Des dizaines de milliers de manifestants défient le pouvoir en Biélorussie, l’UE reste prudente

Le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell a mis en garde contre le risque de voir la Biélorussie se convertir en une « seconde Ukraine », estimant nécessaire de « traiter » avec le président Alexandre Loukachenko. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, réclame de son côté une réforme constitutionnelle.

Brandissant des drapeaux blanc et rouge, les couleurs de la contestation, la foule était réunie sur la place de l’Indépendance et dans les rues environnantes, dimanche, reprenant en choeur des slogans comme « Liberté ! ». (Dmitri Lovetsky/AP/SIPA)
Par Les Echos
Publié le 23 août 2020 

En Biélorussie, l’opposition ne faiblit pas malgré les menaces du pouvoir. Des dizaines de milliers de Biélorusses manifestent ce dimanche à Minsk pour dénoncer la réélection du président Alexandre Loukachenko , confronté depuis deux semaines à un immense mouvement de protestation, selon des journalistes de l’AFP. Le dirigeant avait ordonné samedi à l’armée de prendre les « mesures les plus strictes » pour défendre l’intégrité territoriale du pays.

Brandissant des drapeaux blanc et rouge, les couleurs de la contestation, la foule était réunie sur la place de l’Indépendance et dans les rues environnantes, reprenant en choeur des slogans comme « Liberté ! ». Des médias et des comptes de messagerie Telegram liés à l’opposition évoquaient quant à eux plus de 100.000 protestataires dans la capitale biélorusse pour le deuxième dimanche consécutif. Ils dénoncent la réélection jugée frauduleuse, le 9 août, d’Alexandre Loukachenko, ainsi que la brutale répression ayant suivi.

L’UE redoute une « seconde Ukraine »

Face à cette contestation, Bruxelles joue les équilibristes. Les autorités européennes ne reconnaissent pas l’élection, mais veulent maintenir le dialogue avec le gouvernement biélorusse. Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a mis en garde contre le risque de voir la Biélorussie se convertir en une « seconde Ukraine », estimant nécessaire de « traiter » avec le président Alexandre Loukachenko, dans un entretien publié dimanche par le quotidien espagnol « El Pais ».

L’Union européenne « n’a pas l’intention de convertir le Bélarus en une seconde Ukraine », a affirmé Josep Borrell, évoquant le différend avec la Russie après l’annexion de la Crimée en 2014. « La tension entre l’Europe et la Russie s’est réglée par des tirs, de la violence et une désagrégation du territoire ukrainien qui dure encore. Le problème d’aujourd’hui des Biélorusses n’est pas de choisir entre la Russie et l’Europe, c’est d’obtenir la liberté et la démocratie », a-t-il poursuivi.

Réforme constitutionnelle ?

Moscou affirme de son côté qu’une réforme constitutionnelle serait une solution durable à la crise politique du pays. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé dimanche que la situation était en cours de stabilisation, selon les agences de presse russes.

Le président Loukachenko dit avoir remporté 80 % des voix le 9 août, un score dénoncé comme truqué par ses opposants. Sergueï Lavrov, qui accuse les opposants en exil de chercher à provoquer « un bain de sang », estime quant à lui qu’il est impossible de prouver que le président sortant n’avait pas remporté les élections, selon des propos rapportés par les agences Interfax et RIA.

« S’il a vraiment gagné l’élection (avec 80 % des voix) alors pourquoi tant de gens sortent dans la rue contre lui ? », feint de s’interroger auprès de l’AFP Evgueni, un manifestant de 18 ans. Après l’élection présidentielle, plusieurs manifestations ont été matées par la police, faisant au moins trois morts, des dizaines de blessés et plus de 6.700 personnes ont été arrêtées, dont beaucoup ont signalé des passages à tabac et des tortures en détention.

En Biélorussie, une foule immense défie le pouvoir d’Alexandre Loukachenko

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