EN SOUTENANT LE GOUVERNEMENT D’EXTREME-DROITE DE NETANYAHOU, MACRON ACCENTUE LA CRISE DE SON PROPRE REGIME


Avec pendant un mois sa politique de soutien inconditionnel au gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou – bien qu’ erratique et évoluant ces derniers jours – qui ouvre pour ce dernier à Gaza un nouveau chapitre actuel des crimes contre l’humanité, Macron vient d’ouvrir pour sa part un nouveau chapitre politique en France, même si ses dernières prises de position en faveur d’un cessez-le-feu, tentent de corriger un mois d’alignement.
En ayant légitimé l’extrême-droite israélienne et ses massacres, il a franchi un seuil qualitatif dans la légitimation de l’extrême-droite française, permettant à Yael Braun-Pivet la présidente de l’Assemblée nationale, suivie par Larcher le président LR du Sénat et les députés sionistes français d’inviter le RN et Reconquête à la marche prétendument contre l’antisémitisme du 12 novembre.
Ce faisant le régime Macron enfonce un peu plus son régime dans la crise.
Cette marche a déjà eu des effets délétères et va en avoir d’autres, pas seulement parce qu’elle a été un bide par la faible participation mais surtout parce qu’elle a marqué un ratage politique fragilisant un peu plus Macron et son régime.
Il y avait 2,5 millions de participants à la marche centre le crime antisémite visant Charlie. Il y en avait 100 000 à Paris selon les organisateurs de la marche, en réalité beaucoup moins. Imaginons la claque pour tous les partis de l’ordre s’il avait été annoncé 50 ou 60 000 participants ! Quelle démonstration de leur faiblesse ! Quel encouragement à toutes les résistances…
Heureusement pour eux, la presse des milliardaires veille. M ais malgré les manœuvres pour faire vite oublier ce fiasco, le plus important était que le peuple n’était pas là. Ce dernier a bien compris du fait de la présence dans le cortège des héritiers fascistes des SS que le but recherché n’était pas de lutter contre l’antisémitisme.
Le but était de tenter de mieux structurer en France en une seule force unie, l’arc républicain, qui va du RN jusqu’à LREM en passant par LR et les anciens dirigeants du PS et qui a trouvé honteusement, pour cette marche, le soutien des dirigeants du PS, du PCF et d’EELV. Un soutien dont il faut souligner qu’il s’est fait contre leurs propres bases qui, elles, tout comme la majorité des organisations syndicales et le peuple lui-même ont largement désavoué ce geste d’avilissement et boycotté la participation à la marche.
La fragilité du gouvernement Macron par son manque de majorité au Parlement est un gros problème pour la bourgeoisie. Il lui faut le régler rapidement et avant 2027, parce qu’elle a besoin contre ses concurrents internationaux, de mener de nouvelles attaques d’ampleur contre le monde du travail et la démocratie avant cette date trop lointaine. La crise du régime est là. L’épisode des retraites l’a montré. Le gouvernement a faillit tomber à neuf voix près. Dans l’état de division des partis de la bourgeoisie et sans leadership fort, il peut très bien chuter face à une résistance populaire encore plus farouche la prochaine fois .
L’adhésion déclinante des peuples aux politiques du capital est un facteur croissant de crise des directions politiques de la bourgeoisie.
C’est pourquoi le manque d’adhésion populaire à la manifestation contre l’antisémitisme – et donc à l’intégration de l’extrême droite – préparant un gouvernement droite /extrême-droite comme dans d’autres pays, a été aussi un énorme bide politique qui va avoir des conséquences, Macron en sortant encore plus fragilisé.
En effet, du fait de ses multiples hésitations et virements de bord sur Gaza mais globalement son soutien au gouvernement Netanyahou, l’initiative de la marche et de l’invitation de l’extrême-droite s’est prise dans son dos par la LREM Yael Braun-Pivet associée au LR Larcher.
Macron perd non seulement de l’autorité dans se propre parti au point où E. Borne a refusé d’assumer une nouvelle fois l’impopularité des 49.3 en refusant d’aller le défendre au Parlement, mais il perd aussi de son rôle de clef de voûte du système, de Bonaparte au dessus de tous, qui décide seul de tout, alors qu’on vient de voir avec la fronde de la présidente de l’Assemblée et des députés sionistes français que ce sont eux qui décident et que lui n’a plus que le choix de refuser d’aller à la manifestation où tous ses ministres sont présents et où il se fait siffler par les manifestants du fait de son absence
Avec l’affaiblissement du « chef » Macron et avant d’en trouver un autre, c’est la confusion et la division qui se sont amplifiées.
Quand la présidente de l’Assemblée à demandé aux députés de se lever pour rendre hommage à la marche une fois celle-ci faite, ce ne sont que dix députés LREM sur l’ensemble qui se sont levés… et Fabien Roussel. La crise au sommet s’exacerbant, elle aura comme toujours dans ces cas-là, des répercussions et des réponses en bas, que cela soit en réponse à la multiplication des 49.3 ou toute autre chose, contribuant à politiser les luttes économiques, comme les 49.3 ont politisé la lutte pour les retraites, élargissant la compréhension que pour avoir satisfaction, il faut faire tomber Macron.
C’est une situation semblable à partir du printemps 1967, où De Gaulle affaibli par l’absence de majorité solide à l’Assemblée s’est mis à gouverner par décrets par dessus l’Assemblée qui avait provoqué la politisation des mobilisations étudiantes autour de la sélection à l’université dans le contexte plus général de la mobilisation de la jeunesse contre la guerre du Vietnam.
Le mouvement anti-impérialiste qui se lève aujourd’hui contre le massacre des palestiniens et le soutien zigzagant de Macron a Netanyahou vont certainement aider à cette conquête de l’indépendance politique par le prolétariat, nécessaire aujourd’hui pour aller au delà de ce qui s’est fait pendant le mouvement des retraites, en trouvant les militants pour l’auto-organisation et une direction indépendante plus radicale visant à lier la lutte économique à l’exigence de la chute de Macron.
Cela peut commencer par la politisation de la jeunesse comme cela semble se faire dans les universités américaines aujourd’hui et comme cela l’avait été dans les mobilisations contre la guerre du Vietnam dans les années 1960-1970 qui avaient fécondé la politisation de la jeunesse étudiante dans le monde avant celle de toute la classe ouvrière dans le cadre de montée des luttes économiques dans les années 1968.
Les luttes économiques sont là, la politisation par le mouvement anti-impérialiste aussi. L’émergence d’un courant ouvrier révolutionnaire est inscrite dans la compréhension commune de cette période et des taches qui en découlent autour de la convergence de ces deux mouvements.
Jacques Chastaing. 19 novembre 2023

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