| Arguments pour la lutte sociale |
Mardi 27 Juin 2023, un policier a assassiné froidement à bout portant Nahel, un jeune livreur de dix-sept ans à Nanterre juste après avoir crié qu’il allait lui tirer une balle dans la tête. Une vidéo amateur filmée par smartphone a tourné en boucle, battant en brèche la version policière qui a cherché à se couvrir en arguant de la légitime défense, comme pour chaque crime policier depuis des décennies. Après avoir mis en joue cent cinquante jeunes à Mantes-la-Jolie en 2018, après avoir tabassé Michel Zecler sous des injures racistes en 2020 et après avoir appelé par une tribune d’anciens généraux à un coup d’état en 2021, un nouveau palier est franchi. Rien n’a changé depuis les marches du Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB) dans les années 1990, depuis les révoltes après l’assassinat de Zyed Benna et Bouna Traoré en 2005, depuis l’assassinat de Lamine Dieng en 2007 et depuis l’assassinat d’Adama Traoré en 2016. La situation s’est même aggravée. Les exécutions sont régulières et leur fréquence s’est accélérée depuis 2017 avec l’article qui a élargi le cadre juridique de la légitime défense, s’apparentant à un permis de tuer sans rendre de comptes. Le nombre de personnes tuées par la police ne cesse de grimper, trente morts en 2019, quarante-six morts en 2020, cinquante-trois morts en 2021 et treize morts en 2022 pour un refus d’obtempérer. Le corps policier, largement acquis à l’extrême-droite, s’assume de plus en plus comme une sorte de milice factieuse. Elle se sait indispensable aux gouvernements capitalistes pour réprimer toutes les forces qui cherchent à s’opposer à leurs politiques de destructions sociales et écologiques, tous les corps qui se soulèvent et tous les territoires qui construisent des mondes habitables. Ce nouveau crime policier flagrant n’est pas une bavure. Il est symptomatique d’un ordre étatique raciste fondé sur la violence contre les personnes racisées et contre tous les corps jugés non conformes. Cette violence qui mutile, qui enferme et qui tue, s’est éprouvée de longue date au sein des colonies et des quartiers populaires. Maintenant, elle s’étend par tache d’huile depuis quelques années sur les milieux militants, le mouvement social, les Gilets Jaunes et les luttes écologistes. Concernant les Soulèvements de la Terre, plus de cinq mille grenades lacrymogènes ont été tirées en moins de deux heures contre les manifestants, faisant plus de deux cent blessés, de nombreux mutilés et deux personnes entre la vie et la mort, Samedi 25 Mars 2023 à Sainte Soline. Samedi 17 Juin 2023, la manifestation contre le projet de la nouvelle ligne ferroviaire de Lyon à Turin s’est soldée par une trentaine de manifestants blessés, dont six hospitalisations. Cette généralisation de la violence policière suscite des prises de conscience dans des milieux sociaux ou géographiques jusqu’alors épargnés par la violence d’état. Il ne tient qu’à nous de transformer cette prise de conscience en gestes de solidarités concrètes, partout où nous sommes dans les luttes écologistes et sociales, y compris dans les géographies plus éloignées des quartiers populaires. Chaque fois que nous dénonçons la répression contre nos mouvements, n’oublions jamais que l’état policier s’applique avant tout contre les territoires colonisés et contre les quartiers populaires. N’oublions jamais qu’il est simplement la normalité pour des millions de français non blancs et/ou qui n’ont pas les bons papiers. Mardi 27 Juin 2023, à Nanterre, en Île de France et dans quelques autres villes, des révoltes salutaires ont éclaté et elles ont été à nouveau largement réprimées. Mercredi 28 Juin 2023, Gérald Darmanin annonce la mise à disposition de deux mille policiers dans toute la France, tandis que le gouvernement cherche par tous les moyens à appeler au calme et à faire que la mort de Nahel soit une affaire isolée. La colère gronde partout. La mère de Nahel invite à une marche blanche de la révolte, Jeudi 29 Juin 2023 à 14 heures à Nanterre et de multiples rassemblements et gestes de solidarité s’annoncent dans la soirée du Jeudi 29 Juin 2023 et dans les jours à venir. Face à cet état policier en roue libre qui emmène notre pays vers un régime autoritaire, la généralisation des soulèvements est plus que jamais vitale et la dissolution de la police, assurance-vie de l’association de malfaiteurs qui détruit nos vies et nos territoires, est une mesure de bon sens. Pour Nahel, ni oubli, ni pardon, pas de justice, pas de paix ! |
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