LR: Dans une période de mobilisation massive des effectifs, imaginer une prime exceptionnelle face à la crainte des défections sonne comme une évidence…
Un CRS a fait savoir au gilet jaune Maxime Nicolle, qu’il gagnait «500 euros par week-end» de mobilisation. Le service de communication de la police dément ce montant. En réalité, les CRS peuvent toucher 190 euros pour 12 heures de travail chaque samedi.
Question posée par le 14/04/2019
Bonjour,
Votre question fait suite à une vidéo filmée à Toulouse, le samedi 13 avril, par Maxime Nicolle, une des principales figures du mouvement des Gilets jaunes. Alors qu’il filme en live sur Facebook des forces de l’ordre, tout en déclarant que le mouvement n’est pas fini, un CRS lui répond: «Je prends 500 euros par week-end». Une manière provocatrice de lui faire savoir qu’il est «content» que les actes se succèdent.
Contacté par CheckNews, le Service d’Information et de Communication de la Police nationale (SICoP) dément les allégations du CRS. «C’est faux, bien sûr» indique ce service de presse avant de clarifier qu’il ne s’agit «pas d’une prime mais d’une indemnité pour du travail effectué le week-end».
Il existe deux régimes indemnitaires: l’indemnité journalière d’absence temporaire (IJAT, plus communément appelée indemnité journalière de déplacement) et les missions ponctuelles. L’IJAT est une indemnité de déplacement d’un montant de 40 euros par jour, à partir de 12 heures en déplacement. Par exemple, si des CRS de Bordeaux sont envoyés et logés à Toulouse pendant trois jours, du lundi au mercredi, alors ils touchent leur salaire, l’indemnité de 40 euros d’IJAT et des heures supplémentaires à partir de la huitième heure travaillée. Les missions ponctuelles consistent à envoyer ponctuellement des CRS sur un lieu. Par exemple, on dit la veille à des CRS de Montauban qu’ils vont partir travailler à Toulouse pour la journée, mais ils rentreront le soir chez eux.
Comme le rappelle le SICop, les CRS sont des fonctionnaires qui travaillent normalement du lundi au vendredi. Ce qui signifie que toutes les heures travaillées lors des samedis de manifestations de gilets jaunes sont comptées comme des heures supplémentaires pour 12,47 euros de l’heure. La différence pour une même mission à Toulouse, entre le CRS de Montauban en mission ponctuelle et le CRS de Bordeaux en déplacement, est que celui de Bordeaux touchera l’indemnité de 40 euros.
190 euros par samedi pour 12 heures de travail
Passons aux calculs pour une journée de 12 heures de maintien de l’ordre effectuée à Toulouse. Pour le CRS de Bordeaux, en déplacement à Toulouse (et qui est donc logé pour quelques jours à Toulouse), il touchera environ 150 euros (12 x 12,47) pour les heures travaillées le samedi, auxquelles s’ajoutent les 40 euros d’IJAT, soit un total d’environ 190 euros pour un samedi de manifestation. Pour le CRS de Montauban, il faut compter les mêmes 12 heures de mission à Toulouse, ainsi que le temps de transport depuis Montauban (soit une heure aller et une autre retour), ce qui donne environ 175 euros.
Pour que le CRS, filmé par Maxime Nicolle, touche 500 euros par acte, cela signifie donc qu’il a travaillé 34 heures «en déplacement» (34×12,47+80), ou 40 heures «en mission ponctuelle» chaque samedi et dimanche. Selon notre interlocuteur du SICoP, de telles durées de travail pour un week-end sont très éloignées de la réalité. Dans la mesure où les manifestations des gilets jaunes n’ont lieu normalement que le samedi, il n’est donc pas crédible que le CRS filmé à Toulouse, puisse gagner de tels montants.
Cordialement
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