Sur l’ensemble des hospitalisations en France en 2020, seules 2% ont concerné le Covid-19.

Paris, vendredi 9 octobre 2020. Reportage à l'hôpital Bichat sur l'evolution de la situation liée au covid_19 en service de réanimation médicale et infectieuse. Extraction par les soignants d'un patient atteint du covid et en levée d'isolement. Coronavirus covid_19 covid © Arnaud Dumontier pour Le Parisien
Le Covid-19 représente 2% des hospitalisations en 2020 !
Chère amie, cher ami,
Relisez bien le titre de ma lettre d’aujourd’hui.
Oui, vous avez bien lu.
Sur l’ensemble des hospitalisations en France en 2020, seules 2% ont concerné le Covid-19.
Les patients covid ont représenté par ailleurs 5% des patients en réanimation.
Cela veut dire que 98% des patients n’ont PAS été hospitalisés pour le Covid-19.
Et que 95% des patients en réanimation y étaient pour autre chose que le Covid-19.
L’ATIH, une agence d’état
Ces chiffres viennent du rapport d’analyse de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH).[1][2][3][4]
Cet organisme est on ne peut plus officiel.
C’est un établissement public français créé en 2000 pour évaluer l’activité hospitalière en France.
Cette agence est au courant de tout ce qui se passe dans les hôpitaux. Elle sert à gérer les systèmes d’information de ces établissements.
Le rapport de 2020 est organisé en trois parties, téléchargeables séparément[2][3][4] : l’une traite de l’hospitalisation à domicile, l’autre des hospitalisations en général et la troisième de celles liées au coronavirus.
Il y a donc une partie entière consacrée à 2% des patients…
On peut y lire :
“Les patients COVID représentent 2% de l’ensemble des patients hospitalisés au cours de l’année 2020, tous champs hospitaliers confondus (Figure 1). En moyenne, ces patients COVID ont été hospitalisés sur une durée de 18,2 journées au cours de l’année 2020.” [2]
La première impression que donne ce rapport est que ces chiffres sont incroyablement bas par rapport à tout ce que l’on nous a expliqué.
La réaction de Martin Blachier
Ce rapport a été commenté sur LCP par l’épidémiologiste Martin Blachier.
Il explique à une journaliste abasourdie :
« Mais on parle bien de cette année 2020, où effectivement il y a eu deux confinements qui viennent d’être justifiés ce soir. Ça a coûté 200 milliards à la France. On sait qu’il y a 35% des jeunes qui ont déclaré avoir eu des idées suicidaires et je ne parle même pas des retards d’apprentissage, des phobies scolaires que l’on a même pas pu encore quantifier par des études.”
Il ajoute que même si l’on prend en compte le fait que les séjours covid sont plus longs que les autres, la pression exercée par cette maladie n’a pas été aussi forte que ce l’on a dit.
Il évoque prudemment un décalage entre la réalité hospitalière et la perception que l’on a en a eu.
Ce qui est extraordinaire, c’est que ce Martin Blachier a été partie prenante de ce grand “coronacircus.”
Ainsi que le relève une vidéo du média humoristique Juste Milieu, il n’a pas toujours tenu le même discours.
Lui aussi a participé à la grande peur des biens portants.[6] Par exemple, le 5 octobre 2020, contre Jean-François Toussaint, il disait sur CNEWS :
« Vous allez comprendre ce que je veux dire. On laisse filer le virus, donc il va y avoir plus d’entrées en réanimation, donc si on suit les explications du professeur Toussaint, dans trois semaines les services de réanimation sont pleins. Qu’est-ce qu’on va faire ? On va laisser les gens mourir aux portes des services de réanimation. Qu’est-ce qu’on va faire ? On va fermer le pays. »
C’est lui l’expert. Il sait de quoi il parle, enfin normalement…
La réaction très pudique des médias
L’information des 2% de covidés à l’hôpital en 2020 a été reprise par une grande partie des médias majoritaires : LCI [5], Le Figaro [7], Libération [8], Nice Matin [9], etc.
Mais tous ces médias en ont minimisé l’importance.
Ils relativisent autant qu’ils peuvent, comme pour se dédouaner de leur propre responsabilité.
Car si le gouvernement a menti ou exagéré, tous ces médias ont largement relayé ces fausses informations.
Il faut tout de même rappeler que le nombre de morts liés au Covid-19 n’a jamais été extrêmement élevé, même en mars et avril 2020.
Ce n’est pas au nom d’une mortalité insupportable que l’on a confiné tous les enfants de France.

2% de patients Covid parmi les hospitalisations en 2020 ? Pourquoi c’est plus compliqué

Un rapport officiel s’est penché, notamment, sur le nombre et la part de patients hospitalisés pour Covid-19 l’an dernier. Si ce chiffre de 2% est exact, il fournit une vision incomplète de la réalité. Explications.

Un patient pris en charge à l’hôpital Bichat, le 9 octobre 2020. LP/Arnaud Dumontier
Le 12 novembre 2021 à 10h27

Ils y voient la preuve qu’on en a « trop fait » autour du Covid-19. Plusieurs personnalités, notamment politiques, ont relayé ces derniers jours un rapport indiquant que seulement 2 % des patients hospitalisés l’an dernier l’avaient été pour Covid. Mais, pris isolément, ce pourcentage ne permet pas de décrire la situation vécue à l’hôpital. On fait le point.

Ce que vous avez peut-être lu ou entendu

Ce constat a notamment été évoqué ce jeudi, sur CNews, par Marie-Estelle Dupont, psychologue « spécialisée en psychopathologie, neuropsychologie, psychosomatique » et très critique sur la stratégie vaccinale et sanitaire en France.

« En 2020, seulement 2 % des hospitalisations et 5 % en réa étaient liées au Covid. (…) On a donné l’impression que les services étaient pleins de patients Covid, mais ce n’était pas le cas. (…) La peur a été disproportionnée », s’est-elle insurgée.

Sur Twitter, de nombreuses personnalités ont relayé et commenté ce chiffre en minimisant l’impact de la crise sanitaire. « Les covidistes enfermistes vaccinolâtres Passolâtres sont soit des abrutis, soit des frustrés dangereux + quelques corrompus bien sûr », s’est enflammé Florian Philippot, figure de proue des antivax et des anti-passe sanitaire. « Si cela est vrai, on est vraiment pris pour des cons-covid », s’est insurgé de son côté le député du Rassemblement national Gilbert Collard.

Ce que dit ce rapport

Le document dont il est question a été réalisé par « l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation » (ATIH), un organisme public qui dépend du ministère de la Santé. Il est paru le 28 octobre dernier, sans entraîner immédiatement de nombreuses réactions.

Cela étant, il serait impropre de s’y limiter. Dès la première phrase du rapport, il est d’ailleurs indiqué que « la crise sanitaire induite par la pandémie de Covid-19 a fortement impacté l’activité des établissements de santé » en 2020.

Comment il faut l’interpréter

L’un des principaux éléments à prendre en compte porte sur la durée moyenne d’hospitalisation. Dans les services de réanimation, celle-ci s’est élevée à 15,7 jours pour les patients Covid en 2020 contre 11 jours pour ceux malades de la grippe l’année précédente.

Ainsi, si on se penche cette fois sur la part du Covid-19 parmi l’ensemble des jours d’hospitalisation, on tombe sur 4 % en hospitalisation (tous services confondus), 8 % en soins critiques et 19 % en réanimation. Cela signifie, par exemple, que les patients Covid ont représenté 19 % des journées d’hospitalisation en réanimation l’an dernier.

Par ailleurs, ces pourcentages portent sur l’année tout entière, marquée par les deux premières vagues de la pandémie et par un gros « creux » entre-temps. Ils ont été plus ou moins élevés selon les périodes, et sont donc « lissés » sur 12 mois. Ce que plusieurs médecins ont illustré par différentes images. « J’ai fait 15 000 km en voiture en un an. J’ai donc fait du 1,5 km/h sur l’année… je ferai mieux de changer de voiture », a résumé Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie médicale au CHU de Bordeaux.

« Nier le débordement des urgences parce que le Covid-19 n’a représenté que 2 % des hospitalisations, c’est comme nier la canicule de 2003 parce que la température moyenne sur l’année a été de 15°C », a écrit de son côté Dominique Dupagne, médecin généraliste retraité et blogueur.

Et comme l’étude s’est penchée sur la France entière, elle ne prend pas en compte les disparités régionales. Lors de la première vague au printemps 2020, les régions Grand Est et Île-de-France ont été les plus touchées, tandis que d’autres, comme la Bretagne, sont restées relativement préservées.

En résumé :

  • Selon un rapport officiel, 2 % des patients hospitalisés et 5 % de ceux admis en soins critiques l’an dernier l’ont été pour Covid-19.
  • Ces pourcentages sont beaucoup plus élevés si on se penche sur le nombre de journées d’hospitalisation, et ils sont par ailleurs lissés sur toute l’année.
  • Ils ne permettent donc pas de minimiser l’impact de la pandémie sur l’hôpital.

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