Puis en février 2021, après une mobilisation générale des libraires et du milieu de l’édition, le gouvernement finit par reconnaître, par décret, que les librairies sont des commerces dits «essentiels», tout comme les enseignes alimentaires.

  • «Je ne dirais pas que c’est un échec, je dirais que ça n’a pas marché»

Dans une grande interview en novembre 2020 sur l’antenne de TF1, Emmanuel Macron bute face à une question de Gilles Bouleau: «Stop Covid est un échec cuisant […], l’application a servi à alerter jusqu’à ce jour 493 personnes». «Je ne prendrais pas ce chiffre pour dire que c’est un échec, ça n’a pas marché», répond le président.

Cette phrase est reprise depuis largement sur les réseaux sociaux pour commenter toutes les décisions du gouvernement sur la gestion de la crise sanitaire.

  • La jauge à 30 personnes dans les lieux de cultes

Alors que le gouvernement avait promis à l’issue de discussion avec les responsables de religions la reprise des cultes début décembre 2020, le président de la République annonce le 24 novembre une jauge «strictement limitée à 30 personnes», qu’importe que la messe soit célébrée dans une chapelle ou une cathédrale. Entraînant la colère rare de l’archevêque de Paris.

«C’est une mesure totalement stupide qui contredit le bon sens (…) comme d’habitude, on a été écouté mais pas entendu. Là, encore une fois, on se moque de nous! Ça suffit! Il faut arrêter de nous infantiliser! On ne nous prend pas au sérieux. C’est fini!».

  • Noël 2020 :«On coupe la bûche de Noël en deux, papi et mamie mangent dans la cuisine»

Cette fois-ci, ce n’est pas un membre du gouvernement qui crée la polémique, mais le professeur Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP. Alors que la vague épidémique de novembre sévit toujours, le médecin prévient sur Franceinfo que les grands-parents doivent être protégés à tout prix. «Si je transmets le virus à papi et mamie, c’est pire que tout. Comment je vais vivre ça après?», assène-t-il. «On coupe la bûche de Noël en deux, papi et mamie mangent dans la cuisine et nous dans la salle à manger», ajoute-t-il.

Cette phrase résume la tournure surréaliste de l’organisation des fêtes de fin d’année en pleine pandémie. Une autre injonction provoque la polémique, qui se répétera d’ailleurs pour Noël 2021: «Il faut sauver Noël!».

  • Le troisième confinement, «dedans avec les miens, dehors en citoyen !»

Après une solide expérience de deux confinements, les Français vivent un troisième confinement au printemps 2021 assez différent. Plus besoin d’auto-autorisation pour aller faire ses courses de produits essentiels à moins de tant de kilomètres de chez soi. L’attestation est maintenue en revanche pour les déplacements interrégionaux. Et le reconfinement ne concerne pas tous les départements. Mais il y a eu «clarification» et «simplification», rassure Jean CastexLe gouvernement ficelle sa communication autour d’un slogan: «Dedans avec les miens, dehors en citoyen !».

Immédiatement, cette campagne est tournée en dérision sur les réseaux sociaux.

  • Le Covid, un virus qui s’attrape debout

Face à la déferlante Omicron et des taux records de nouvelles contaminations quotidiennes, le gouvernement a décidé récemment de mesures sanitaires qui ont fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux. Interdiction du pop-corn dans les cinémas, interdiction du casse-croûte dans le train, et surtout, interdiction de manger ou boire debout dans les bars. Dans les transports il y aura une tolérance pour les jeunes enfants et la consommation d’eau, s’est empressé de préciser le ministère des Transports.

«Personne dans [le] cabinet d’intelligents brevetés [du président] ne lui a chuchoté: «Le pop-corn et les Snickers, et l’interdiction du petit café debout vu que le virus épargne les citoyens assis, ça ne va pas le faire… On va passer pour des baltringues!», a relevé avec humour Alexandre Jardin dans nos colonnes.

  • Le vaccin, «pas obligatoire» ?

«Je l’ai dit, je le répète: le vaccin ne sera pas obligatoire». Alors que le texte instaurant le passe vaccinal devrait entrer en vigueur à la mi-janvier, la déclaration du président de la République sur Twitter le 27 décembre 2020 resurgit, relayée plus de 15.000 fois.

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